Les jets de pierre sur le convoi du Président Macky Sall à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar sont non seulement d’une gravité sans nom, mais ils dénotent d’une ignorance coupable de la part des étudiants censés incarner la lumière et le savoir sur la nature et la sacralité des institutions de la République et en particulier celle présidentielle.
Une institution comme son étymologie latine l’indique instituo renvoie à l’idée d’instituer, d’établir, elle désigne une structure d’origine coutumière ou légale, faite d’un ensemble de règles tournées vers une fin, qui participe à l’organisation de la société ou de l’État. Au sens politique les institutions se définissent comme des mécanismes légitimes de construction du pouvoir et de prise de décision. En ce sens, les institutions sont des ensembles de procédures politiques symboliques susceptibles de transformer les conflits en négociations, de représenter des intérêts, de produire une représentation de l’intérêt général surmontant le fractionnement de la société.
À la lumières des ces éclairages sur la nature et la fonction des institutions politiques, on mesure l’absurdité de s’attaquer à une institution aussi importante dans une société démocratique que celle du Président de la République qui, il faut le rappeler, incarne la volonté du peuple aussi bien de la majorité que de l’opposition, car celui-ci tire sa légitimité du suffrage universel. Dés lors s’attaquer au président de la République ou’’ Respublica’’ qui veut dire en latin ’’la chose publique’’, c’est moins attenter à sa personne physique, mais c’est plutôt ‘’profaner’’ la personnalité juridique ou la personne morale qu’il représente ou pire encore c’est ébranler l’institution qu’il incarne. En réalité, comme le disent les fameux adages ’’les hommes passent, mais les institutions demeurent’’,’’le roi est mort vive le roi!!!’’.
C’est dire donc que le Président de la République en tant qu’institution politique, ne se confond pas nécessairement à la personne qui le représente, car il survit à sa chute, à sa destitution ou sa mort. Ainsi ni la démission de Senghor, ni la défaite d’Abdou Diouf et d’Abdoulaye Wade n’ont remis en cause la pérennité de l’institution présidentielle qui, il faut le rappeler, est la clé de voûte de toutes les institutions dans un régime présidentiel en vigueur au Sénégal.
En effet, Le Président de la République du Sénégal est le gardien de la Constitution. Il est le premier Protecteur des Arts et des Lettres. Il incarne l’unité nationale. Il est le garant du fonctionnement régulier des institutions (l’Assemblée nationale, Le Gouvernement, le Conseil économique, social et environnemental, le Conseil constitutionnel, la Cour suprême, la Cour des Comptes et les Cours et Tribunaux), de l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire. Il détermine la politique de la Nation. Il préside le Conseil des ministres. De ce point de vue fragiliser une institution politique aussi cruciale que celle du Président de la République, c’est bafouer les lois du pays, c’est saper l’équilibre de la nation, c’est s’installer dans l’anarchie. Jean Monnet abonde dans le même sens quand il affirme ’’Rien n’est possible sans les hommes rien n’est durable sans les institutions’’. Loin de dire qu’on ne doit pas contester la politique du Président de la République ou critiquer ses décisions, mais encore faudrait-il le faire dans un cadre démocratique et républicain.
Dans une société démocratique, il est inadmissible que les différends soient résolus par la violence physique ou par la force comme c’était le cas à l’université Cheikh Anta Diop dont la devise est ‘’Lux mea lex ‘’ ou ‘’la lumière est ma loi’’, mais les problèmes doivent être traités par la force des arguments, par la concertation et le dialogue dans ce ‘’temple du savoir’’. À défaut d’être satisfaits par la politique du Président de la République, les citoyens ont comme ultime recours les urnes ou leurs cartes d’électeurs lesquelles leur permettront de le sanctionner démocratiquement.
Mon propos est moins de défendre la personne physique de Macky Sall, mais de rappeler avec fermeté la sacralité de l’institution présidentielle qu’il représente. En réalité, s’attaquer au président c’est défier le peuple car, il faut encore le souligner, il incarne la volonté du peuple et la loi suprême du pays (la Constitution). Rousseau n’en disait pas moins quand dans le Contrat social il écrivait ’’L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté’’.
C’est pourquoi, chaque citoyen sénégalais qu’il soit partisan ou opposant du Président de la République doit condamner et se sentir outré, indigné, touché en tant que délégateur de pouvoir concernant l’acte inqualifiable des étudiants celui de jeter des pierres sur l’institution présidentielle. On doit donc travailler à renforcer les institutions, à les protéger, à les pérenniser aussi longtemps qu’elles sont utiles au peuple et à l’essor de la démocratie, car sans le respect des institutions ce serait l’anarchie ou le désordre. Il est plus qu’urgent de montrer au peuple et surtout aux étudiants que les institutions justes sont non seulement sacrées, mais qu’elles garantissent l’équilibre et l’avenir d’une nation surtout démocratique.
Autant conclure avec Albert Camus que ’’L’homme du siècle demande des lois et des institutions de convalescence, qui le brident sans le briser, qui le conduisent sans l’écraser’’.
Ciré AW
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