A la lecture de cet article (Australie. Melburne sera-t-elle la première ville sans tabac ? ) sur l’idée des autorités locales de Melbourne (la deuxième ville d’Australie) d’interdire complètement le tabac dans tous leurs espaces publics d’ici 2016, espérant ainsi remporter la palme de « l’une des premières villes au monde
sans tabac », nous n’avons pu nous empêcher de leur rappeler que cette palme avait été déjà raflée, depuis 35 ans par une autre ville africaine : Touba ! En effet, c’est depuis le 18 septembre 1980 que Cheikh A. Ahad, troisième Khalife des mourides, avait formellement édicté un Ndigël interdisant cette pratique, en même temps que d’autres jugées contraires à l’Islam, dans la ville sainte.
Dire que les sénégalais ne savent pas encore valoriser leurs avancées et certains progrès sur l’humanité… Par complexe du à la « laïcité neutralisante » à la sénégalaise ou à une certaine « mouridophobie » ? Dire que, malgré le vote d’une loi dans notre assemblée nationale, le Sénégal ne parvient pas toujours, au grand dam des associations anti-tabac, à faire respecter cette loi bientôt rangée aux oubliettes. N’est-il pas temps de mieux nous inspirer de nos forces et ressorts culturels endogènes positifs de notre pays pour mieux avancer ?
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Extraits de l’Exposition Internationale « Cheikh A. Bamba : Un Artisan Musulman de la Paix » récemment organisée à Columbia University
– La Ville Sainte de Touba (1888)
Pour retrouver la solitude et le calme propices à l’adoration de Dieu, Cheikh A. Bamba fonda, entre 1887 et 1888, le village de Touba. Il donna au lieu le nom de l’arbre du Paradis « Tûbâ », mentionné une fois dans le Coran (13:29) : « A ceux qui croient et qui font le bien sont réservés la Félicité (Tûbâ) et un excellent lieu de séjour. »
On peut aussi trouver le mot « Touba » dans beaucoup de Traditions du Prophète : « Tûbâ est un arbre du Paradis. L’étendue de son ombre équivaut à cent ans de marche et les habits des gens du Paradis proviendront de ses feuilles. »
– Principes Fondateurs de Touba (1888)
A propos de Touba, Cheikh A. Bamba (appelé aussi « Serigne Touba », le Maître de Touba) affirma qu’il l’avait fondé « dans le but exclusif d’adorer Dieu, l’Unique, et d’obtenir Sa Satisfaction ». Il pria aussi Dieu d’accorder des privilèges particuliers à sa cité : « Puisse-Tu faire de la cité bénite de Touba un lieu d’éducation, de connaissance et de conformité à l’orthodoxie. »
Tous les projets de la communauté mouride à Touba sont tirés de Matlabul Fawzayni, un poème d’imploration à Dieu que Cheikh A. Bamba composa juste après la découverte du lieu. Les Mourides conçoivent cette œuvre comme une sorte de constitution pour la ville sainte ; ce qui en a fait un lieu unique et actuellement le plus important axe géographique du paysage islamique sénégalais.
– Première Ville sans Tabac du Monde
La croissance inhabituelle de Touba, surtout à partir des années 80, devenue, en moins d’un siècle, la seconde ville sénégalaise la plus importante après Dakar (la capitale), et ses différentes caractéristiques (spirituelles, urbaines, démographiques, sociales, économiques etc.) sont d’intéressantes expressions de ses principes fondateurs.
Une autre spécificité de Touba est l’interdiction de produits et de comportements considérés comme contraires au caractère sacré de la cité : drogue, alcool, tabac, port de tenues indécentes, manifestations politiques etc. Touba est ainsi devenue, depuis 1983, la première « ville sans tabac » de l’ère moderne et présente beaucoup d’autres éléments distinctifs (quoique faisant encore face, comme d’autres grandes villes d’Afrique, aux problèmes classiques d’urbanisation que le leadership local essaie de résoudre avec l’aide de l’Etat).
A. Aziz Mbacké Majalis
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