Tout le débat articulé autour de la doctrine juridique sur l’avis ou la décision du Conseil constitutionnel ne rend pas compte de la seule règle qui vaille en politique sénégalaise: la « faim » justifie les moyens. Macky Sall s’est arrangé pour que son choix réunisse critères et allure de sentence. L’opposition insiste sur le caractère immoral du non respect de la parole donnée pour en appeler à l’émotion publique. En définitive, ni le droit ni la morale n’y est pour quelque chose; il n’est question que de politique fardée, c’est-à-dire tentative d’idéaliser le réel.
Archives journalières : 18 février 2016
Le Conseil constitutionnel n’a pas suivi le Président de la République dans sa « volonté » de réduire son mandat de 7 à 5 ans et de se l’appliquer.
Mandat Présidentiel-Macky Sall Va À Canossa Candidat sans illusion, il s'était trop engagé un peu trop légèrement envers les Sénégalais de l'intérieur et de la diaspora et l'étranger (France et États-Unis notamment) sur des sujets délicats. Élu à la surprise générale, il est allé de revers électoral en désillusions constitutionnelles et tout le monde semble désormais chercher à s'en éloigner. Grâce au Conseil constitutionnel, cela pourrait être possible en 2019. En attendant, la galère continue. Et Vogue La Galère PAR l'avis du Conseil constitutionnel du 12 février, Macky Sall fait un appel d'air pour 3 Ans Encore en revenant sur la réduction de son mandat actuel. Il devrait mettre l'intervalle à gouverner le Sénégal. Le Conseil constitutionnel a enfoncé une porte ouverte depuis avril 2014 et envoyé le président Macky Sall à Canossa en le faisant pédaler en pleine choucroute : priés de donner leur avis sur un package, les cinq sages ont fait dans le glissement sémantique en prenant une décision sans appel ; ils ont ainsi rejeté la principale disposition des quinze points du chef de l'État d'imposer une réduction de son mandat de sept à cinq ans. Le 12 février dernier, le Conseil constitutionnel a notifié à Macky Sall qu'il faut évacuer du montage la mention : "Cette disposition s'applique au mandat en cours" au motif que la mesure constitutionnelle est "intangible et hors de portée, non susceptible de révision". Le président se trouve ainsi dans un cul de sac puisqu'aucune voie de recours ne lui est offerte, la décision du Conseil s'imposant dans toute sa rigueur. De même, les cinq sages invitent l'initiateur des révisions constitutionnelles à plus de modestie en réduisant la forme dogmatique de certaines positions irréversibles. Le pied de nez du Conseil constitutionnel, sorte de bara yeggo (entente tacite) entre le solliciteur et les consultés coulait de source depuis une fameuse intervention à la "radio mondiale" en avril 2014 on l'on sentait un rétropédalage dans le souhait de réduire le mandat de sept à cinq ans : prié de se prononcer encore une fois, Macky Sall avait montré son irritation en rappelant qu'il ne faisait pas les lois, ce que tout le monde savait. Depuis, on sentait le président de la République derrière les rideaux, inspirant d'autant plus un certain doute quant à la faisabilité de la promesse du candidat devenu président que les faucons n'entendaient pas accepter facilement le hara-kiri auquel voulait apparemment les soumettre le chef de la coalition politique au pouvoir : aux vociférations des uns s'ajoutait la dissidence des autres et l'Alliance pour la république, comme lors des Locales de juillet 2014, éclatait entre les partisans du «Oui» ou du «Non». Le 12 février dernier, les cinq sages ont donc fait... droit au souhait du souffleur de respecter le mandat en cours dont la durée est de sept ans ; toute l'argutie antérieure tournant autour de l'esthétique (moderniser, stabiliser, consolider, renforcer et améliorer) qui voulait dorer la pilule de la réduction n'a pas convaincu pour exciper de la bonne foi du demandeur qui se voulait moralisateur du jeu politique sénégalais. Macky Sall a ainsi une bulle d'air de trois ans qui devrait lui permettre de regarder véritablement le Sénégal dans le blanc des yeux. Jusqu'ici, il gouvernait par procuration, avec des alliés peu désireux d'être agréables au chef qui les a invités au banquet de la République.
Dans son message à la nation,en date du 16 Fevrier 2016, pour expliquer pourquoi il considère devoir de se plier à l’AVIS émis le12 Fèvrier par le Conseil Constitutionnel en application de la procèdure de consultation régie par l’Article 51 de la Constitution, le Président de la République dit: “J’entends me conformer à la Décision
Il est des changements d’avis qui changent et dégradent définitivement votre image, le regard de l’autre sur vous…
Ce mardi 16 février 2016, le Président Macky Sall s’est exprimé sur la réforme des institutions. Une des réformes sur lesquelles il s’était engagé en accédant à la magistrature suprême. Dorénavant, le périmètre de la réforme est connu, le référendum est décidé comme moyen de sa mise en place et la date du référendum retenue sera le dimanche 20 mars 2016.
On peut être perplexe quant à l’ampleur ou de la profondeur des réformes. Néanmoins, celles qui sont proposées par le président de la République sont consolidantes. C’est un pas en avant pour le pays. Ces réformes sont pertinentes, elles ont été demandées et voulues par toutes celles et tous ceux qui ont milité et œuvré pour une démocratie solide et stable au Sénégal. Elles ont été demandées tant par la classe politique que par la société civile.
J’appelle donc à voter «Oui»
Ceux qui iront voter «Oui» l’auront fait surtout pour les générations futures dans le souci de leur léguer un pays plus démocratique et une République plus forte.
 Ces dernières années, le débat ouvert sur nos institutions a vulgarisé au niveau des citoyens plusieurs concepts d’une grande importance. Le débat n’aura pas été vain, car il aura alimenté les prochaines réformes institutionnelles pour la consolidation de nos institutions dans un équilibre sain. Le pire des dangers sera d’entretenir notre pays encore dans les polémiques politiques ou politiciennes. En 2019, nous aurons une Présidentielle dans laquelle le Peuple, s’il le veut, peut être beaucoup plus exigeant sur ses attentes et sur le renforcement de nos institutions en imposant un débat plus éclairé à l’aune du précieux travail de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri). Commission qui, dans son rapport final, nous aura fait un condensé pertinent d’une vision sur la vie de nos institutions et de leurs interactions. 
 Mon souhait le plus ardent serait de voir le pays se mettre davantage au travail pour la deuxième moitié de ce septennat.
Que l’élite politique et intellectuelle s’attelle avec énergie et compétence à :
- réduire la pauvreté dans notre pays
- rendre effective la couverture maladie universelle
- rendre effectif l’accès à l’eau dans les zones les plus reculées du territoire
- adapter le Code des collectivités locales en les dotant de plus de moyens
- résoudre le déficit énergétique qui plombe la compétitivité de notre économie 
- être plus attentifs à l’intérêt général dans les nouveaux contrats de concession sur la téléphonie, les mines (gaz, pétrole, or, phosphates ...), les ressources halieutiques, etc.
- résoudre les problèmes dans le monde éducatif et de l’enseignement supérieur pour une meilleure formation et un meilleur outillage de nos enfants, notre future élite
- rendre le pays plus compétitif économiquement dans la sous-région afin d’attirer encore davantage les investisseurs pour un financement éthique de notre développement
- protéger davantage l’environnement et promouvoir le développement durable en réduisant les énergies fossiles dans l’apport en électricité dans notre pays
- veiller à mieux solliciter et valoriser l’investissement des nationaux dans notre économie
- combattre avec énergie le chômage 
- combattre plus férocement la corruption et la concussion
- promouvoir la méritocratie aux dépens du clientélisme quel qu’il soit etc.
Cela est encore plus important, car la compétition internationale est féroce, le Sénégal a des atouts, mais ceux-ci doivent être sauvegardés, affûtés et conservés, sinon on en perdra les avantages compétitifs.
 En résumé, il nous faut davantage un «Etat stratège» managé par des patriotes et où l’intérêt général est sauvegardé. Un Etat qui sera soutenu par tous les strates de son Peuple qui sauront dépasser les clivages partisans. Ces clivages qui sont normaux, sains et nécessaires pour la vitalité de notre démocratie auront des périodes électorales pour s’exprimer.
 Nous sommes dans une phase de construction, chers compatriotes. Il y a eu des signaux encourageants depuis 2012 pour montrer que les choses vont dans le bon sens dans plusieurs domaines de développement. Il faut alors redoubler d’effort dans le labeur. Trois ans nous séparent de la Présidentielle. Ce temps doit nous être utile.  Durant ces trois prochaines années, il faudra éviter de nous installer dans une campagne électorale anticipée, contre-productive pour notre économie et sa compétitivité.
 Ce dimanche 20 mars 2016, un chapitre d’une réforme aura été fermé parmi plusieurs autres, nécessaires à notre développement. D’autres chapitres et chantiers s’ouvriront alors pour notre pays. Nous devrons répondre présents. Un réel enthousiasme sera de rigueur avec un investissement certain, car le temps n’est ni à la paresse ni au bavardage ou au clientélisme, mais au travail.
 Mohamed LY
Président Think Tank Ipode