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Les “daaras Actuels“: Une Atteinte à La Dignité Humaine?

Les “daaras Actuels“: Une Atteinte à La Dignité Humaine?

L’islam n’en est pour rien de notre propre sauvagerie infligée aux enfants Talibés en son nom. Étant un fils du Daara et ayant passé des années dans les locaux des tortionnaires « serigne daara », je suis de ce fait, un témoin vivant de ce que subissent nos frères dans ces lieux coraniques.

Pour une mémorisation du saint coran qui est la Constitution suprême de notre noble religion, l’islam, et pour avoir aussi une éducation digne de ce nom, les parents avec une bonne volonté et sous les larmes d’une mère qui a eu de l’amertume de voir son fils intégrer le Daara avec tout ce qu’ elle en sait, mais obligée et influencée par une tradition et une société qui y voient une obligation religieuse et morale, m’ont donc conduit à ces lieux pour y passer une période qui sera à jamais gravée dans ma mémoire.

Arrivé très jeune, avec l’innocence d’un enfant qui n’a que sept petites année au milieu d’un monde d’environ soixante autres enfants, je suis donc obligé de s’intégrer à cet univers.

Oui, les parents faisaient tout ce qu’il fallait pour aider le « Serigne Daara » à s’en sortir et à mieux entretenir ses élèves, en termes de nourriture, des habits et matelas etc. Mais étant dans une posture de mauvaise foi et de l’absence totale de sympathie envers ces anges, le maître exploitait, torturait, insultait et privait de nourriture à ses talibés de manière inimaginable, avec une extravagante humiliation. Tout cela sous prétexte d’une mémorisation complète du saint coran qui n’est malheureusement pas une obligation religieuse, mais plutôt une simple coutume qui n’a ni queue ni tête dans la charia islamique. Et oui, ces Serigne Daara qui n’ont subi aucune formation de sensibilisation qui leur permet aujourd’hui de mieux gérer une telle richesse entre leur mains, sont des victimes qui, ont subi ce même traitement criminel dans leur enfance sous le regard coupable de la société et du gouvernement qui se sent non concerné par cette déplorable situation, et qui bien évidement(les Serigne Daara) finissent par croire que c’est le même traitement qu’ils doivent réservés aux Talibés. Gustave Le Bon a dit : « Un délit généralisé devient bientôt un droit ».

Sous la complicité aussi de certains chefs religieux qui peuvent mettre fin cette dégradation humaine dans les plus bref délais, mais qui y voient -désolé de le dire- leurs propres intérêts se réservant non seulement de faire des efforts pour l’éradiquer, mais pire, ils font tout leur mieux pour faire taire les bonnes volontés. Inutile de rappeler le formule de Loysel disant: “Qui peut et n’empêche pêche”.

La responsabilité de l’Etat est immense, bien évidemment c’est une problématique d’une grande complexité, qui demande un processus de longue haleine pour sensibiliser les acteurs concernés (parent, serigne daara, chef religieux…), mais cela ne doit point empêcher l’état d’avoir une fermeté non négociable en matière de traitement de ses propres fils qui sont l’avenir de la continuité et de stabilité qu’il incarne.

Le daara bien évidemment n’est rien d’autres qu’un moyen d’éducation, ce n’est pas le daara lui-même qui compte, mais c’est le résultat de l’éducation basé sur les principes et les valeurs islamiques censés dispenser aux Talibés qui attire, à savoir la patience, la tolérance, le savoir-faire, orné d’éthique et de morale, l’amour du travail, du pays, des parents etc. Mais au moment où on bat les talibés à mort, on les envoie passer leur enfance à tendre la main dans la rue et à voler, à même être victime de pédophilie de leur propre maître, à ce moment-là ce moyen d’éducation doit bien évidemment passer en revue sans que ses résultats soient menacés. Ce moyen d’éducation qui connaît depuis un sacré moment une stagnation et une dégradation désastreuses est bien évidemment dans un besoin urgent de réforme et de modernisation selon les réalités actuelles du pays et du monde. Personne n’est obligé de s’arc-bouter contre le temps alors que celui-ci incarne une évolution non seulement religieuse, mais aussi intellectuelle.

Il est temps que les acteurs prennent leur responsabilité, les journalistes éclairent et sensibilisent l’opinion publique sur les sérieux dangers qui gangrènent ce milieu et ses pratiques.

Éviter d’éduquer votre enfant dans une humiliation totale, sinon il risque de rester ainsi durant toutes sa vie. La dignité, l’amour et le respect doivent rester la pierre angulaire dans notre système d’éducation.

Le Sénégal ne sera jamais émergent tant qu’il réserve un traitement discriminatoire envers ses enfants. L’émergence qu’on vise aujourd’hui exige que les mêmes droits et devoirs soient au bénéfice de tout le monde.

Toutes mes condoléances à la famille de Dame Dieng, (le talibé battu à mort) je compatis à leurs douleurs !!

 

Cheikh Ahmadou Bamba Bousso

Faculté des Sciences Juridiques Université Mohamed 5 Rabat-Maroc.

cheikhounabousso0@gmail.com

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