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La Relance De Suneor : Une Simple Cession Ne Suffit Pas

La Relance De Suneor : Une Simple Cession Ne Suffit Pas

Nationalisation ou dérégulation des activités de SUNEOR, le potentiel de la structure ne sera mis en valeur qu’à la condition de son ajustement à la concurrence étrangère. S’il faut reprendre ce bijou de la main d’Abbas Jaber pour le remettre à un autre chercheur de profit sans que les conditions de production et de commercialisation optimales ne soient assurées, un échec s’en suivra à coup sûr. La relance de la première société agroalimentaire du Sénégal doit, pour combler les attentes, s’accompagner d’une réorganisation de toute la filière; sinon elle débouchera sur une SUNEOR bis.

La Banque mondiale et le Fonds monétaire international nous acculent au respect des dispositions de l’OMC et de l’UEMOA quant à la libéralisation du marché de l’huile végétale raffinée. En même temps, l’huile d’Asie, qui passe par la Côte-d’Ivoire et labellisée UEMOA, inonde le marché intérieur sénégalais et menace du coup la rentabilité de l’huile végétale brute importée puis raffinée par SUNEOR. Dès lors, des barrières tarifaires comme mesures de sauvegarde s’imposent à tout le moins. Il y va de la survie et de la pérennité de l’industrie. Sinon, n’importe quel repreneur sera à nouveau confronté à cette concurrence déloyale sous le couvert du tarif extérieur commun.

L’UEMOA permet à ses membres d’appliquer des mesures de sauvegarde. L’État membre doit être « …confronté ou menacé d’être confronté à des difficultés graves dans un ou plusieurs secteurs de son économie, du fait de la mise en œuvre des règles générales de l’union douanière et de la politique commerciale commune… ». Pourtant, la levée de la taxe de sauvegarde de 25% en 2008 qui protégeait jusque-là la branche nationale de raffinage dans ses parts du marché intérieur des huiles comestibles, l’a exposée à l’invasion d’huiles de palme du sud-est asiatique à travers SIFCA, concurrente ivoirienne. Il s’agit ni plus ni moins d’un détournement de trafics qui s’opère avec l’approbation des bailleurs, de la CEDEAO et de l’UEMOA.

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Le Groupe Advens, actionnaire majoritaire de SUNEOR, n’a pas les moyens de prospérer dans ce sous-secteur alors que l’État sénégalais assiste impuissant à l’inondation du marché. Le décret du 10 septembre 2009 qui interdisait la commercialisation de toute huile contenant plus de 30% d’acides gras saturés n’était qu’un prétexte destiné à privilégier la production locale. La Côte d’Ivoire avait saisi la CEDEAO et l’UEMOA pour « entrave à la libre-circulation » et avait eu gain de cause. Le désaveu de la Banque mondiale ainsi que le paradoxal soutien de l’Union nationale des commerçants du Sénégal (UNACOIS) ont été précieux dans cette croisade de la Côte d’Ivoire contre la tentation protectionniste du Sénégal.

Face à cette nouvelle donne imposée par l’espace économique sous-régional, il ne nous reste qu’à réorienter rentablement les activités principales de SUNEOR. Ne vaudrait-il pas mieux privilégier la production de l’huile d’arachide destinée à l’exportation sur l’importation d’huile végétale brute vouée au marché intérieur et sous-régional? En vingt ans, les volumes de graines d’arachide triturées par SUNEOR se sont effondrés, passant de 900 000 à 200 000 t, en raison d’une insuffisance d’approvisionnement. Les commerçants, opérateurs privés stockeurs, ont préféré répondre aux offres d’achat alléchantes des étrangers.

La libéralisation de l’exportation de l’arachide a beaucoup nui à la bonne santé de l’industrie agro-alimentaire. Les opérateurs privés trouvent un intérêt légitime à vendre leurs produits aux plus offrants. En retour, l’État sénégalais doit exiger de ces mêmes opérateurs privés stockeurs un prix d’achat acceptable et compétitif auprès des cultivateurs. Malgré tout, des mesures protectrices quant à l’approvisionnement adéquat de l’industrie, la sécurité et la préservation des semences doivent être mises en place contre l’enchère des négociants chinois, marocains et autres.

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La Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (SONACOS), ancêtre de SUNEOR, qui gérait l’ensemble de la filière arachidière, avait pourtant accumulé des dettes à hauteur de 60 milliards de FCFA. La Banque mondiale avait alors exigé la libéralisation de la commercialisation de l’arachide. Ainsi, en 2001, la SONAGRAINES, filiale de la SONACOS qui assurait l’approvisionnement en graines d’arachide à la maison-mère, a été dissoute avant même qu’une alternative crédible ne soit mise sur pied. Comme quoi, les obstacles structurels de la filière arachidière datent d’avant la reprise de la SONACOS par Advens et sont principalement à l’origine de la faillite.

Birame Waltako Ndiaye

waltacko@gmail.com

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