Des âmes à fleur de peau se sont levées à répétition pour dénoncer l’accueil réservé au président Sall par les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop, au nom du respect de nos institutions.
Archives journalières : 10 août 2015
Drapeau hissé au cœur du palais, hymne en chœur, et le président compte inoculer une bonne dose de civisme à la jeunesse sénégalaise. Manie de suiveur! L’incivisme des sénégalais traduit une délinquance de désabusés, il indique surtout le manque de confiance des citoyens aux institutions et aux meneurs. Les populations négligent les codes et symboles de la république parce qu’elles s’estiment escroquées par ceux-là qui proclament valeurs et principes dans les airs.
La visite controversée du Président Macky Sall à l’Université de Dakar est diversement appréciée par les acteurs et les observateurs de la scène politique sénégalaise. Les partisans du Président saluent un acte de courage, alors que les adversaires parlent de manipulation politique ratée… A mon, humble avis, cet acte aurait pu avoir un sens politique et pédagogique, s’il était, tout simplement, moins politisé. En décidant de se rendre à l’université Cheikh Anta Diop, pour échanger, en direct, avec les étudiants, le Président Macky Sall a ainsi initié un acte politique et pédagogique de haute portée. Ecouter les plaintes et les complaintes des étudiants, en live, vaut bien un déplacement présidentiel. Parler directement aux étudiants, sans langue de bois, est un acte politique de grandeur, mais il revêt en même temps un sens pédagogique susceptible de changer bien de comportements mal sains et de préjugés mesquins. Lors que le Président Macky rappelle aux étudiants les parcours qu’il aura traversés, et qui ne sont guère, moins difficiles que ceux auxquels ils font face quotidiennement, le Président était en train de montrer la voie de la patience, de l’endurance aux étudiants, mais aussi celle de la résistance et de la lutte estudiantine. Cette belle leçon ne pourrait avoir de sens que si le président, traduit en actes, ce qu’il dit en théorie : « Je peux aussi dire : Pavillon A, je me rappelle, je me rappelle, je me rappelle ! Je garde d’excellents souvenirs de ce passage, dans cet espace de liberté et de responsabilité, qui a contribué à forger ma personnalité et à affirmer mon identité.
La visite du Président à l’UCAD a été vue pour certains comme étant une opération toilettage d’image du régime. Et qui serait devenue, à leurs yeux, un fiasco dû à une défaillance des RG, d’une part, et de la jeunesse estudiantine de l’APR, de l’autre. Toutefois, le Président a des sources d’informations multiples qui vont des étudiants de son parti aux informateurs anonymes, en passant par le corps professoral, les amis et les connaissances. On déduit de ce qui vient d’être dit que le Président est tout sauf poltron.
C’est par le verbe que le monde fut crée, mais au regard de l’altération actuelle du verbe, il y a lieu de redouter que par la parole le monde s’achemine tout droit vers la décadence. L’efficacité étant l’unique souci dans les formes actuelles de la communication, la censure morale à laquelle s’astreignaient les anciens par sagesse a cédé le pas au libertinage verbal dans notre pays. Tout peut être dit au nom de la liberté, même si les conséquences qui en découlent se révèlent être désastreuses pour la liberté. C’est vrai que la libération de la parole n’est pas un phénomène spécifique au Sénégal, mais le DÉLIRE national auquel nous sommes soumis est sans nul doute une perversion de la vocation naturelle de la parole.