Une plaisanterie malvenue ! Interpellée par le Forum civil qui souhaite que le rapport annuel sur les marchés publics soit publié conformément à la loi en la matière, l’ARMP s’en prend aux journalistes qu’elle accuse d’incapacité à exploiter au mieux ce document très attendu. La fuite en avant est patente : le « gendarme » des marchés publics sénégalais, après voir programmé la publication du document, a fait machine arrière. Désormais, elle dit vouloir le faire sous un autre « format » qui privilégie la « pédagogie » au détriment du « sensationnel ». On est où la ?
Halte à la plaisanterie !
Il lui incombe simplement de les rendre publics afin que soit respecté le principe d’information à destination de l’opinion sénégalaise. Et si nécessaire, de saisir les autorités judiciaires pour les cas de violations des dispositions réglementaires par des autorités contractantes. Pour la pédagogie, il lui est loisible d’organiser séminaires et ateliers pour ceux qui en voudraient, à Saly ou à Dakar. Ce n’est pas le problème.
La rétention d’information à laquelle se livre l’ARMP est inédite. C’est la première fois en effet que le rapport annuel de cette institution indépendante est bloqué par son Directeur général. Une extrémité, ainsi que le rappellent des experts en marchés publics, que même Abdoulaye Wade, au plus fort de sa disgrâce, n’a jamais atteinte alors qu’il en avait peut-être les moyens !
En réalité, l’ARMP en est arrivée à ce stade de violation de la loi pour plusieurs raisons qui pourraient finir par n’être qu’une. Soit elle subit les pressions des plus hautes autorités, d’où sa volonté de recourir à cette fameuse pédagogie dans la publication des audits. Soit elle voudrait plaire au pouvoir en neutralisant en amont les « déballages » inhérents aux incartades de certaines autorités contractantes. C’est la « gestion sobre et vertueuse » naguère promise urbi et orbi mais passée de mode qui risque d’être en procès.
Les audits de l’ère Sall
Le moment est important car les audits qui tardent à être publiés, ceux de 2013 et 2014, concernent intégralement la gestion de l’ère Macky Sall. Et c’est peut-être cela qui effraie tant notre « gendarme ». Voudrait-il protéger des ministres et autres directeurs généraux alors qu’on sait que depuis l’arrivée du Président Sall, il y a une explosion historique des marchés de gré à gré, canaux privilégiés des pratiques de corruption dans la passation des marchés publics ? Ce qui est vrai, c’est qu’on en a fini avec Wade en ce qui concerne les rapports de l’ARMP !