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Sénégal: L’insoluble Problématique De L’emploi Des Jeunes

 Un travailleur qui ne peut pas trouver d’emploi est un personnage infiniment plus tragique que n’importe quel Hamlet ou Œdipe. » John Morley

La population du SENEGAL est à 81% jeune, c’est du moins vers cette large proportion que convergent jusqu’à ce jour toutes les statistiques. Force est cependant de constater que la jeunesse sénégalaise continue curieusement d’être exclue des grandes préoccupations des responsables politiques du pays.

La problématique de l’emploi demeure ainsi insoluble et mine quotidiennement cette jeunesse sénégalaise, bloque son épanouissement et compromet très gravement son avenir. La plupart des familles sénégalaises connaissaient déjà la précarité depuis 1984 avec la mise en place d’une politique d’ajustement structurel, cette précarité a entraîné une pauvreté presque généralisée. La crainte de la pauvreté pour soi-même se situe aujourd’hui à 71% au sein de la population, alors que pour leurs enfants, cette crainte devient encore plus forte chez les sénégalais, se situant à 85%.

Les ouvriers, les employés et les inactifs sont les plus inquiets : plus de 75% d’entre eux pensent que leurs enfants ont beaucoup plus de risques qu’eux-mêmes de connaître des jours encore plus difficiles.

Les jeunes sont aujourd’hui désorientés et désillusionnés, la crise économique est toujours présente et continue de renforcer les inquiétudes.

Le Bureau International du Travail (BIT) définit une personne au chômage à partir de trois critères fondamentaux: (1) C’est une personne sans travail, (2) elle est disponible pour travailler et(3) elle recherche effectivement du travail (BIT, 1982). Ainsi, au SENEGAL, les principales causes du chômage des jeunes sont attribuées à plusieurs facteurs dont la demande globale, l’instabilité et la complexité du marché du travail, l’inadéquation entre les formations initiales et les besoins du marché de l’emploi, le volume de la main-d’œuvre jeune et l’employabilité des jeunes. La situation que vivent les jeunes reste avant tout un problème structurel, tant sur le plan du système de production et du marché du travail qu’au niveau du système scolaire et universitaire. Pour y remédier véritablement et efficacement, il est impérieux de mettre en place une véritable politique de développement caractérisée par une croissance économique soutenue et durable combinée aux programmes d’emploi.

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Diverses initiatives ont souvent été mises en œuvre pour combattre le chômage des jeunes. Pour régler par exemple le chômage des jeunes en France, le gouvernement a utilisé la réduction du temps de travail: si un individu travaille moins longtemps qu’avant, alors il “libère” des heures de travail (le passage en France aux 35 heures au lieu de 39 s’est ainsi traduit par une diminution de près de 10 % de l’offre sur le marché du travail national).

Une telle initiative, si elle était mise en œuvre au SENEGAL, pourrait permettre d’insérer un autre salarié dans le système, sans pour autant mettre en péril les salaires. La réduction du temps de travail, en réduisant le volume horaire par travailleur entraîne donc une diminution de l’offre globale de travail. Cependant, il faut noter qu’au SENEGAL, une attention toute particulière devra être accordée au temps de travail qui doit être convenablement réduit et avec pour objectif de créer une possibilité d’embauche pour d’autres personnes en chômage, tout en garantissant la productivité dans les différents secteurs d’activité.

L’autre solution serait aussi d’améliorer l’employabilité des jeunes en primant l’excellence par une embauche directe des meilleurs étudiants des diverses promotions sortantes des universités et grandes écoles du privé comme du public. Il s’agira de renforcer, par un bref stage de perfectionnement adapté, leurs capacités et leurs aptitudes à travers l’acquisition de compétences techniques et professionnelles nouvelles en matière d’administration et de gestion. En réalité, il ne suffit pas aujourd’hui d’obtenir un diplôme pour se trouver un emploi. Le gage de toute réussite des jeunes sur le marché de l’emploi passe désormais par un développement continu de leurs compétences pour une adaptation aux exigences du marché. L’instruction demeure essentielle mais c’est surtout à travers les outils de formation professionnelle les plus pertinents que sont l’apprentissage et le stage, que l’État peut réellement créer des opportunités et donner des chances à la majorité de ses citoyens sur le marché de l’emploi.

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La problématique de l’emploi des jeunes est en fait une véritable bombe à retardement qu’il est absolument important aujourd’hui de désamorcer par tous les moyens. Contrairement à ce que certains pensent, la lutte contre le chômage des jeunes n’est pas un frein à la recherche d’une solution durable à la crise actuelle : Au contraire, elle reste en réalité une solution efficace contre l’oisiveté et la délinquance car mettre les jeunes au travail, c’est surtout les responsabiliser, les stabiliser et leur éviter de céder aux appels à la violence.

 

Patrice SANE

Militant APR, Membre CCR et CICR

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