La construction de l’Etat de droit est un combat des peuples et non un sacerdoce de ses dirigeants. La construction d’une justice équitable est rendue complexe par la volonté de tout un chacun de s’accaparer de la portion de pouvoir qu’on lui a confié pour le bien de tous à son profit. Chacun veut se servir de l’Etat pour lui tout seul et on essaiera de suppléer aux carences du système par référence à des mythes d’un autre âge qui ne renvoient qu’à une image décalée dans le passé de sa réalité profonde de ce qui devrait être.
On nous enseigne que l’Etat de droit est un Etat soumis au droit. Notre pays qui se targue et se gargarise d’être un modèle en la matière ne cesse pourtant de violer ses engagements internationaux en matière de droits fondamentaux quand il ne se complaît pas à persister dans des actes illicites internationaux comme le refus manifeste de respecter les décisions des organes de contrôle et de surveillance de ses engagements en matière de droit de l’homme. Mais ce qui me rebute le plus en ce moment, c’est ce droit élémentaire qui appartient à chacun de nous et qui est confisqué par l’Etat à savoir le droit pour chaque citoyen d’être assisté par un avocat dès l’interpellation par la police ou la gendarmerie. Ce droit est en vigueur en vertu d’une directive de l’UEMOA depuis le 01 janvier 2015 et pourtant il n’est pas respecté par l’Etat. Les policiers et les gendarmes disent qu’ils ne peuvent y faire suite parce qu’ils n’ont reçu aucune instruction en ce sens.
On continue donc de refuser aux citoyens d’être assisté par leur avocat à la police au simple nom d’un arbitraire que rien ne justifie ou explique sinon la violation de la loi par ceux qui sont chargés de l’appliquer. De grâce messieurs les gouvernants, respectez et faire respecter nos droits est plus qu’une attente légitime, c’est une obligation qui ressort de vos responsabilités.
Vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. Vous avez le droit de ne parler qu’en présence de votre avocat et si vous n’en avez pas, il vous en sera commis un d’office. Ceci ne doit plus être un rêve venu d’Hollywood pour nous Sénégalais mais la réalité de tout un chacun si l’Etat se décide à respecter et à faire respecter le droit. On a tous besoin que ce droit soit respecté mais ceux qui doivent y veiller ne s’en rendent souvent compte que le jour où à l’épreuve des faits, ils prennent conscience que cela n’arrive pas qu’aux autres.
Qu’on arrête de dire que le Sénégal est un modèle de démocratie alors que nos voisins comme le Mali, le Bénin, le Ghana et tant d’autres sont en avance sur nous sur ce plan. Le Sénégal sous ce rapport ne risque d’être qu’un modèle de démagogie. Nous ne méritons pas cela.
Me Demba Ciré Bathily, avocat à la Cour
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