Pour une rupture de rêve, pour le rêve de voir disparaitre les dépravations, les démesures et le désordre dans le pays, il nous est demandé de la rigueur, du renoncement et parfois même de l’austérité. Le meeting ruineux à Agnam Sivol, les nominations coûteuses et les douteux marchés de gré à gré grignotent sans cesse les garanties de gestion sobre et vertueuse. De notre Imam en chef, Seydi Macky, et de ses vizirs, nous attendons marques et modèles comme prix de notre volontarisme, premier pilier de l’émergence.
Au commencement était l’emballement, puis s’en est suivi le recueillement, et depuis s’enchaînent les remous et les rages en rafale. Jusque-là, les accusations sur l’illicéité des jeûneurs intermittents, les démonstrations faites sur notre fautive facette de fêtards et les prémonitions de plaisirs planifiés arrivent couci-couça à tromper notre faim. Le crépuscule est imminent et, à l’heure pile de la coupure, les courbettes de partisans, les groupements d’intérêts personnels et les transhumances d’utilité particulière n’y feront rien. En acte de foi, la messe sera dite pour et par l’auguste peuple élu.
Les corps et les esprits déjà exsangues depuis l’aurore, commencement des plans de sortie de crise, en appellent à la concordance des provisions et des prêches. Il s’agit de couper court avec toutes ces années de partialité, de précarité et de perdition. La rupture voulue et visée sera l’unique référence pour accorder une confiance nouvelle au guide suprême ou pour le désapprouver formellement. Cette rupture, nous la voulons relevée d’initiatives et d’exploits pour un meilleur Sénégal, notre table à manger, rapiécé et mieux disposé.
Renfermés dans des serments répétitifs d’hommes d’État, nous attendons en disciples la rupture avec la gouvernance vorace et véreuse. Comme par les temps qui courent, nous prenons notre mal en patience tout abstinents d’ivresse et d’outrance, conformément aux prescriptions pour un pays à raccommoder de toute pièce. Au bord de l’apostasie, nous restons quand même à l’écoute du signal vibrant de fraîcheurs, indication que nous pouvons manger et boire dorénavant sans crainte de nous faire avoir.
Déjà 3 ans que nous languissons, en attente de cette rupture de choix. À chaque rituel la même litanie, toujours à faire espérer, à laisser entrevoir un menu apprêté de main de maître. Entre-temps, certains se sont braqués, mais d’autres trouvent encore force et foi dans l’incommodité des charges de pourvoyeurs de mieux-être. Encore 2 ou 4 ans pour convaincre et mobiliser les froides raisons. En tout les cas, seule l’évidence des précautions pérennes pour le partage prodigieux du patrimoine national motivera le jugement définitif. La carte de Thierno Macky est encore jouable dans la vaste cour des repentants.
Et si on s’entendait d’abord sur l’apparition d’une constitution nouvelle, signal lunaire d’une démocratie véritable sans fard ni artifice? À supposer que le régime présidentiel équivaut à jeûner jusque tard dans la soirée et que le régime parlementaire implique la coupure du jeûne beaucoup plutôt. Dans les deux cas, les atteintes à l’esprit des feuilles législatives demeurent faisables. En définitive, ce sont la loyauté des acteurs et, en particulier la crainte réelle des tollés suivis du désaveu de la majorité des votants qui feront la différence.
Birame Waltako Ndiaye
waltacko@gmail.com
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