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Sokhna Diara Bousso était-elle Belle ?

Sokhna Diara Bousso était-elle Belle ?

En souhaitant un excellent Magal de Porokhane à tous les condisciples , plus particulièrement à nos sœurs mourides qui ont fait de Sokhna Diara Bousso leur modèle, nous souhaiterions partager avec elles cette interrogation que nous avons toujours eue par rapport à l’histoire de la sainte mère de Cheikhoul Khadim.

En effet, bien qu’il existe un très grand nombre de récits relatifs à tous les aspects de la brève mais très riche biographie de Sokhna Diara, rapportés par l’hagiographie mouride, nous n’avons jamais eu d’information sur sa beauté, son élégance ou d’autres éléments physiques pourtant si chers à nos sœurs !

Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette carence historique ? Pourquoi celle-ci ne remet-elle en rien en cause sa popularité inégalée et l’attachement de la gent féminine envers elle ? Quelles leçons peut-on en tirer ?

Pour moi, c’est très simple.

Le fait que les caractéristiques physiques de Sokhna Diara importent si peu dans son histoire, dans sa sainteté et dans les insignes faveurs divines dont elle fut pourvue. Le fait que l’on se focalise essentiellement, près d’un siècle et demi après sa disparition, sur ses vertus et sa piété, au point de lui consacrer le rassemblement religieux le plus important dédié à une figure historique féminine au Sénégal (et peut-être même en Afrique). Le fait que peu nous importe aujourd’hui qu’elle fut belle ou pas, qu’elle soit une virtuose du « sagnsé » ou non, qu’elle ait un « teint bou rare », ait l’habitude de porter des tissus « risse », aux « niaw » et couleurs assorties, fasse de belles tresses etc. Le fait que tout cela n’ait, aujourd’hui, aucune sorte d’importance à nos yeux, démontre simplement que les choses les plus importantes dans la vie, celles qui resteront en définitive et peuvent profitent à la postérité, dépassent souvent nos caractéristiques physiques, matérielles, éphémères et contingentes (apparence, habillement, look, mode, « buzz » etc.).

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Ce qui, donc, de nous, de notre passage sur terre, restera, c’est le fond (savoir, savoir-faire et savoir-être) et le cœur, mais nullement la forme et le corps. Une forme que les infâmes vers de terre se feront toujours, d’ailleurs, une joie tragique de digérer en quelques jours de tombe.

Pour nous, c’est cela la véritable leçon de Mame Diara aux jeunes sénégalaises. Qu’il est, certes, tout à fait normal, pour une femme, de cultiver sa beauté et son élégance (pour, du moins, ceux qui sont autorisés à les apprécier). Cela faisant même, quelque part, partie de la « nature féminine » (ou même humaine). Mais que cette instinctive « culture des formes » ne devrait pas prendre le pas sur les autres considérations de fonds. Sur la culture de l’excellence, dans le savoir et dans la piété. Que les considérations esthétiques qui prennent, malheureusement, l’essentiel du temps, du budget et des activités d’un trop grand nombre de femmes modernes, sénégalaises ou non, ne méritent pas l’importance prioritaire qu’elles leur ont donné dans leur vie. Car ce ne seront ni ta beauté, chère sœur, ni tes nombreux atours qui feront de toi une Sokhna Diara dont on se souviendra des siècles après sa disparition. Ce ne sera pas, non plus, la lourdeur de tes « bagages » et de ton pouvoir d’attraction sur les hommes qui seront déterminants sur la balance de tes actes, à l’Au-delà. Mais plutôt la pureté de ton cœur et de tes actions pour la seule Face Dieu. Sache-le donc, Sokhna si, ce seront d’obscurs vers inconnus qui se paîtront langoureusement, le jour de « ton magal », dans le « bérndé » charnel de ce beau corps dont tu prenais tellement soin, au détriment de ton cœur. Et, crois-moi, aucun de tes anciens prétendants ou amants les plus éperdus ne voudraient plus de toi dans cet état. Hélas !

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La leçon de Mame Diara aux hommes, c’est de persévérer à faire de leurs femmes des modèles. A les aider à dépasser leurs limites, à supporter leurs imperfections et à les orienter vers la vertu, le sens du dépassement et les choses qui durent. Vers Dieu. Mais pas à les considérer comme de simples objets de plaisir, abandonnés aux futilités, comme des mannequins soumis aux canons de la mode et de la beauté physique pour satisfaire nos égoïstes caprices masculins. Car, même si la nature a rendu importants les critères d’attirance physique, ces derniers s’avèrent, avec le temps, moins décisifs et finissent souvent par être supplantés par les valeurs plus durables.

Faisons donc de nos femmes, de nos sœurs et de nos filles des Sokhna Diara et des Fawad Wéllé pétries de Ngor et soumises à leur Seigneur. N’en faisons pas de vulgaires Beyoncé et des Rihanna sans vertus, soumises à la passion et au clinquant de cette vie éphémère.

 

A. Aziz MBACKE Majalis
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