Karim Wade me l’avait dit en 2010. Cinq ans plus tard, l’ambassadeur de France au Sénégal l’a fait : les magistrats de la Crei ont reçu l’ordre de condamner le fils du président Wade à une peine privative de liberté. Jean Félix Paganon leur a fait, de manière détournée, cette injonction au nom de la France qui entend ainsi faire payer à Abdoulaye Wade, à travers son fils, d’avoir cherché, durant son dernier mandat, à sortir le Sénégal de son état de chasse gardée de la douce Marianne.
Karim me l’avait dit à Téhéran, plus précisément à l’hôtel de l’indépendance Istiklal, en présence de son chargé de la communication, Cheikh Diallo, et du ministre des Affaires étrangères d’alors, Me Madické Niang, qui dirigeait la délégation sénégalaise à une réunion de la commission mixte sénégalo-iranienne et la déclaration faite, dimanche, par l’ambassadeur Jean Félix Paganon, en violation de toutes les règles qui régissent les relations entre des pays indépendants et libres, prouve que la France peut avoir la rancune tenace : le fils d’Abdoulaye Wade doit payer, trois ans après la perte du pouvoir par le Pds, pour n’avoir rien fait en vue d’empêcher son père de président de déloger le Français Bolloré du juteux terminal à conteneurs du Port de Dakar au profit de Dubaï Port World et d’autoriser l’érection d’une deuxième cimenterie qui allait casser le monopole jusque là détenu par des Français à travers la Sococim. Et les magistrats de la Crei savent ce qu’ils doivent faire s’ils veulent, un jour, se voir récompenser par la France d’une médaille de la légion d’honneur.
Karim me l’avait dit au cours d’un diner privé à Téhéran, où je m’étais alors rendu pour assister à une conférence internationale : Jamais, il n’avait autant subi de pressions de la part d’autorités étrangères qu’à l’occasion de la gestion de ces deux dossiers. Mais il a eu le culot, lui le «nègre» métissé, de tenir bon. Pire, il aura l’outrecuidance d’avancer des arguments imparables pour justifier la position du gouvernement sénégalais sur ces deux dossiers qui tenaient tellement à cœur à «nos ancêtres les Gaulois» qu’ils en avaient fait une affaire d’Etat.
Karim m’avait dit, à propos de la création d’une deuxième cimenterie du Sénégal, qu’elle avait suscité l’hostilité des Français et même d’une partie de la communauté européenne à son égard, parce qu’ils estimaient cette initiative impertinente. Et face à leurs fortes pressions, il leur avait fait savoir que l’Etat du Sénégal n’avait pas investi un sou dans cette cimenterie. Avant de leur rappeler que cet investissement était le fait d’entreprises privées et que celles-ci avaient bénéficié, au préalable, de l’accompagnement de banques européennes après étude du marché. Que ce qui intéresse l’Etat, c’est que cela crée de la plus-value, par la création d’emplois et l’augmentation des recettes fiscales.
Karim m’avait également conté les pressions subies et les misères à lui faites avant et après l’octroi à Dubaï Port World du terminal à conteneurs du Port autonome de Dakar jusqu’ici la chasse gardée du Français Bolloré. Il aura beau expliquer à ses détracteurs qu’il s’agissait d’un appel d’offres transparent et que M. Bolloré qui était le candidat des Français et de certains Européens, était loin derrière, ce sera en pure perte. Pire, cela leur restera en travers de la gorge. Paris ne l’a jamais pardonné au président Wade et, par ricochet, à son rejeton, ainsi que le laisse voir la sortie scandaleuse de son ambassadeur à Dakar.
Karim ne me l’a dit parce qu’il ne pouvait pas le savoir : cinq ans après ses confessions faites à Téhéran où il était parti diversifier la coopération du Sénégal avec l’étranger sur les instructions du président de la République d’alors, son pays est devenu plus qu’une chasse gardée de la France. Au point que les autorités françaises s’octroient maintenant le droit d’indiquer à ses juges du siège qui doit être condamné ou bénéficié d’un non lieu. N’est-ce pas son ambassadeur Jean Félix Paganon qui a rendu un verdict implacable : «C’est un non-lieu qui serait étonnant pour Karim» ? En donnant ainsi par anticipation un verdict attendu le 23 mars prochain, il emprunte les pas de ses prédécesseurs, Roisin, Parant ou encore Ruffin, qui se sont succédés depuis la première alternance en 2000, et qui ont tous montré leur hostilité à Abdoulaye Wade, considéré comme un nationaliste qui s’est battu pour que le Sénégal ne soit plus la chasse gardée de la France, en mettant notamment en avant les intérêts de son pays et en diversifiant ses partenaires suivant les lois du marché dictées par l’offre et la demande.
Karim ne m’avait pas dit expressément tout cela. N’empêche qu’en tant qu’observateur, j’avais des réserves par rapport à ses confessions, en me demandant si ce n’était pas là que propos de politicien. Même si je me disais, en mon for intérieur, que si ses propos étaient avérés, cela voudrait dire que nous avons une nouvelle génération moins complexée devant cette race blanche qui se croit supérieure aux autres. Et la sortie de l’ambassadeur Paganon m’a fait comprendre que le principal écueil à une coopération plus juste entre l’Afrique et l’Europe renvoie à l’éternel problème de la décolonisation à solutionner avant de penser au développement. Sinon la France va continuer de donner par la main droite ce qu’elle récupèrera par la main gauche. Et ce sont ses intérêts économiques qui continueront de déterminer les lois du marché. Si ce n’est pas le port avec Bolloré, Necontrans et d’autres structures, la cimenterie qu’on veut dominer avec la Sococim, l’énergie avec Total, la route avec Eiffage, avec l’armée, la monnaie et la langue, tout est français. Et nous revenons toujours à l’ancien adage selon lequel nos ancêtres sont des Gaulois, si nous n’allons pas jusqu’à théoriser avec Léopold Sédar Senghor, que l’homme de Grimaldi était un négroïde.
Mais Karim n’ayant pas des dons de divination, ne s’attendait sans doute pas à ce que la France fasse, partout sur ce continent, face à une rude concurrence, la plupart de ses anciennes colonies s’ouvrant de plus en plus à des puissances économiques concurrentes telles que l’Amérique, la Chine, l’Inde et le Brésil. Et le monde arabe n’est pas en reste. Mieux, son père de président commence à faire des émules dans son pays, en la personne notamment du maire de Dakar, le très socialiste Khalifa Sall, qui a bénéficié du soutien de l’Usaid et de la Fondation Bill et Melinda Gates pour lancer son emprunt obligataire.
Il est clair aujourd’hui que le procès de Karim Wade et Cie devant la Crei est politique. C’est celui intenté contre l’ancien président de la République, à travers son fils, par la France en s’appuyant sur Macky Sall qu’elle avait honoré de la légion d’honneur dès les premières prémices de sa séparation avec Wade pour l’accompagner vers le sommet. Celui-ci le lui a bien rendu, en revenant sur les accords et contrats contraires aux intérêts de la France. Pour boucler la boucle, la France lui demande un agneau du sacrifice, en la personne du fils de Wade et de certains de ses compagnons. Et pour ne laisser de place à aucune surprise au rendu du verdict de la Crei le 23 mars, Paris a, d’ores et déjà, dicté sa loi par le voix autorisée de Son Excellence Paganon : Pas de non-lieu, ni de relaxe au bénéfice du doute, encore moins de condamnation avec sursis pour Karim. Wade fils sera inexorablement condamné à une peine ferme. La plus lourde possible ?
Karim me l’avait dit au cours d’un diner privé à Téhéran, où je m’étais alors rendu pour assister à une conférence internationale : Jamais, il n’avait autant subi de pressions de la part d’autorités étrangères qu’à l’occasion de la gestion de ces deux dossiers. Mais il a eu le culot, lui le «nègre» métissé, de tenir bon. Pire, il aura l’outrecuidance d’avancer des arguments imparables pour justifier la position du gouvernement sénégalais sur ces deux dossiers qui tenaient tellement à cœur à «nos ancêtres les Gaulois» qu’ils en avaient fait une affaire d’Etat.
Karim m’avait dit, à propos de la création d’une deuxième cimenterie du Sénégal, qu’elle avait suscité l’hostilité des Français et même d’une partie de la communauté européenne à son égard, parce qu’ils estimaient cette initiative impertinente. Et face à leurs fortes pressions, il leur avait fait savoir que l’Etat du Sénégal n’avait pas investi un sou dans cette cimenterie. Avant de leur rappeler que cet investissement était le fait d’entreprises privées et que celles-ci avaient bénéficié, au préalable, de l’accompagnement de banques européennes après étude du marché. Que ce qui intéresse l’Etat, c’est que cela crée de la plus-value, par la création d’emplois et l’augmentation des recettes fiscales.
Karim m’avait également conté les pressions subies et les misères à lui faites avant et après l’octroi à Dubaï Port World du terminal à conteneurs du Port autonome de Dakar jusqu’ici la chasse gardée du Français Bolloré. Il aura beau expliquer à ses détracteurs qu’il s’agissait d’un appel d’offres transparent et que M. Bolloré qui était le candidat des Français et de certains Européens, était loin derrière, ce sera en pure perte. Pire, cela leur restera en travers de la gorge. Paris ne l’a jamais pardonné au président Wade et, par ricochet, à son rejeton, ainsi que le laisse voir la sortie scandaleuse de son ambassadeur à Dakar.
Karim ne me l’a dit parce qu’il ne pouvait pas le savoir : cinq ans après ses confessions faites à Téhéran où il était parti diversifier la coopération du Sénégal avec l’étranger sur les instructions du président de la République d’alors, son pays est devenu plus qu’une chasse gardée de la France. Au point que les autorités françaises s’octroient maintenant le droit d’indiquer à ses juges du siège qui doit être condamné ou bénéficié d’un non lieu. N’est-ce pas son ambassadeur Jean Félix Paganon qui a rendu un verdict implacable : «C’est un non-lieu qui serait étonnant pour Karim» ? En donnant ainsi par anticipation un verdict attendu le 23 mars prochain, il emprunte les pas de ses prédécesseurs, Roisin, Parant ou encore Ruffin, qui se sont succédé depuis la première alternance en 2000, et qui ont tous montré leur hostilité à Abdoulaye Wade, considéré comme un nationaliste qui s’est battu pour que le Sénégal ne soit plus la chasse gardée de la France, en mettant notamment en avant les intérêts de son pays et en diversifiant ses partenaires suivant les lois du marché dictées par l’offre et la demande.
Karim ne m’avait pas dit expressément tout cela. N’empêche qu’en tant qu’observateur, j’avais des réserves par rapport à ses confessions, en me demandant si ce n’était pas là que propos de politicien. Même si je me disais, en mon for intérieur, que si ses propos étaient avérés, cela voudrait dire que nous avons une nouvelle génération moins complexée devant cette race blanche qui se croit supérieure aux autres. Et la sortie de l’ambassadeur Paganon m’a fait comprendre que le principal écueil à une coopération plus juste entre l’Afrique et l’Europe renvoie à l’éternel problème de la décolonisation à solutionner avant de penser au développement. Sinon la France va continuer de donner par la main droite ce qu’elle récupèrera par la main gauche. Et ce sont ses intérêts économiques qui continueront de déterminer les lois du marché. Si ce n’est pas le port avec Bolloré, Necontrans et d’autres structures, la cimenterie qu’on veut dominer avec la Sococim, l’énergie avec Total, la route avec Eiffage, avec l’armée, la monnaie et la langue, tout est français. Et nous revenons toujours à l’ancien adage selon lequel nos ancêtres sont des Gaulois, si nous n’allons pas jusqu’à théoriser avec Léopold Sédar Senghor, que l’homme de Grimaldi était un négroïde.
Mais Karim n’ayant pas des dons de divination, ne s’attendait sans doute pas à ce que la France fasse, partout sur ce continent, face à une rude concurrence, la plupart de ses anciennes colonies s’ouvrant de plus en plus à des puissances économiques concurrentes telles que l’Amérique, la Chine, l’Inde et le Brésil. Et le monde arabe n’est pas en reste. Mieux, son père de président commence à faire des émules dans son pays, en la personne notamment du maire de Dakar, le très socialiste Khalifa Sall, qui a bénéficié du soutien de l’Usaid et de la Fondation Bill et Melinda Gates pour lancer son emprunt obligataire.
Il est clair aujourd’hui que le procès de Karim Wade et Cie devant la Crei est politique. C’est celui intenté contre l’ancien président de la République, à travers son fils, par la France en s’appuyant sur Macky Sall qu’elle avait honoré de la légion d’honneur dès les premières prémices de sa séparation avec Wade pour l’accompagner vers le sommet. Celui-ci le lui a bien rendu, en revenant sur les accords et contrats contraires aux intérêts de la France. Pour boucler la boucle, la France lui demande un agneau du sacrifice, en la personne du fils de Wade et de certains de ses compagnons. Et pour ne laisser de place à aucune surprise au rendu du verdict de la Crei le 23 mars, Paris a, d’ores et déjà, dicté sa loi par la voix autorisée de Son Excellence Paganon : Pas de non-lieu, ni de relaxe au bénéfice du doute, encore moins de condamnation avec sursis pour Karim. Wade fils sera inexorablement condamné à une peine ferme. La plus lourde possible ?