Dans tous les pays du monde, la Fonction publique constitue le groupe de connaissances et de personnes qui ont pour rôle et mission de transformer les idées de l’exécutif en actes concrets. Pour qu’elle soit efficace il faudra qu’elle participe activement à la conception et à la mise en oeuvre des politiques publiques d’une part. D’autre part, elle devra veiller à la bonne exécution des décisions prises en se basant sur les mécanismes existants tout en étant créatifs et novateurs dans leur pratique.
Toutefois, nous sommes nombreux à nous questionner sur le fait que depuis notre indépendance notre Fonction publique n’a pas été en mesure de produire des résultats probants sur les plans éducatif, économique, technologique, médical… Nous nous demandons aussi pourquoi malgré la succession des responsables au sommet de l’État, la croissance et le développement durable restent encore des discours comme si les dirigeants n’étaient pas capables de réfléchir sur une politique qui mène vers le décollage économique et social.
Si, en 2015, le Sénégal (l’administration) est encore dans la recherche de solutions pour sortir l’école des labyrinthes et que la question de l’énergie est toujours considérée comme une patate chaude qu’aucun chef de l’État ne veut réellement tenir, c’est parce que tout simplement nous dormions longtemps sur nos lauriers et que nous sommes un peuple qui se glorifie du peu.
Prendre comme modèle une école de 100 élèves qui aurait atteint 100% de résultats au Bfem et s’en glorifier est le signe crucial d’une manque d’ambition. Communiquer sur une prévision de 6.4% de croissance de notre PIB en est de même.
Une telle analyse macroéconomique manque complètement de rigueur et de profondeur. En effet, comment notre gouvernement peut-il sortir un cas totalement isolé pour en faire un cheval de troie?
L’École va mal et tout le monde l’a constaté. La santé va très mal et nous l’avons tous vu. La pauvreté demeure toujours au pays de Senghor et nous l’avons remarqué. La corruption est toujours présente: nous l’avons tous remarqué. Le tourisme est presque inexistant et l’ensemble de la population s’est mis d’accord sur cela. La difficulté de nos fonctionnaires à produire des résultats de haute facture est connue de tous…Disons nous la vérité, mes chers compatriotes, le pays va mal et très mal; d’où l’urgence de changer de cap.
Pour sortir de ces situations difficiles nous devons nous regarder en face et nous interroger sur notre responsabilité en tant que nation. Je ne m’arrête pas sur la gestion de Macky car ce dernier ne peut pas être responsable de l’héritage de tout un peuple, de toute une histoire nationale. J’impute cette faute à notre incapacité à produire des personnes bien formées dans tous les domaines de la vie de notre pays pour définir et accompagner les politiques publiques. De façon globale notre fonction publique telle que systématisée est incapable de répondre aux attentes des populations, de mettre le pays sur les rampes de la modernité et de la croissance durable.
Comment voulez-vous que le Sénégal fasse des résultats probants au regard de l’ossature de sa fonction publique ? Notre Ecole nationale d’administration (Ena) n’est pas en phase de mettre sur le marché du travail des personnes aptes et capables de définir des stratégies pour aider les politiques à trouver des solutions. Disons nous la vérité, car le système éducatif public actuel n’est pas en mesure de former des fonctionnaires et managers publics capables de compétir et d’innover, créatifs avec un niveau d’éthique élevé et qui sont là uniquement pour servir et non se servir… Notre Ena est encore en train de produire des administrateurs civils comme à l’époque coloniale….
Hors ce dont nous avons besoins ce sont des administrateurs publics formés sous l’ère de la Nouvelle Gestion Publique et qui sont imprégnés des nouveaux outils du management des affaires publiques. Des inspecteurs des impôts, des inspecteurs de douanes, des inspecteurs de travail, des commis publics qui n’ont aucun impact sur la marche du pays nous en n’avons plus besoin.
Ce modèle doit être transformé et mettre l’accent sur des concepteurs, des gestionnaires-transformateurs…il est temps de sortir du modèle français qui vient de montrer à la face du monde qu’il est loin de produire des résultats satisfaisants. C’est toujours dommage de voir que le Sénégal cite encore le pays de hollande en modèle. Le modèle anglo-saxon continue de faire ses preuves et devrait inspirer nos dirigeants.
Pour construire un pays il faut l’adhésion et la contribution de l’ensemble de ses citoyens. Alors limiter à notre Fonction Publique aux seules personnes formées à l’Ena est un signe crucial d’une absence de volonté de nos dirigeants à trouver des solutions.
Les Sénégalais rayonnent à travers le monde et ce dans presque tous les domaines qui sont en lien avec notre économie. Le modèle mise en place n’est pas opérant et le système public doit être revisité en profondeur avant de se mettre en mode combat pour faire croître le pays.
Le Sénégal a besoin de dirigeants capables de faire naître à ses concitoyens le Sentiment d‘Appartenance Nationale; ce qui nécessite des politiques inclusives. Nous avons aussi besoin d’un leader (à l’image de Lee Kuan Yew) qui est en mesure de renoncer à ses privilèges indus (fond politiques de 10 milliards, avion présidentiel…), de mettre à côté sa personne, de s’écarter de toute politique démagogique, de penser à son lègue plutôt qu’à son présent, de se mettre totalement à trouver des solutions durables pour le pays…Cette politique inclusive consistera tout simplement à considérer tous les talents du pays comme de la diaspora et de les placer là ils seront en mesure de produire des résultats.
C’est dans cette perspective que les organes de contrôle de l’administration publique auront toute leur légitimité et l’on n’aura point besoin d’organismes pour caser du personnel politique et des organisations tape-à-l’oeil du genre Ofnac, Fongip, Haut conseil des collectivités, Cese.
J’ai vraiment peur pour mon pays et jusqu’à date je ne voix aucun acte qui est posé pour faire progresser le pays. Tout au contraire, les actions de tous les jours montrent que les dirigeants ne sont là que pour leur intérêt propre et leurs actes sont magnifiés par une presse sans formation ni conviction.
Je rêve du jour où les sénégalais majoritairement pauvres se réveilleront et exigerons de leur dirigeant de façon sincère la bonne administration de leurs ressources publiques.
Je rêve du jour où le peuple sera debout et exigera de toute personne qui a une charge publique de répondre juridiquement de ses actes.
Je rêve du moment où les populations se montreront fermes face aux personnes qui pillent tous les jours ses maigres ressources.
Je rêve aussi du jour où les Sénégalais réfléchiront 10 fois avant d’accepter un poste de gestionnaire public du fait des exigences et des responsabilités qui y sont liées et du jour où un fonctionnaire condamné soit emprisonné dans les mêmes conditions qu’une personne qui aurait commis un actes délictuels (fin d’une justice à 2 vitesses).
Je rêve enfin d’un pays où les médias mettront le focus plus sur les Hommes qui ont un comportement exemplaire plutôt de s’intéresser à des gens qui retournent facilement leur veste pour des leur propre intérêt à l’image de Moubarack Lô, Latif Coulibaly, Aziz Diop, Jules Diop, Abdou fall, Ousmane Seye, Thierno Lô qui ont ni conviction ni aucune moralité.
C’est en ce moment que je pourrai advancer que notre fonction publique sera efficace et notre peuple souverain et debout.
Il est temps de changer de Cap!
Fall Amar
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