«Il faut peu de mots pour dire l’essentiel, il faut tous les mots pour le rendre réel»,a dit un poète surréaliste.
Logorrhée verbale, délire du dire et autres palabres stériles et inopérantes ont atteint leurs limites objectives au Sénégal. Pendant que les apéristes s’étripent et se crêpent et sabordent leur communication tout en décrédibilisant leur patron que décidément personne parmi eux ne respecte, nous autres acteurs du jeu politique sénégalais observons, abattus, ce débat sur la réduction du mandat mackyen devenu ridicule, où des Farba nous débitent des farberis du genre qu’ils feront campagne pour le non au référendum, tandis que comme pour emboucher la même trompette le très piquant docteur Kanté annonce péremptoirement que tous les voyants au Port sont au vert, et que fort de son succès il réélira Macky dès le premier tour, en 2019 ! Si les choses continuent comme ça, bientôt il sera inutile que nous gaspillions des milliards à organiser un référendum pipé dès le début et dont les résultats seront connus à l’avance par tout le monde !
Il sera en effet plus facile de faire du « wathie daano si guena gaaw » ; d’ailleurs personne n’en sera surpris, car Macky pur produit du Pds a vraiment de qui tenir en matière de waax waxeet, encore que ceux qui pensent comme moi applaudiront des deux mains, car je milite et militerai irréductiblement pour un mandat de 07 ans.
Les pays développés, je le dis et je le répète peuvent se payer le luxe de mandats de 4 ou 5 ans. Dans ces pays, c’est juste du changement dans la continuité. Au Sénégal où tout est à construire, on ne peut passer notre temps à faire des élections tous les cinq ans à coups de milliards. Soyons sérieux.
Pour ma part donc, je laisse les deux camps de larrons de l’APR se battre comme des chiffonniers. En attendant le troisième larron qui les enverra en retraite anticipée, s’ils n’y prennent garde, leur mentor décidément atavique qui s’énerve contre les mauvaises personnes, alors que la polémique enfle à cause de ses affidés, en premier. PauvreMacky-Œdipe !
Pour une fois et pour surtout orienter le débat loin des futilités du moment, je partagerai quelques réflexions à haute teneur économique avec nos amis de l’APR, qui décidément se trompent de cheval pour galoper vers l’émergence.
J’avais en son temps dans une de mes chroniques affirmé clairement que l’agriculture, fer de lance du secteur primaire était le levain du développement économique et social, et tant que les paysans sous Macky étaient maintenus dans l’indigence, la précarité et la misère, le Sénégal ne décollerait pas.
Aujourd’hui tout le monde sait que la croissance est tirée par un secteur tertiaire, contrôlé par des puissances étrangères, dans des secteurs à forte valeur ajoutée qui échappent au secteur privé national : les télécoms, les banques, les services et j’en passe.
La relance de l’agriculture passera indubitablement par la réalisation du Canal du Cayor. Outre le fait que ce canal sauvera Saint-Louis d’une disparition certaine, sa réalisation permettra de se passer de l’imprévisibilité des hivernages pour impulser une agriculture basée désormais sur la maîtrise d’un de ses facteurs les plus importants : l’eau. Tous les paysans sénégalais ne peuvent émigrer au nord et s’improviser cultivateurs de riz, et la politique de mécanisation lancée par l’Etat a ses limites objectives. Tous les exploitants agricoles n’ont pas les moyens de payer le matériel positionné sur les périmètres aménagés dans les zones rizicoles. Et il faut éviter une saturation de ces exploitations dont l’une des conséquences une baisse de la rentabilité, sans compter une augmentation des coûts de production, et une baisse de la qualité.
Réhabiliter les vallées fossiles, c’est donc permettre au bassin arachidier de renaitre. C’est permettre par exemple à Diourbel qui a donné son nom au fameux marché national de produits maraichers de Thiaroye appelé à juste titre Marché Ndiaréme de renouer avec son lustre d’antan, quand les colons chantaient ses jardins suspendus, les magnifiques exploitations maraichères qui entouraient la ville d’une ceinture de verdure créant un micro climat de fraicheur exceptionnel. En réhabilitant à Diourbel la production maraichère, aujourd’hui Macky et son régime contribueraient à enrichir des producteurs dotés d’un savoir faire ancestral, sans compter que maintenant avec la proximité de Touba qui est un centre de consommation des plus proches, la production dans sa majorité pourrait être écoulée à moindres frais.
Réhabiliter les vallées fossiles, c’est aussi relancer la production rizicole au Sine et au Saloum, sans compter la régénération des marigots et autres lacs intérieurs, avec un potentiel de pisciculture formidable en termes de retombées économiques.
Et que dire de la zone agro Sylvio pastorale, qui pourra alors davantage aller vers un élevage intensif de plus haute qualité, avec la diminution de la transhumance éreintante à la recherche de pâturage ?
Cela est faisable. L’ambassadeur des Pays Bas avait offert l’aide de son pays à travers la mise à disposition de son expertise pour régler définitivement la question de la brèche sur le fleuve Sénégal qui fait disparaitre quotidiennement des villages entiers. Je me rappelle la promenade de l’ambasadeur des USA sur la côte vers Potou, pour attirer diplomatiquement l’attention de nos autorités sur l’avancée de la mer et ses conséquences sur Saint Louis.
Avoir de l’ambition c’est voir grand. Une bonne politique c’est véritablement celle qui permet au plus grand nombre de sénégalais d’être autonome, ce n’est pas maintenir 300 mille familles dans l’assistanat avec de bourses de misérabilisation familiale qui ressemblent plus à du sarakh, pour paraphraser Djibo Ka.
Il est bon d’initier des autoroutes, il est bon de construire des rails. Mais si ces infrastructures sont réalisées sur la base de prêts concessionnels sur 25 ans à rembourser sans qu’il y ait une activité économique capable de les amortir et d’en supporter le remboursement, on appauvrira davantage notre pays, avec en conséquence le même constat amer et révoltant fait par le ministre des finances à propos du centre des conférences Abdou Diouf : pas de rentabilités, des couts d’entretien à supporter, des charge d’exploitation à payer, et des échéanciers à rembourser, inutilement.
Certains programmes auraient pu être plus utiles et rentables, ailleurs ; à titre d’exemples, citons la Casamance et son formidable potentiel de production fruitière. Combien de tonnes de mangues pourrissent chaque année sur place, faute de moyens de cueillette, de conditionnement, de transport. C’est pourtant l’une des premières recettes d’exportation du Sénégal. Qu’est ce que notre pays fait pour créer une véritable chaine de valeurs autour de cette filière ? Rien !
Le développement ne peut être endogène et partagé que s’il est basé sur les véritables ressources propres de notre pays. Tant que nous n’aurons pas le courage de déterminer une politique qui valorisera nos ressources propres et enrichira les premiers acteurs qui doivent tirer notre croissance, les paysans, nous n’irons nulle part.
Le PSE et tous ses projets grandiloquents seront beaucoup de bruits, pour rien. Le pire, c’est que l’équipe gouvernementale et les différents responsables de sa mise en œuvre ne sont pour la plupart, ni compétents, ni outillés pour en apprécier les véritables enjeux, opérer les recadrages nécessaires et impulser les bonnes démarches gages d’efficacité.
Macky aura beau s’égosiller pour que les choses avancent, Dionne aura beau crier, encadrer etrecadrer, rien ne pourra se faire en temps et en heure, et dans les règles de l’at. Il manque à cette équipe de mercenaires politiques plus forts en querelles de bornes fontaines l’essentiel : la compétence.
Malheureusement pour eux, et malheureusement pour notre pauvre pays, « La compétence est l’intelligence de l’action » et ni eux, ni Macky le savent.
Cissé Kane NDAO
Président de l’A.DE.R
ciskane_cr@yahoo.fr
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