Plus le régime de Macky Sall s’élance plus il s’illustre pâle et boiteux parce qu’il perpétue le schéma de ses prédécesseurs alors que ses adversaires ne lui opposent que des arguments terre-à-terre. Ceux qui soutiennent que les sénégalais n’ont que les dirigeants qu’ils méritent sont les mêmes qui répètent à tue-tête que le peuple est rendu mature. L’évènementiel politicien s’est substitué à la pleine approche des enjeux jusqu’à noyer tout effort de diagnostic de la crise, toute volonté de formulation des solutions alternatives.
Les responsables politiques s’enlisent au fond des querelles de personnes, sans jamais risquer la finalité de jaillissement, toujours à ne radoter que sur les moyens de gouvernance. Immobiles pour des gains électoraux et par besoin de sécurité, ils s’enlignent sur les critères anciens de régie, hérités des missionnaires. Pas la peine de démontrer quoi que ce soit, la seule allusion aux concepts savants de croissance accélérée et des rampes de lancement fera l’affaire. Trois cravates, deux portraits, une voix qui porte, et le tour est joué. Pas étonnant que le nombre affolant de partis politiques soit inversement proportionnel au piètre niveau du débat public.
Silence radio sur les intrigues des bourreaux de la finance internationale et sur le guet-apens des illusions locales de gratuité des services. Si le tourisme est en crise, il y va de l’incompétence du chef de l’État, rarement du défaut de conditions gagnantes ou compétitives. Ce serait, pour ces professionnels, partisans des promesses payantes de prospérité prochaine, lever un coin du voile sur les complexités et les corrélations qu’il faut taire pour plaire. Il ne faut surtout pas disculper les autorités élues. La petite politique des trafics de personnalité et d’allégeance, assaisonnée de quelques maniements d’une comptabilité de boutique, suffit à emballer même les plus vifs votants.
Qu’est-ce qui différencie Macky Sall d’Idrissa Seck ou de Khalifa Sall si ce n’est de tempérament et de simples supputations de militants? Pas grand-chose, si bien que leurs discours se confondent dans l’inféodation purifiée au modèle d’intendance de cabaret déjà cinquantenaire : Tant qu’à chanter, il faut hurler et égrener les malheurs des compatriotes sur-le-champ, compétition oblige. Pas la peine de les déchiffrer, même pas la peine de les agencer, juste les dénombrer pour ensuite les conditionner outils de promotion.
Politique de l’usure des élus contre mauvaise foi des adversaires et, si par souci d’émancipation l’envie vient à un observateur de nuancer, les insultes fusent de partout. Il faut paraître et rester proche des masses laborieuses jusqu’à ce que les contradictions inondent les foyers. Et là, il faut accuser vaguement la mentalité populaire de sous-développée et insister sur les manquements institutionnels, tout pour conserver la logique binaire du pour et du contre.
Ça excite et attire l’opinion que de se signaler allumeur des intérêts du public (différent de l’intérêt public). Ça fait sexy de dénigrer les heureux élus; ça fait encore plus viril de malmener les rivaux, soupçonnés défiants et envieux. Tout le monde bouge, tout le monde s’emporte, mais rien ne change. Le peuple divague entre aspiration, espérance, déception et colère pendant que s’enchainent les œuvres politiciennes d’affaissement grandeur nature.
Birame Waltako Ndiaye
waltacko@gmail.com
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