Il n’y a pas de doute, le pouvoir est corrosif. Très corrosif même. Peu d’hommes et de femmes semblent pouvoir échapper à son effet décapant. Mais ça on le savait déjà et des acteurs de notre vie politique ne cessent de le confirmer.
Je ne sais que penser du dernier opus de Abdou Latif Coulibaly. Enfin si. Je sais. Le titre est édifiant : « Le Sénégal sous Macky Sall : De la vision à l’ambition. Les réalisations à mi-mandat ». La bonne démarche intellectuelle aurait été de le lire mais je me ferai violence. L’auteur pose un acte purement politique et je ne suis pas sur ce terrain là. Je peux lui reconnaître l’effort intellectuel consistant à mettre sa pensée sur papier. Mais peut-on parler de pensée ici ? C’est plutôt un acte posé dans le cadre d’une campagne électorale déjà lancée. Il n’est pas interdit à un intellectuel de faire de la politique. Bien au contraire, si on aspire à une république des philosophes dont le désintéressement permet de faire un bon usage du pouvoir (Platon).
C’est certain que si les « sachant » refusent de faire la politique, les « autres » le feront à leur place et d’une manière qui ne va pas plaire aux premiers. Mais, à mon avis, ce qui doit distinguer l’intellectuel dans sa façon de faire de la politique c’est la distance critique qu’il doit jalousement garder, en toute circonstance. Abdou Latif Coulibaly a le droit d’appuyer le Président Macky Sall et d’être membre de l’APR. Cependant, il n’a pas le droit de lui dire (et par ricochet à nous aussi) que tout est rose, que tout se passe au mieux dans le meilleur des mondes possibles. Il y a pour cela des gens mieux indiqués.
Si le communiquant qu’est Latif décide de faire le bilan à mi-mandat, il doit aussi nécessairement prendre en compte les passifs (et veiller à ne pas les transformer en actifs). Sinon, ce n’est plus un bilan mais de la laudation ou « xalamal » comme on dit chez nous. Attention à ne pas doucher d’autres intellectuels qui hésitaient à s’engager et les électeurs qui peuvent arriver à la conclusion fatale : « finalement, ils sont tous pareils ».
Abdou Khadre LO