L’heure est chaude et l’actualité bouillonne comme le chaudron. Brouter, c’est le verbe qui est de mise et est dans l’air du temps. Brouter sied à bon nombre de personnalités dans le landernau politique sénégalais. Brouter là où l’herbe pousse à foison, c’est ce qui caractérise ces femmes et hommes politiques qui ont plus que fait rêver la jeunesse sénégalaise férue de politique. Politique qui coule de source et accroche, rimant avec les affaires de la Cité.
Quand on parle de brouter, l’on se souvient du berger Panurge et de ses moutons. Quand on dit brouter, l’on fait allusion à la saison des moutons ou des brebis à la quête de pâturages plus verdoyants et plus herbeux. Transhumer, vocable tiré du jargon pastoral, est devenu sous nos cieux, un verbe que conjuguent quelques politiques sénégalais et à quel temps ? Au présent de l’indicatif bien sûr ! Transhumons et advienne que pourra, se disent-ils. Transhumer est du ressort de la plupart de ces politiques qui n’ont plus rien à se mettre sous la dent. Est-ce seulement cela ? Mon petit doigt me dit que non. On peut être riche comme Crésus et avoir une envie démesurée de vouloir changer de camp dans le but d’être sous les ors de la République.
Il se dit que richesse et pouvoir riment ensemble et parfois se complètent. En effet, et cela dépasse l’entendement ! Toutes les femmes et tous les hommes qui ont côtoyé le sommet de l’Etat rêvent de devenir le maître de céans. Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall, n’ont-ils pas rêvé de supplanter le maître ? Bien sûr que oui ! Force est de ne pas s’attarder sur ce scénario que je qualifie de scénette ordinaire de la vie politique. Ils ont tous rêvé de cela et ont réalisé ce rêve. La magistrature suprême. D’autres ont plus que rêvé avant de voir leur désir transformé en un leurre. D’un vrai miroir aux alouettes à un cauchemar.
A l’heure actuelle, au Sénégal, tout le monde rêve d’être président. Est-ce normal qu’il en soit ainsi ? Si Macky est président, pourquoi pas moi ? En effet, quelques femmes et hommes politiques enhardis par un passé politique peu glorieux, tout en se prenant pour des sauveurs de la nation, embourbée dans une situation économique et sociale on ne pleut plus claire, se posent cette question épineuse. Mission : sauver la nation avant qu’elle ne finisse dans les lames profondes de cette mer déchaînée. La crise des valeurs est passée par là. Pauvres de nous !
L’on transhume pour être plus proche du berger qui nourrit le bétail. L’on planifie pour être dans ses grâces pour les échéances à venir, c’est le jeu auquel s’adonnent certains ‘’amis’’ du berger Macky. Un pied dans le parti originel et un autre dans le parti au pouvoir. La politique équivaut à un jeu de dupes. L’exercice de l’écartèlement est devenu une vraie spécialité sénégalaise. N’est pas président qui veut. Il faut des épaules larges pour pouvoir porter ces habits taillés sur mesure. Allez demander à Macky si la charge est facile à porter ! Point d’épaules frêles parce que le combat est perdu d’avance. Le chemin est dantesque et nécessite des efforts démesurés et du dépassement.
Etre président, c’est être prêt à porter, en bandoulière, le fardeau que vous a légué le peuple, votre peuple. Etre président, c’est être prêt à recevoir des coups avant d’en donner. Etre président de la République, c’est être un chef de guerre mais pas un va-t-en-guerre sournois et belliqueux. Etre président, c’est avoir un esprit alerte fécond et pouvoir résoudre les problèmes auxquels fait face le peuple. Une fin en soi, c’est peu dire si on veut rempiler à la magistrature suprême. Un sacrifice qu’on veut laisser pour empreinte dans la mémoire collective du peuple.
Etre le chef d’un bourg, si lilliputien soit-il, nécessite quelques compétences et un certain esprit de dépassement et de cohésion. Le pouvoir de rassembler. Est-ce un baroud d’honneur ? Cela dépend de la formule qu’on utilise pour avancer. Mais l’heure est au temps de braises et à celui de la transhumance. Un ultime but : s’approcher du maître pour la prochaine distribution des cartes, lorgner le fauteuil du chef de l’Etat et vaille que vaille le faire tomber de son trône. Tel est le dessein, un tantinet funeste soit-il, que tentent de réaliser certains apprentis de la scène politique sénégalaise. Et pourvu qu’ils aient une gourde d’essence et un paquet d’allumettes dans leurs mains, ils tenteraient de mettre le feu à la baraque.
Etre président dans ce Sénégal là, c’est in fine être berger et boire le lait à la première personne et à la première heure, avant l’aube. Etre président, c’est aider son peuple à retrouver le chemin du graal ; celui du développement. Et, pourquoi pas celui de l’émergence ? Terme cher à Macky qui ne dort que d’un œil depuis qu’il a été élu. Est-ce une fin en soi que d’être président ? Question difficile à répondre si l’on se fie au gré de la météo politique. Comprenne qui voudra. Décidément, le citoyen lambda ne comprend plus comment fonctionnent ce cheptel politique, voleur de péculat, et cette espèce de République qui marche sur la tête.