Quelle que soit la modestie de sa culture religieuse, tout musulman sait que la plus grande déconvenue – du moins en apparence – que le Prophète Mouhamed (psl) ait eu à subir fut son exil forcé de la Mecque vers Médine, dès l’entame de sa mission prophétique. Lorsque, douze ans plus tard, il reçut commandement divin de retourner à la Mecque, il se heurta aux Païens qui lui posèrent leurs conditions, consignées dans le fameux «Pacte de Hudaybiya», que ses partisans n’hésitèrent pas à considérer comme une humiliation, et où il dû accepter, stratégiquement, de faire un certain nombre de concessions.
L’on notera surtout que dans l’acceptation de ces concessions (et non des « reniements »), le Prophète était allé jusqu’à satisfaire une exigence qui tenait à cœur ses protagonistes – qui ne lui reconnaissaient pas son statut de Messager d’Allah : il dû signer, en lieu et place de «Mouhamad rassouloulah» (Mouhamed envoyé de Dieu), «Mouhamed ibn Abdallah» (Mouhamed fils de Abdallah). Son objectif majeur étant de reprendre pied à la Mecque, d’entrer dans la Kaaba, pour y détruire les 360 idoles de cette localité où le paganisme régnait en maître absolu, en ces âges obscures. Non seulement, grâce à ce stratagème, il y réussit admirablement, mais cela s’avéra sans préjudice aucun à la bonne poursuite de sa mission prophétique qui, bien au contraire, fut couronnée de succès, avec aujourd’hui pas moins de 1,6 milliards de musulmans, répartis dans les 57 pays de l’OCI. Et au-delà !
Une religion digne de ce nom n’opère pas par contrainte. On ne force pas quelqu’un à embrasser l’Islam, Religion de Tolérance, de Fraternité et de Paix par excellence. On y entre par conviction. « Laa ikhraaha fiddiin » (Il n’y a pas de contrainte en religion), nous rappelle la sourate 2, «Al Bakhara», verset 256. Cette prêche retrouve d’ailleurs toute la plénitude de son sens dans la sourate 14, «Abrahm», verset 44 où le Seigneur magnifie la «Da’wa», qui désigne l’invite faite par Dieu et Son Prophète aux non-musulmans à s’ouvrir au message de l’Islam.
C’est l’approche de prédilection prônée pour appeler pacifiquement les gens à la religion musulmane et à professer ce serment d’allégeance qu’est la «Shahada», qui donne l’occasion à l’aspirant d’attester qu’«Il n’y a de Dieu qu’Allah et que Mouhamed et Son Messager». Celui-ci, grand pédagogue, se donnant lui-même en exemple dans ses enseignements, tolérait dans la métropole religieuse de Médine la présence de juifs et de païens, alors identifiés sous le vocable de «Ahlou dhimma», désignant cette communauté non-musulmane liée à la Cité-Etat de Médine par un «pacte de protection», leur assurant sécurité physique ainsi que celle de leurs biens.
De nos jours, 1.400 ans après l’avènement du Prophète (psl), les ennemis modernes de l’Islam semblent adopter une stratégie plus pernicieuse que celle des «Qureich» d’antan, pourfendeurs devant l’Eternel de cette sublime religion, qui ne comptait alors pas plus de 40 adeptes ! Les «Qureich» contemporains ont réussi à mettre en œuvre une subtile stratégie de diabolisation de l’Islam : l’infiltration. Ils se réclament des nôtres et prônent un extrémisme religieux violent et sanguinaire, exercé indifféremment sur des non-musulmans comme sur des musulmans!
Ces nouveaux «Qureich» – dont les ancêtres avaient proposé en vain au Messager d’Allah argent, pouvoir, femme, s’il renonçait à sa mission – entreprennent aujourd’hui d’utiliser les symboles vestimentaires de l’Islam, notamment la «Burqa» (voile intégral), pour dissimuler des ceintures d’explosifs en vue de commettre des meurtres de masse… au nom de l’Islam ! Depuis le début de l’année, il se passe rarement un mois sans que la presse ne se fasse l’écho des exploits de ces «mantes religieuses», porteuses d’engins de mort, dissimulés dans des «Burqa», pour mieux se fondre dans les foules des marchés et autres places publiques afin d’y tuer le maximum d’innocents. Toujours au nom de l’Islam. Après le Nigéria, qui pleure toujours ses 17.000 morts, à l’actif de la secte islamo-fanatique de Boko Haram, c’est présentement au tour du Cameroun et du Tchad de souffrir de ce douloureux calvaire infligés par ces «tueuses à la Burqa».
Le port du voile est loin d’être une fantaisie vestimentaire. C’est un commandement religieux que le Tout-Puissant a expressément prescrit dans le Livre Saint : «Ô Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de ramener sur elles leurs grands voiles : Elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux» (Sourate «Al Ahzâb», Les Coalisés, verset 59).
Après avoir rendu un hommage mérité à nos vaillantes sœurs qui se sont toujours attachées au respect de ce commandement divin, il convient de les inviter à s’inspirer du Référentiel de tout Musulman, Seydina Mouhamed (psl) qui, au besoin, usait volontiers de stratégies pour déjouer les plans des ennemis de l’Islam. Ainsi, à l’instar du Prophète (psl), et face aux multiples agressions/usurpations dont l’Islam est présentement l’objet, nos sœurs musulmanes seraient bien inspirées, dans le droit fil de la posture du chef de l’Etat M. Macky Sall, de renoncer provisoirement à leurs «Burqa», pour se confiner dans le port du «Hijab» (qui n’a pas moins de mérite). Ce qui coupera radicalement l’herbe sous les pieds à ceux ou celles qui, lâchement camouflé(es) sous ce symbole religieux vestimentaire, tuent et versent du sang innocent, au nom de l’Islam!
Et le chef de l’Etat ne perdrait assurément rien au change s’il associait sans délai à la réflexion les autorités religieuses du pays, notamment les Oulémas et les Khalifes généraux, afin de s’entourer de meilleures garanties consensuelles concernant cette importante décision, qui s’avère certes un mal nécessaire mais touchant un symbole religieux.
Mame Mactar Guèye
Vice-président Jamra
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