L’objectif de cette contribution est d’apporter une réflexion critique sur le cas Gossas pour tenter de lui apporter une solution. En effet, ville carrefour située à quelques encablures de Fatick le chef-lieu de région avec une route bitumée, à 39 km de Kaolack et à 25 km de Diourbel par la RNIV, cette ville semble avoir des atouts certains. Cependant la situation dans laquelle elle se trouve est loin d’être reluisante.
Pour quoi cet état de fait ?
Les spécialistes de l’aménagement du territoire savent qu’il y a forcément une attractivité qui peut dépendre de plusieurs facteurs notamment économiques, sociaux, culturels etc. Cette situation explique le concept de pôles. Par rapport à ces atouts Gossas est peu lotie pour supporter la concurrence avec ses voisins. Pour preuve combien de Gossassois ont investi dans les villes voisines pour rentabiliser leurs affaires ? Combien sont partis s’établir définitivement à Kaolack, Diourbel et Touba ?
Cependant, il faut noter, une évolution positive avec les nouvelles générations qui commencent à avoir une véritable prise de conscience en investissant dans la ville par la création de boutiques et d’autres activités génératrices de revenu. D’autres ont construit de belles maisons améliorant par la même occasion le cadre de vie.
Gossas peut-elle émerger ?
Nous pensons que la réponse est affirmative mais pour cela, il va falloir réfléchir et mettre en place des stratégies scientifiques qui dépassent les vœux pieux souvent exprimés dans certains de nos plans.
La logique veut que si quelqu’un a des avantages ou des atouts qui dépassent les vôtres, que vous n’utilisiez pas les mêmes armes pour le combattre ; ce qui signifie que Gossas doit utiliser ses atouts. Il n y a guère longtemps, Gossas était la ville la plus « rurale » du Sénégal où l’agriculture occupait une place importante, l’élevage y jouait un grand rôle. Au lieu de conforter la place de Gossas dans ses activités, l’on a voulu se positionner comme une ville moderne. Certains jeunes dont les parents étaient de grands paysans ont aujourd’hui le complexe de s’adonner à cette activité.
Il s’y ajoute la lancinante question du vol de bétail qui a complétement découragé les populations.Pourtant Gossas est une ville qui peut approvisionner ses voisines en produits agricoles et animales. A ce titre, il faut saluer, les initiatives prises par le Conseil départemental par le truchement de son partenariat avec PAMECAS d’octroyer des financements aux jeunes pour la création de champs de pastèques et l’embouche ovine. Les collectivités locales oublient qu’en dehors des compétences transférées, il y a les compétences générales et elles sont habilitées à jouer un rôle dans tout ce qui peut contribuer au développement de leurs territoires. L’émergence de Gossas doit passer par l’exploration de nouvelles voies et une révolution des mentalités de ses habitants qui doivent davantage prendre leur destin en main.
Bou FALL
Dr en Géographie, Spécialiste du Développement local
Conseiller départemental
Inspecteur de l’Education et de la Formation de Kédougou