Monsieur le Ministre,
Les experts du Groupe de travail de l’ONU considèrent que, dans l’affaire Karim Wade, l’Etat du Sénégal est coupable « d’inobservation, totale ou partielle, des normes internationales relatives au droit à un procès équitable ». Selon eux, Karim Wade est victime de « détention arbitraire » et doit faire l’objet d’une « réparation intégrale » car sa détention préventive de 23 mois est trop longue et il est le seul à être jugé et condamné alors que ses co-accusés ne le sont pas.
Le Groupe de travail a rendu son Avis sans considération des arguments de l’Etat du Sénégal, la raison étant que vous avez failli à respecter le délai de deux mois imparti. Hélas, notre Etat a été forclos car son dossier est arrivé avec deux jours de retard. Pourquoi avez-vous été en retard ? Méprisant, le Groupe n’a même pas daigné vous envoyer un accusé de réception et rappelle dans son Avis : « Le Groupe de travail a communiqué au gouvernement le 25 juin 2014 l’ensemble des informations reçues de la source. Le gouvernement disposait alors de 60 jours pour répondre. Ce délai expirait le 24 août 2014, or cette réponse n’a été soumise au Secrétariat du Groupe de travail que le 26 août 2014, sans que le gouvernement n’ait sollicité des délais supplémentaires ni apporté quelque explication. En conséquence, la réponse du gouvernement ne saurait être admise au dossier et prise en compte dans l’appréciation du groupe de travail. »
Qui est responsable de ce retard qui nous vaut d’être condamné à la face du monde ? Normalement, vous auriez dû en tirer toutes les conséquences en démissionnant et faisant démissionner tous les responsables de ce retard coupable et inacceptable. Hélas encore, nous n’avons pas chez nous une culture de la démission des dirigeants, même lorsqu’ils fautent gravement comme dans ce cas : le grawoul, le masla le lijenti, et le coow du djip sont là à la place de la rigueur, de la ponctualité, de l’assiduité et du travail de qualité.
Imaginez que vous démissionniez pour endosser la responsabilité de ce retard : cela pourrait être un coup de semonce pour le Sénégal en entier, pays où le retard est la règle, la ponctualité l’exception. Vous laveriez ainsi votre honneur, vous nous donneriez une très grande leçon d’homme d’Etat et vous poseriez une brique importante dans la construction de l’Emergence que le président de la République appelle de tous ses vœux.
Pas de ponctualité, pas d’émergence !
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments patriotiques.
Mamadou Sy Tounkara, Présentateur de « Senegaal ca kanam »
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