Le maire Talla Sylla a pris nos mains pendant que, tout allégés du poids et de la rudesse des baroudeurs; il nous a fait sillonner la rue sans soleil encapuchonnée d’acacia albida, foudroyante de pénombre et de bien-être. Le voilà acquéreur inébranlable d’un pleurant possédé de souvenirs de militant, Talla Sylla séduit Montréal d’un équilibre nouveau entre respect de la souveraineté populaire et nécessité de prolonger d’autorité l’intérêt public. D’un amour limpide de sa vile et des thiessois, l’engagement politique est devenu manifestation d’un attachement à la vie et au destin d’un terroir. Talla, à l’épreuve du pouvoir, est resté constant, il a juste changé de trajectoire, il s’objecte, il revendique, mais en plus, il offre.
Cœur épaté de souvenances d’apprenant, gorge nouée des rappels du rythme des flamboyants à la veille de la fête de l’indépendance et de la sirène mi cheminot-mi jockey. Chantons l’inabordable goût au changement des années troubles de désirs et de complicités sur le chemin du lycée, « Sopi » pour tout dire. Un véritable mystère dont seuls les « coxeurs » de la gare routière et leurs frangins et leurs auditeurs devinent le poids léger du sacerdoce compris et senti. Talla Sylla, c’est après tout le symbole de rupture avec les pères fouettards d’hérédité et d’immobilisme. Avant tout, le marché Sam, bombe écologique, va disparaitre du rond-point Diakhao, un point c’est tout, dit-il.
Grand Talla, un attachement, une raison aux prises avec le pouvoir local, troublé du conflit des recommandations habituelles, vas-tu fléchir à l’appel des fervents ou résister aux frasques des flatteurs? Jusque-là, Thiès crie son désarroi et, personne ni rien n’est venu à son secours, pas même sa contribution manifeste aux alternances, fâcheuses fouilleuses en fratrie. À la mort et à la vie, jusqu’à la renaissance des fraternités, la promenade des thiessois, exceptionnelle procession imposante de peuplade sans protestation témoigne de la vitalité d’une ville vibrante. Profitons des prières et des promesses passées, parties prenantes des volontés des puissances païennes, des noon sérères et des peulhs alentours.
Piété transparente, amitié fluide des saintes innocences d’enfants vierges de malignité. S’il s’agissait de l’amour d’un père, il serait question de ligné et d’autorité. S’il s’agissait de l’affection d’une mère, il serait question de cicatrice tenace sur le nombril dont l’enfant grossier publierait sans gêne. Thiès est célébré à Montréal et Talla Sylla a fait la fierté de tous les fils de ce bout de pays. De son discours, le maire de Montréal en a été marqué d’un bout de phrase, d’un but dans les prestations publiques, jusqu’à en faire symbole et instruction.
Il est incomplet de dire que 40% des sénégalais ont moins de 18 ans, dixit le maire de Thiès. En réalité, « 100% en constituent l’avenir du pays » renchérit-il. Talla n’est plus dans la ritournelle des mélodies populistes. Qu’à cela ne tienne! Il interpelle directement les parents quant à leur responsabilité de géniteur, quant au bien-être de la famille. Le petit Alpha, enfant montréalais de parents sénégalais, martyrs des mélancolies de migrant, l’a sommé sur l’impérieuse initiative contre la pollution et, monsieur le maire s’est interdit toute approche populiste. Il a fait état des faits et gestes à même de redresser la tendance qui a privé les thiessois de l’hébergement des forces opérationnelles de l’armée panafricaniste.
Plus rien à voir avec le Talla Sylla exubérant, craintif et beaucoup trop prévoyant, l’exercice du pouvoir l’a réformé, la nette responsabilité l’a endurci dans son élan enthousiaste de domestique des grandes causes, comme toujours. De toute façon, il n’est bon et meilleur que lorsqu’il est rapproché et jumelé à tout un peuple. Confronté à lui-même, à son tempérament et son propre génie moqueur, là, il fléchit par délicatesse, mais surtout pour rire de lui-même.
Birame Waltako Ndiaye
waltacko@gmail.com
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