L’espace politique sénégalais connait enfin un tournant depuis l’affaire qui oppose le bureau de l’Assemblée nationale et l’opposition. Pour la première fois depuis l’accession de Macky Sall au pouvoir, l’opposition se retrouve sur la défensive s’estimant victime d’injustice et acculée à la résistance. Signe d’essoufflement ou style d’adversité nouveau, le reproche fait par l’opposition à l’exécutif pour son immixtion dans le fonctionnement du parlement témoigne de sa faible capacité de mobilisation.
Après tout, la source du problème est à trouver dans les dysfonctionnements du Parti Démocratique Sénégalais. À supposer que Macky Sall en soit l’instigateur, toujours est-il que les arguments de Fada et compagnie portent l’estocade sur la volonté manifeste du grand maître à propulser son fils et les amis de son fils au devant de la scène. En désespoir de cause, le PDS désigne Macky Sall comme principal responsable de la victoire de Fada sur eux. Voilà une étrange façon de dissimuler l’échec d’un putsch qui ne visait qu’à liquider un frère de parti devenu trop encombrant, beaucoup trop ambitieux.
En même temps qu’il est reproché à Diagne Fada d’avoir utilisé des signatures sans l’aval des concernés, ses détracteurs accusent le président de l’Assemblée nationale d’avoir accepté le dépôt. S’il y a faux et usage de faux, il ne peut aussi être question d’acceptation illégale de la liste. Soit Fada a triché pour que Niasse accepte, soit Niasse a accepté dans l’illégalité. Dans l’un ou l’autre des cas, il ne peut avoir en définitive qu’un seul responsable du manquement possible.
Idrissa Seck n’a rien à faire avec le PDS. Ses partisans se saisissent de cette question pour s’imposer visibles et combatifs, c’est leur anachronisme. Pourtant, les sénégalais sont à la recherche d’efficacité et de rendement. Aux dernières nouvelles, Idy s’est rebellé pour avoir dit non à la dévolution monarchique. Il est insensé que son parti se ligue avec le responsable de tous ces maux pour combattre le martyr qui lui ressemble tant. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Il suffit à Idy de s’affirmer redresseur des torts pour convaincre tout un peuple, mais lui, il préfère encore convaincre Wade pour vaincre.
En réalité, Macky Sall n’est pas à la hauteur; il reproduit, il calque exactement ce qui se fait depuis si longtemps sans que rien ne change, si ce n’est qu’hommes et femmes en affaires. Reconnaissons-lui quand même sa capacité à prévenir et à étouffer toute velléité compromettante. Sans force de frappe, tous ses gains politiques résident dans son aptitude à déjouer les montages dommageables. Au moins, je suis déjà aux affaires, dira-t-il au prochain rendez-vous électoral sans que Idy et consort ne puissent objecter faute de nouveauté.
25eme pays le plus pauvre du monde, rien d’inédit sauf que l’effet édulcorant de l’effacement de la dette des pays les plus endettés en 2006 n’a pas fini de produire ses effets. Rien à foutre de ces statistiques calquées! Si on les accepte, on accepte égaklement la suprématie de la comptabilité sociale du blanc verni clair. Où est passé le « coxeur »? Où est passé le cordonnier au coin de la rue, exempt d’impôt et hors du périmètre de la comptabilité sociale? Les travailleurs du secteur informel représentent plus de la moitié de la main d’œuvre dans les pays en développement et n’en représentent pas moins le secteur le plus dynamique de l’économie.
Birame Waltako Ndiaye
waltacko@gmail.com
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