Des incohérences et des manquements à certains niveaux tendent à fragiliser cette idée de favoriser le développement du pays par des politiques locales et territoriales fortes.
Autant j’ai été favorable à cette réforme territoriale, avec certes des réserves exprimées dans d’autres chroniques. Autant je commence à avoir de sérieux doutes sur les résultats attendus de cette réforme. Des incohérences et des manquements à certains niveaux tendent en effet à fragiliser cette idée de favoriser le développement du pays par des politiques locales et territoriales fortes.
En effet, on l’avait souligné, cette réforme comme beaucoup d’autres d’ailleurs a été précipitamment mise en place. Ce qui n’a pas permis de réfléchir suffisamment par exemple à la façon de doter ces communes – nouvelles et anciennes – des ressources humaines capables de mettre en œuvres les politiques publiques territoriales. Néanmoins des solutions existent. Elles peuvent paraitres radicales mais elles pourraient être pertinentes et ne coûter aucun franc de plus ni à l’Etat ni aux communes.
D’abord, je propose de redéfinir le découpage administratif actuel du Sénégal. On diminuerait le nombre de régions et on supprimerait les fameux arrondissements dont une bonne partie des fonctions administratives revient ou va revenir aux nouvelles communes.
Nous passerions ainsi de 14 régions morcelées à 4 grandes régions. Une première qui regrouperait Dakar, Thiès, Diourbel, Fatick, Kaolack et Kafrine. Une deuxième fusionnerait St-Louis et Louga. Une troisième engloberait Ziguinchor, Kolda et Sédhiou. Et une 4ème serait composée de Kédougou, de Tambacounda et de Matam. Les gouvernances actuelles seraient simplement remplacées par des délégations locales à effectifs réduits pour assurer le lien avec les gouvernances régionales.
Ce qui permettrait faire des économies importantes (location des sièges, logements de fonction, indemnités, véhicules de fonction…). Cet argent viendra par exemple renflouer les fonds de dotation aux collectivités locales.
Et ce n’est pas fini !
En plus, ces suppressions vont permettre le redéploiement dans les municipalités des gouverneurs, des sous-préfets, leurs adjoints et des autres personnels administratifs et techniques des gouvernances et des sous-préfectures libérées. Ces hauts cadres et fonctionnaires titulaires ou contractuels de l’Etat deviendront directeurs généraux des services, directeurs de cabinets des maires, des chefs de services ou conseillers techniques. Tout en conservant leur traitement salarial et certains de leurs avantages indemnitaires, ils vont combler le manque énorme de ressources humaines auquel sont confrontées presque toutes les communes nées des ruines des défuntes communautés rurales. Leurs compétences et leurs expériences permettront d’aider à imaginer et de conduire les politiques publiques définies par les élus.
Et dorénavant, une partie des titulaires des sections « Impôts et domaines », « Administration Générale/Administration centrale et territoriale » par exemple, viendront s’occuper de la gestion administrative, technique et financière des collectivités ; surtout des jeunes communes.
Avant d’y arriver, ce sont actuellement ces mêmes élus, dans plusieurs localités qui s’occupent par exemple du service de l’Etat civil. D’autres présidents de commissions, des maires adjoints définissent et essaient d’exécuter sans les moyens ni les compétences requises les politiques d’orientation de leurs secteurs. Tant que cette situation ne change pas et rapidement, cette réforme qui a tant fait parler d’elle restera purement et simplement une réforme de plus.
Mamadou DIOP
diopthemayor@gmail.com
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