Aller vers une société plus solidaire, redonner confiance aux jeunes, c’est d’abord être capable de réduire de manière significative le chômage chronique et construire un modèle de développement plus riche en emplois et porteur de plus de cohésion sociale et de stabilité. La résorption progressive du chômage des jeunes doit être pour les autorités de l’Etat, la pierre philosophale et le baromètre de leur politique de progrès. De sa réussite dépendra largement l’adhésion des Sénégalais au Plan Sénégal Emergent mis en place par Son Excellence le Président MACKY SALL.
Des chiffres alarmants…
Au Sénégal, la situation des jeunes au regard de l’emploi est plus que préoccupante, plusieurs indicateurs le confirment : leur insertion sur le marché du travail est plus que tardive, la précarité de l’emploi et des revenus est bien réelle, la montée de la pauvreté des jeunes est choquante. En effet, dans notre pays, 60 % de la population a moins de 20 ans et les jeunes en âge de travailler représentent plus de la moitié de la population active. Dans les prochaines années, l’Afrique en général, sera la zone géographique ayant la main d’œuvre la plus importante en quantité devant la Chine et l’Inde. L’un des grands défis à relever aujourd’hui au Sénégal c’est de permettre à chaque jeune d’exprimer son talent, dans un pays où près de 2 jeunes sur 3 est au chômage. L’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie sénégalaise (A.N.S.D) estime que, chaque année, plus de 100 000 nouveaux demandeurs d’emplois entre 15 et 34 ans arrivent sur le marché du travail. Le taux de chômage global, estimé à 49 % selon l’Agence pour le niveau national, grimpe à 61 % pour les moins de 30 ans.
Les naufragés du désespoir……
Le chômage des jeunes suit une croissance exponentielle, et ce depuis plusieurs années. En effet, les sénégalais diplômés ou pas rencontrent des freins qui les éloignent du marché de l’emploi, retardant ainsi leur insertion sociale et professionnelle. Ces freins sociaux tiennent en grande partie à l’inadéquation entre l’offre et la demande, mais aussi à la problématique de l’absence de qualification professionnelle, qui pose la question du fossé existant entre l’offre de formation et les exigences du monde du travail, sans oublier la faiblesse du secteur privé. Ce chômage massif et endémique, touche de plein fouet tous les sénégalais mais plus particulièrement les jeunes de la Banlieue et de l’intérieur du pays.
Les causes de ce chômage ne sont pas à chercher bien loin. Le climat socio- économique, mais aussi l’accroissement démographique, l’incapacité du marché de l’emploi à absorber les vagues successives de diplômés qui sortent chaque année du système éducatif, et l’inadéquation de la formation aux nouvelles exigences du marché de l’emploi, sont quelques raisons qui ont décuplé le taux de chômage des jeunes au Sénégal. C’est un véritable drame social qui marginalise de plus en plus de personnes et les confine dans une précarisation croissante et des processus de disqualification sociale. Cette situation de sur- chômage constitue un véritable terreau fertile à l’émergence de la délinquance et pourrait être une sérieuse entrave à la sécurité de notre pays.
Un jeune sans formation académique de base, sans réelle perspective d’avenir et sans attache sociale, peut parfois être un « véritable criminel en puissance ». Dans la mesure où il peut être récupéré par le grand banditisme ou les réseaux de l’extrémisme religieux : comme c’est le cas au Nigéria avec la secte Boko Haram qui recrutent parmi les jeunes au chômage et en perte de repères. Nous pouvons parler de crise sociale d’extrême urgence dans notre pays, qui invite les pouvoirs publics à repenser notre modèle économique et social, et à solutionner ces phénomènes de chômage massif.
55 ans d’immobilisme et d’échec des politiques d’emploi des jeunes…
Historiquement, les différents Plans d’Ajustement Structurels (P.A.S) au Sénégal, et dans plusieurs pays africains, ont eu pour conséquence une réduction significative de la part de l’État dans le jeu économique. Dans ce contexte inédit, la situation qui a prévalu aux premières années des indépendances, avec l’incorporation de toutes les forces vives dans les structures et entreprises publiques, n’est plus possible. De nos jours, c’est le secteur privé qui essaie tant bien que mal de dynamiser notre économie balbutiante, avec pour régulateur l’État, qui édicte les normes de ce jeu économique.
L’État n’est plus le principal pourvoyeur d’emploi, certes, mais il a un rôle prééminent à jouer dans la définition et la mise en œuvre de politiques de l’emploi efficientes et pertinentes. Depuis plusieurs décennies, les régimes qui se sont succédés au Sénégal, ont été élus sur la base de leurs programmes politiques en faveur de la jeunesse. Aujourd’hui force est de reconnaitre que nos gouvernants n’ont pas réussi à mettre en place une véritable politique d’emploi en prise avec la situation de précarisation socio-économique qui caractérise la jeunesse de notre pays. La non prise en compte des aspirations légitimes de cette partie de la population peut être une source d’instabilité pour notre pays ; à chaque fois que la jeunesse du Sénégal a été ignorée et maltraitée, elle a donné des sueurs froides au pouvoir en place. Au demeurant, la politique de l’Emploi a été le talon d’Achille de tous les régimes du Sénégal des indépendances à nos jours. Le pilotage à vue, le clientélisme politique, l’absence de vision et l’amateurisme ont longtemps caractérisé les politiques publiques en matière d’emploi. En effet, il faut confier le secteur de l’emploi des jeunes à des spécialistes afin qu’ils trouvent des solutions à ce problème.
Quelques solutions d’urgence pour une politique de l’emploi plus efficace…
Face à ce fléau social du chômage de nos jeunes, des mesures de correction doivent être prises :
-Création d’un véritable MINISTERE chargé de l’EMPLOI ET DE L’ENTREPRENEURIAT DES JEUNES ;
-La convocation des ETATS GENERAUX de l’emploi des jeunes élargis aux jeunes eux-mêmes, au patronat, aux partenaires sociaux, aux partenaires de développement, aux spécialistes de la question en Afrique et dans le monde, et aux autorités traditionnelles et religieuses du pays.
-La suppression rapide de l’ANPEJ qui constitue une excellente initiative, mais faute d’une politisation accrue, d’une absence de personnel d’accompagnement dont c’est le métier et d’une véritable stratégie de gestion du chômage, ne donne pas les résultats escomptés.
-Donner des instructions fermes à la Direction de l’emploi pour la mise en place d’une structure nationale, avec des démembrements au niveau régional et départemental, chargé de la mise en œuvre de la politique de l’état en matière d’emploi des jeunes. Dans le cadre de l’acte III de la décentralisation et d’une meilleure territorialisation des politiques relatives à l’emploi des jeunes, ces structures devront s’intégrer dans le réseau existant des CDEPS. C’est aussi une manière de donner de la cohérence, du sens et de la proximité aux nouvelles politiques insufflées par l’Acte III de la Décentralisation.
-Le Développement de l’entrepreneuriat des jeunes et la détection des talents au niveau local et régional via des concours dédiés à la création.
-La création d’un écosystème favorable à l’emploi à l’emploi des jeunes et intégrant l’Etat, le Patronat, les Syndicats, les Associations
-Faire entrer l’entrepreneuriat dans le système éducatif, et ce dès l’école primaire, en développant une véritable culture de l’entreprise et en assurant une connexion permanente entre l’école et le monde professionnel.
-Accompagner efficacement les candidats à l’emploi : ateliers collectifs, séances de coaching individuel ou de média training avec des professionnels de la communication et des RH.
Alboury NDIAYE
Docteur en Sociologie et Démographie
Spécialiste des politiques d’emploi des jeunes
Fondateur du Cabinet MOSAÏQUE en France
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