Mimi Touré débusque Tanor Dieng en attendant
Aminata Touré s’en prend à Tanor Dieng dans la perspective d’acculer les alliés devenus trop encombrants dans l’attelage gouvernemental. Tant que Macky Sall se bardera des boucliers démodés mais tapageurs de Benno Bokk Yaakar, elle aura du mal à s’imposer et à convaincre de sa posture de lieutenant, tireuse d’élite. Elle compte s’imposer dorénavant vigile et appui incontestable du chef de l’État et de son régime pour s’improviser figure politique incontournable. Il y va de sa survie, elle doit réussir à promouvoir la maturité de l’Alliance Pour la République(APR) pour ensuite y retrouver une place de choix, faute de challangeur potentiel.
Sa sortie ciblée contre Tanor Dieng traduit une objection contre tous les hiérarques de Benno Bokk Yaakar, languissants et complaisants pour leurs privilèges de rentiers depuis la défaite d’Abdoulaye Wade, faire-valoir et ennemi redoutable. Mimi n’en veut pas seulement à Tanor, elle le pointe du doigt et le percute parce qu’il s’est brutalement emmêlé, acculé par ses suppléants, dans la posture de messager engourdi de contradictions. Ce qu’elle lui reproche s’étend à tout l’establishment politique. Benno Bokk Yakkar étouffe l’offre politique alternative en écrouant les nouvelles générations dans les limites étroites du besoin de sécurité.
Aminata Touré peine encore à s’affirmer en gradée du parti au pouvoir parce qu’elle ne parvient toujours pas à convaincre de son apport nécessaire et significatif à la bonne image du maitre des lieux et de sa politique gouvernementale. D’ailleurs, la tendance clanique qui prend forme autour du chef de l’État la laisse en rade, rattrapée par ses initiatives ministérielles antérieures. Il s’agit du camp pro-Benno ancré dans la continuité, d’un côté, et de la fraction pro-libérale débordante d’afflictions et de nostalgie, de l’autre. La consécration de l’un ou de l’autre lobby en vue des élections de 2017 ne peut qu’affaiblir davantage le possible recours à ses services d’assistance et de soutien.
L’ex directrice de campagne de Macky Sall joue son va-tout, à présent, dans la promotion d’un développement libre de l’APR. Son salut politique dans l’attelage du parti au pouvoir dépend de sa capacité à priser son expertise et sa force de frappe dans le débat public. Piégée par son bilan technocratique de ministre et de premier ministre, elle s’est isolée elle-même, sans montage ni jonction triomphante. Elle s’est froidement attelée à la conduite des charges publiques, engoncée dans une logique de spécialiste sans ménager les susceptibilités qui font et défont les carrières politiques au Sénégal. Pourtant, les affabulations sur d’improbables combines trotskistes dont elle est accusée se désagrègent au crible des efforts déployés en sa qualité récente d’autorité.
Ministre de la justice, elle a engagé la bataille risquée de la traque des biens mal acquis. Premier ministre, elle s’est mise à dos la belle famille du président au nom des principes rigides de fonctionnement des instances républicaines. Dès lors, l’image diabolisant de lâche conspiratrice qui lui est prêtée ne tient à rien. Voilà un inventaire abstrait qui ne résiste pas à la force de son engagement volontariste contre le mastodonte, Khalifa Sall, lors des dernières élections municipales.
Dans la charge énergique de Mimi Touré, il y a une contribution à l’impérieux combat contre la confiscation déraisonnable de l’espace public. Dans la représentation figée du champ politique en termes futiles de pro-tel, pro-ceci ou anti-cela, il y a les signes patents d’une urgence au renouveau. Dans la confusion des rôles d’opposant, de gouvernant et de société civile, il y a un indicateur alarmant du niveau de falsification et d’abus dans le discours politiques sénégalais.
Birame Waltako Ndiaye
waltacko@gmail.com
- Procureur D’impairs Et De Sensations - 27 octobre 2017
- Le Déficit Chronique De Financement Du Football Sénégalais - 28 juin 2016
- Karim Wade Est Coupable, Refusons D’en Faire Un Ennemi - 24 juin 2016