L’histoire du Sénégal a été, et continue de l’être, fortement marquée par le clivage entre Senghor et Cheikh Anta Diop. Deux contemporains et ouvriers du Sénégal indépendant, chacun dans un registre prédéterminé par la division du travail d’influence idéologique sur la marche de la société, dont la mise en opposition pourrait relèver davantage de la construction sociale, de l’interprétation historiographique et de la rationnalisation politique que de la réalité historique. En attendant de pouvoir étayer cette thèse ailleurs, il suffit maintenant de souligner un paradoxe qui prospère de nos jours: le Sénégal d’aujourd’hui, celui des trois dernières décennies, est caractérisé par une sorte d’absence, d’exil imposé, de ces deux bâtisseurs. Dé-diopisation senghorienne et dé-senghorisation dioufienne obligent ? Dans tous les cas la tentative de réactualisation de la vocation panafricaniste et nationaliste par le wadisme post-alternance semble avoir manqué de réussite.