« Il m’a bousculé et je lui ai donné une bonne correction, s’enorgueillit l’une ! Non c’est faux, elle n’ose pas me frapper sinon je la lui ferai regretter rétorque l’autre ». Sans doute, on aurait pu penser, à juste raison d’ailleurs, que ce charivari digne d’une querelle de borne fontaine se passe au marché, entre de petites filles. Pourtant, fort malheureusement, il se déroule au Sénégal, plus précisément à l’assemblée nationale, entre des personnes choisies parmi les quatorze millions d’habitants pour représenter les citoyens Sénégalais.
Last but not least, notre hémicycle s’est honteusement transformé en un véritable ring de boxe. Là où on attendait que la force de l’argument soit le maître-mot, l’argument de la force a régné en maître. Le pauvre citoyen qui sombre de jour en jour dans une grande misère assiste, avec impuissance, à l’incompétence et à l’indifférence de son « représentant » qui ne porte plus sa voix, mais celle son parti. On se rappelle encore, non sans le déplorer, de ce parlementaire qui clamait sans gène qu’il est le « député du prince ».
Alors qu’ailleurs la représentation nationale se penche sur les grandes questions qui interpellent notre temps, nos parlementaires n’ont rien à proposer aux citoyens que des querelles de bornes fontaines. Pourtant, c’est un secret de polichinelle que de préciser que les coins les plus reculés du Sénégal manquent de tout: L’accès à l’eau potable, aux soins de santé, à l’éducation … et que sais-je encore ?
On passe sous silence ces questions essentielles pour se chamailler sur des considérations crypto-personnelles. Ce n’est pas d’ailleurs par hasard, que dans l’imaginaire du citoyen lambda, le député est assimilé à un simple « applaudisseur » qui s’enrichit grassement sur le dos du pauvre sénégalais qui peine à joindre les deux bouts.
Lorsqu’on observe ce qui se passe à l’assemblée nationale, on se demande si les députés savent réellement leurs rôles et combien ils coûtent aux contribuables sénégalais. En effet, sous réserve des autres avantages que confèrent le statut de parlementaire au Sénégal, le salaire du député simple est passé de 600 000 francs Cfa en 2000 à 1 300 000 francs Cfa. Pourtant, ce sont ces élus nourris et entretenus aux frais du contribuable sénégalais qui le desservent le plus. Ils ne sont pas donc les députés du peuple, mais les laquais du prince, à qui, ils doivent leur subsistance. C’est certainement dans ce sens qu’abonde l’écrivain français Léon Daudet quand il s’exprime en ces termes: “Qui n’a pas été député ne saurait se faire une idée du vide humain.”
Encore faudrait-il le rappeler, les citoyens n’ont rien à faire de vos querelles intestines, de vos combats à fleurets mouchetés. Ils attendent de vous de vrais débats censés impulser le développement du pays. C’est seulement, en vous inscrivant dans cette logique que vous pourrez mériter le titre d’honorable député que vous portez si fièrement.
Abdoulaye FALL
abdoulaye91@hotmail.fr