Mamadou Diop Decroix sur le plateau de Senegaal ca kanam : « si nous sommes honnêtes, nous devons admettre que nous politiciens avons détruit ce pays ». Depuis 55 ans que notre pays est dirigé par des politiques, ni le développement ni l’émergence ne sont au rendez-vous. Aucun de nos problèmes de vie n’a été solutionné à satisfaction. Aucun, nulle part. Eux, pourtant, ont bien assuré leurs arrières et ont des patrimoines difficiles à légitimer puisque n’ayant travaillé que pour le public ou chômeurs de longue durée lorsqu’ils quittent le pouvoir. A l’évidence, ils se sont plus servis qu’ils n’ont servi. Hors des villes, c’est encore l’Antiquité ou le Moyen-Âge. Dakar et le désert. Le pays n’a pas été travaillé, les potentiels n’ont pas été exploités, les consciences n’ont pas été réveillées et les énergies n’ont pas été libérées. Promesses et enfumage ont bien fonctionné. Qui ne construit pas détruit, cupidement. Comme un fou.
L’une des pires destructions est celle des valeurs-socle. Celles-là qui sont garantes d’humanité et de civilités primaires. Leur destruction passe par la vulgarité dans les attitudes et comportements, mais aussi et surtout dans le langage. Infantilisme politique. Si la folie des leaders va jusqu’à ruiner les attitudes, les comportements et le langage, elle n’est plus loin de générer des conséquences destructrices incalculables.
Nos leaders politiques s’accusent aujourd’hui publiquement de « vieux menteur », « imbéciles et salopards », « prostituée politique », « fils d’adultère », « descendant d’esclaves et d’anthropophages ». Il n’y a aucun hasard : c’est la logique interne de gens manifestant leurs limites intrinsèques.
Violence verbale et folie langagière qui n’ont de pendant que leur incapacité constatée à développer notre pays. Alors que l’âge est synonyme de sagesse dans notre système de valeurs, les sexagénaires, septuagénaires, nonagénaires qui s’y adonnent ont, malheureusement, une triste fin constatée.
Bien servir sa personne, sa famille, son parti et son clan au lieu de le faire pour le plus grand nombre engendre une telle ignominie. Le pouvoir, c’est pour inscrire glorieusement son nom dans l’histoire par l’exemplarité, les valeurs cardinales, le savoir et le travail. A défaut, on s’expose à une fin honteuse, ce qui est, historiquement, le sort de tous ceux qui auront été au pouvoir, se servant plus que ne servant. Une fin malheureuse car la postérité ne retiendra que leur petitesse et tout ce qu’ils ont amassé ne leur sera d’aucune utilité devant l’impitoyable Tribunal de l’Histoire.
Cheikh Ahmadou Bamba, dans Matlabou Chifa’i, demande au Seigneur « une fin heureuse dans ce monde et, demain, au Jour Dernier ».
Mamadou Sy Tounkara