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L’alphabétisation, Un Outil Indispensable Pour Un Sénégal émergent

L’éducation et la formation sont des vecteurs importants pour le développement des ressources humaines.

Le Forum mondial sur l’éducation ( Dakar 2000) a réaffirmé le principe énoncé dans la déclaration mondiale sur l’éducation pour tous ( EPT ) ( Jomtien , Thailande , 1990) selon lequel toute personne –enfant, adolescent ou adulte –doit bénéficier d’une formation conçue pour répondre à ses besoins éducatifs fondamentaux, au sens le plus large et le plus riche du terme.

La décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation (2003-2012) avait pour objectif d’étendre l’alphabétisation à ceux qui n’y avaient pas accès. C’est le cas de plus de 861 millions d’adultes. La décennie s’est concentrée particulièrement sur ces populations, avec pour mot d’ordre : L’alphabétisation pour tous : la parole pour tous, l’apprentissage pour tous.

Les statistiques de l’Unesco révèlent que dans le monde, quelque 781 millions d’adultes dont deux tiers de femmes sont dépourvues de compétences minimales en matière d’alphabétisme. Les taux d’analphabétisme demeurent très faibles. Dans la référence de l’alphabétisation issue du colloque de Kolda, la définition de l’alphabétisation varie selon la spécificité des programmes. De nos jours, avec les défis à relever, la contribution de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales à l’éducation pour tous et continue suppose que l’alphabétisation soit réellement fonctionnelle et intégrée, dans une perspective d’adaptation des cibles, c’est-à-dire d’insertion sociale et de participation effective et consciente à toutes les initiatives de transformation du milieu.

L’alphabétisation dans, ce cas, doit s’adapter à toutes les situations et à toutes les demandes de formation exprimées, en tenant compte des urgences, mais aussi des mutations rapides de la société sénégalaise inscrite dans le processus de la mondialisation.

Ces ruptures fondamentales et nécessaires s’inscrivent dans la dynamique d’une alphabétisation tout au long de la vie, concrète et efficace et qui, à terme, doit assurer l’autonomisation des populations.

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L’alphabétisation contribue à améliorer la productivité des acteurs économiques et de la compétitivité de l’économie nationale, le développement durable et la bonne gouvernance, en mettant en valeur les ressources humaines par l’éducation et la formation.

Dans cette optique, l’alphabétisation et la promotion des langues doit être au cœur du dispositif de lutte contre la pauvreté face aux exigences de développement, de démocratie et de modernisation qui nous interpellent pour contribuer à l’émergence de citoyens enracinés et ouverts qui sont de véritables agents de développement, participatifs et responsables.

Cette conception de l’alphabétisation lui confère une acception large et dynamique qui désenclave le concept pour une alphabétisation pour tous et une éducation permanente des adultes intégrées dans une vision globale du développement, surtout local, qui demande, en plus, des partenariats, des approches diversifiées et multisectorielles pour répondre aux besoins et aspirations des bénéficiaires à la base. Il s’agira d’une intégration au système d’éducation en vigueur, en développant une synergie de complémentarité avec le formel général, la formation professionnelle et la post-alphabétisation le tout dans un environnement lettré pertinent en langues nationales.

L’initiative pour l’alphabétisation : savoir pour pouvoir (Life) coordonnée par l’Unesco est une action concertée afin d’appuyer la décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation en accélérant les progrès vers la réduction sensible de l’analphabétisme.

Cependant, la lutte contre l’analphabétisme au Sénégal a connu un véritable programme national cohérent avec le colloque de Kolda de 1993.

Le plan d’actions d’éradication de l’analphabétisme qui s’en est suivi s’assigne comme objectif prioritaire la réduction du taux d’analphabétisme de 5% par an.

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De 1994 à 1997 le nombre d’auditeurs a augmenté de 17,66% ce qui représente un accroissement moyen annuel de 4,41 %.

Cette croissance est à mettre à l’actif des phases d’extension et de démarrage des grands projets nationaux, le Papf, le Papa et Alpha Femmes. L’alphabétisation est une compétence transférée aux collectivités locales depuis 1996 avec l’adoption de la Loi 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert des compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales. L’alphabétisation est un champ ouvert à des initiatives diverses : plusieurs ong, sociétés, organismes de développement, associations culturelles et ministères tels que celui de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, celui de l’Agriculture, du Commerce et de l’Artisanat, de la Santé et de l’Action sociale, de la Justice, participent à sa mise en œuvre. Toutes les tranches d’âges, y compris les adultes, devraient bénéficier des possibilités d’apprendre et de continuer à apprendre. L’apprentissage tout au long de la vie inclut aussi un enseignement et une formation professionnelle.

Les avantages tirés de l’alphabétisation au Sénégal et plus particulièrement chez les femmes, sont bien connus comme la plus grande participation au marché de travail, mariages moins précoces, amélioration de l’état de santé des familles autant de facteurs qui contribuent à réduire la pauvreté et à améliorer les perspectives d’avenir.

Il est nécessaire d’instaurer une approche sectorielle et multisectorielle dans l’élaboration des politiques et des plans d’alphabétisation ainsi que des budgets correspondants en renforçant la collaboration et la coordination entre les ministères notamment ceux de l’Education , de la Santé, de l’Elevage, de l’Agriculture, de la Pêche, de la Femme et de la Famille, de la Décentralisation, de l’Industrie, la société civile active en alphabétisation, le secteur privé et les partenaires bilatéraux et multilatéraux.

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Une bonne politique d’alphabétisation devrait utiliser les langues maîtrisées par les populations et mettre l’accent sur la revalorisation des acquis dans ces langues. Ceci implique la création d’un environnement lettré multilingue dans les domaines culturel, économique, administratif et politique, ce qui constituerait des motivations importantes pour les apprenants.

Une complémentarité fonctionnelle entre les langues locales et le français devrait avoir une bonne place dans les politiques d’alphabétisation et d’éducation non formelle principalement financiers.

Le faire–faire : une stratégie gagnante. cette stratégie a été mise en application en 1995 au Sénégal. La stratégie du faire-faire est une décentralisation, c’est la délégation des fonctions de conception et de mise en œuvre des programmes adaptés à la demande éducative à des acteurs de la société civile connus, reconnus, capables, respectueux d’un cadre de référence élaboré par l’Etat. Cette stratégie a permis de mobiliser des ressources importantes, par exemple, plus de 18 milliards entre 1994 et 1998. Des méthodes et des approches novatrices de livraison des programmes garantissaient la qualité et l’efficience.

L’alphabétisation contribue aussi à la cohésion sociale, à la citoyenneté active, à la promotion des langues nationales, au développement de la formation professionnelle.

Capitalisant une expérience depuis des années dans ce sous secteur de l’éducation, nous sommes convaincus que l’alphabétisation peut contribuer, de façon significative, à l’atteinte des objectifs du Plan Sénégal émergent.

 

 

Silèye Gorbal SY

Spécialiste en Management des Politiques Educatives

Président Cnept Sénégal

Coordinateur Coalition Africaine pour l’Alphabétisation

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