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Diplomatie Du Portefeuille : 1 Wissam Pour 2000 Commandos

Diplomatie Du Portefeuille : 1 Wissam Pour 2000 Commandos

«Du moment où nous avons ouvertement soutenu l’Arabie Saoudite dans son combat dans le cadre d’un front sunnite contre le chiisme, nous nous mettons à dos l’Iran qui a d’autres alliés dans la sous-région, comme la Gambie». Cette position audacieuse du chercheur Bakary Sambe, est révélatrice de l’état d’esprit de nos élus, de nos gouvernants à qui il arrive, parfois, de réfléchir non par la tête, mais par le portefeuille. Ce, au détriment des intérêts de leurs populations reléguées au second plan.

Il fallait s’y attendre.

Comment supposer que la distinction du Roi accordée à notre pays, au président Macky Sall devrait-on dire, était fortuite ? Bien au contraire, elle risque de coûter cher, très cher au Sénégal et à sa sécurité, bazardés au prix d’une piètre distinction princière que l’on a voulu présenter comme le Nobel de la paix. Une paix que l’on risque de conjuguer au passé, si le président de la République persiste à engager nos Jambaars sur un front d’où ils rentreront pour certains d’entre eux, dans un cercueil, comme en 1991, suivi d’une levée des couleurs, et quelques mots de condoléances à leurs familles respectives que l’Etat peine à indemniser convenablement.

En effet, recevoir en avril dernier, des mains du Roi Salman, la plus haute distinction du royaume saoudien (wissam et non wistam comme écrit dans le communiqué de la présidence), n’est pas quelque chose d’anodin. Comment ne pas y voir une conspiration sur le dos des Sénégalais, sur le dos des militaires, des représentants du peuple, enfin, de tous les citoyens mis devant le fait accompli, associés ni de près ni de loin à une décision impopulaire aussi lourde de conséquences.

Devant les honneurs, nos gouvernants manquent souvent de courage et d’audace quand il s’agit de dire non, de décliner une invitation aussi farfelue que d’envoyer ses propres enfants combattre des individus qui ne rêvent que d’embrasser la mort au front, au prix du paradis.

Mais auparavant, il aura fallu tresser des lauriers au chef de l’Etat  sénégalais : «saluer le leadership du président Macky Sall et ses différents succès en Afrique et dans le monde», ce qui s’apparente plus à de la rigolade, à de la flagornerie, de la part du souverain qui pense pouvoir monnayer les vies de nos vaillants Jambaars à la peau noire. Il faut le refuser. Et il y a de quoi se couvrir de déshonneur, que le président  sénégalais devienne le valet de chambre des princes arabes.

Ailleurs, c’est un défi sécuritaire et pas des moindres, qui est posé au Sénégal, à ses populations et à ses autorités. Le président Macky Sall, à travers cet alignement sur l’axe saoudien, risque de délocaliser sur le territoire sénégalais, le conflit qui oppose les rebelles yéménites au royaume sunnite d’Arabie saoudite. Et notre pays devrait refuser d’être cette herbe piétinée dans la guerre que se livrent, à distance, les éléphants iraniens et saoudiens. On peut dès lors se demander à combien de millions de riyals s’élève cette «haute distinction», en d’autres termes quelles sont les clauses de ce «marché diplomatique» passé entre le président Macky Sall et les princes saoudiens, sur le dos des Sénégalais ? L’Ofnac et la Crei, s’ils accomplissent bien leur tâche, devraient aussi s’assurer qu’il n’y ait pas un seul «don» remis au président Macky Sall, à son avocat ou à ses proches, par le Roi d’Arabie saoudite qui dit vouloir distinguer le chef de l’Etat sénégalais, au plan international, pour son «leadership» qu’il peine à asseoir, curieusement, dans son propre pays. La preuve, par cette attitude va-t-en guerre, une nouvelle entreprise de diversion qui occupe l’actualité et occulte le véritable débat politique, destinée, est-elle, à détourner les Sénégalais de l’essentiel, de leurs préoccupations immédiates.

 

Momar Mbaye

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