En politique, l’argent semble n’avoir pas d’odeur sous nos cieux. Où alors un jeu de dupes dûment entretenu à l’occurrence continue d’amuser la galerie ! Des sommes faramineuses sont toujours dépensées durant les campagnes électorales et dans les partis politiques sans que personne ne daigne se soucier de leur provenance exacte. Tout le monde semble fermer les yeux sur ces fonds qui rivalisent d’opacité au niveau du champ politique national.
Et l’affaire Diack aura eu l’avantage de les remettre sur la table. Avec l’argent des russes, une partie de l’opposition d’alors aurait bénéficié des largesses de l’ancien président de la fédération internationale de l’athlétisme. La question que se pose est de se demander de quoi se plaint-on ?
En vérité, les financements occultes en période de campagne électorale ont toujours existé au Sénégal. Et toutes les franges nationales engagées dans la quête des suffrages reçoivent pour la plupart des financements dont ils n’ont jamais déclaré la provenance. Des exemples patents jalonnent encore le sillage politique de notre cher Sénégal. Pourquoi diantre l’affaire Diack soulève-t-il tant de vagues ?!
De 1960 à 2016, tenter de répertorier tous les fonds politiques provenant de l’extérieur pour le compte de Sénégalais briguant des postes électifs relève presque de l’impossible. Tant ces fortunes sont inestimables. C’est dire que l’urgence devrait surtout porter sur un contrôle drastique de ces fonds par la toute puissance publique. C’en est devenu un impératif majeur. Le but étant d’empêcher aux mécènes aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur, d’exercer une influence excessive sur la sphère politique nationale.
Dans un pays comme le nôtre qui compte plus de 200 partis politiques, il urge à l’Etat d’élaborer des lois qui empêcheraient aux riches particuliers de puiser dans leurs fortunes personnelles pour faire des dons à des candidats à des fonctions politiques. Ce serait un précédent dangereux pour le renforcement de notre démocratie.
Il est évident que des lois réprimant des cas délictuels de cette nature sont consacrées par notre constitution. Cependant des lois qui viseraient spécifiquement le financement des partis politiques et des campagnes électorales, il n’en existe pas encore. Et l’on sait pertinemment qu’au Sénégal, est-on le plus obtus en politique dès lors qu’on détient un butin de guerre, alors on est peinard. C’est la triste réalité.
La publicité télévisée coûte cher, le temps d’antenne dépend des moyens dont on dispose, les frais de transport des militants doivent être pris en compte, les prospectus et t-shirts dégagés, les en-cas à distribuer aux militants prévus, l’achat de conscience légitimité, etc. Autant de dépenses en tout cas qui incitent entre autres les candidats à chercher de plus en plus de l’argent auprès des grandes fortunes.
L’affaire Diack n’en est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et les butins de guerre aux origines inconnues restent toujours une pratique courante durant les campagnes électorales. Il appartiendra à l’Etat de procéder au contrôle des sources de financement des campagnes électorales afin de réguler l’égalité des chances entre candidats postulant aux postes électifs. Seulement dans une véritable démocratie, ce rôle est surtout dévolu au pouvoir législatif.
Alioune TOP