Cette bourde du ministre Ndiaye n’est en vérité, que le reflet exact de la nature de ce nouveau gouvernement. Je pense que je n’avais pas tort, quand je disais dans l’intitulé d’un de mes articles: « Un gouvernement de travail doit être fondé sur la compétence, l’éthique et le patriotisme, tout au moins ! »
En effet, quelle catastrophe pour un gouvernement qui entend travailler efficacement en vue d’un résultat satisfaisant que d’avoir comme membres, des personnes qui, en guise de mérite, ne peuvent se targuer que du fait de faire partie de ce club restreint, ce cénacle privilégié issu de la proximité immédiate du président de la République : ce cercle privé qui influe sur nos affaires publiques, au détriment du peuple. Comme compétences, diplômes, valeurs intrinsèques et background pour devenir réellement membre d’un gouvernement sérieux, leurs critères discriminatoires est à la fois hautement réducteur, absolument insuffisant et insultant pour les exclus de la cour.
N’est-il pas criminel d’exclure tout un pan de la population sénégalaise qui, de fait, peut avoir le talent, les bagages et les dispositions requises pour occuper les postes si enviés et si arbitrairement et injustement attribués ; sabordant la légitimité de la hiérarchie méritocratique au profit des «favoris de la cour», courtisans et autres amis de clocher. Ces postes se positionnent donc comme des faveurs, des cadeaux que le Président distribue comme des présents de Noel à qui bon lui semble, récompensant x ou y.
Récompenser, oui mais sur la base de quoi ? Qu’on nous l’explique car nous ne comprenons pas. Ou si. Nous ne comprenons que trop bien.
Comme dirait l’autre. Et parce qu’il s’agit de l’État : «l’affaire est grave».
Dans ce gouvernement, nous avons volontairement noté et pris un cas particulier et frappant, comme exemple. Il s’agit de l’actuel ministre de la culture et de la communication, en l’occurrence monsieur Mbagnick Ndiaye. Il est évident pour beaucoup de nos concitoyens, que celui-ci n’est pas du tout à sa place. En fait, ni sa formation ni son
tempérament, ne militent en sa faveur pour occuper un poste ministériel, à plus forte raison, un si important fauteuil : réunissant de fait, deux ministères en un seul. Le titre qui lui est échu tout cuit exige de son titulaire une maîtrise parfaite et incontestable des questions spécifiques, relatives à ces deux secteurs. Un tel ministre devrait disposer d’un talent avéré de communicateur, être un grand débatteur, bénéficier d’une vaste culture générale, etc., rien de tout cela ne réside malheureusement en monsieur Mbagnick Ndiaye. Car il fut déjà ministre de sport auparavant.
Par conséquent, si Monsieur Ndiaye n’a pas réussi au département sport -son domaine professionnel et l’échelon le plus bas dans un gouvernement, soit dit en passant- il est sûr et certain qu’il a peu de chance de réussir sur cette terre à lui inconnue que sont les départements désormais cumulés de la culture et de la communication. Un Département beaucoup plus complexe, difficile à gérer et qui exige de son titulaire, une expertise et des compétences non pas simulées mais avérées. Mais, en nommant Monsieur Ndiaye, le président Sall a-t-il vraiment ignoré tout cela? Ce, alors que beaucoup de Sénégalais savaient déjà ? Est ce que ce sont des qualités inconnues de nous autres qui ont prévalu ? Ou est ce uniquement, parce que c’est le protégé de Madame Sall comme il l’a déclaré ? « ku ñuy jiñ dëm waaro di señoo yaaxi liir ».
Voilà pourquoi, bon nombre de Sénégalais qui le connaissent même à peine, ne sont pas du tout surpris de sa sortie. Tout ceci correspond tout à fait à la véritable personnalité de l’homme, rien de plus, ni de moins.
Ceci est la parfaite preuve que dans notre régime présidentiel, c’est bien le président de la République qui est l’Alfa et l’Oméga, lui qui est le Grand Manitou. Par conséquent, c’est lui et personne d’autre, qui, par son pouvoir régalien, nomme à tous les emplois et postes de la République. Il est indéniable que cet état de fait, constitue un danger réel et permanent qui hante jusqu’au jour d’aujourd’hui notre cher pays. Et qui au demeurant, l’empêche de sortir de cette ornière archaïque et préjudiciable du présidentialisme plus ou moins éclairé. Le présidentialisme étant cette dérive qui fait pratiquement et institutionnellement du Président de la République, un monarque de fait, décidant de tout dans la République. Louis XIV fit cette déclaration célèbre et grandiloquente : « L’état c’est moi» pour justifier le fait que tout devait émaner de lui. Tant qu’un tel régime demeurera chez nous, les cas comme celui de Mbagnick Ndiaye ne manqueront pas de fleurir et faire rire jaune ou pleurer tant cela est alarmant pour l’avancée de la bonne gouvernance dans nos contrées.
Comme qui dirait : « je nomme qui je veux» !
Alors vivement la refondation de nos institutions, et l’urgente mise en œuvre des conclusions de la CNRI, sanctionnées par un référendum, il est ici, utile de le rappeler. Nous avons les études, nous avons les outils, il ne nous manque que le souffle : la volonté effective de mettre la machine en marche. Toute mise en place de réforme nécessite du courage et la témérité nécessaire pour sortir hors de sa zone de confort initiale. Mais quel soulagement par après d’avoir participé à l’avancée effective de son pays, d’avoir assaini un tant soit peu les choses ! Quel magnifique héritage laissera l’homme qui osera, qui, s’attelant à cette mission, privilégiera la vision aux petits
arrangements entre amis. Les amis c’est bien, le peuple c’est bien aussi. Etre un homme politique, c’est savoir faire le distinguo, à savoir délimiter la part des uns : les amis, de la part de l’autre : le Peuple.
Mandiaye Gaye