Jean Paul Diaz a lâché une bombe : « À part Gakou, tous les leaders de parti qui affichent une ambition présidentielle ont puisé dans les fonds politiques ». Le combat pour la bonne marche du pays est celui contre tout un système politique pollué de cabales. Il ne doit épargner aucun des acteurs politiques de l’establishment coupable ; il porte l’estocade sur tous ces politiciens qui sont là depuis des générations et qui perpétuent le jeu pernicieux du « plus beau que moi, tu meurs ». Ce combat prend en apparence la forme d’un cynisme sec et superflu, mais il est à la recherche d’exigences nouvelles et d’alternatives véritables.
Jusque-là, les positions citoyennes sur des sujets d’actualité sont façonnées à partir de simples coups médiatiques suivis d’effets d’indignation. Le « wax waxeet », courant dans le paysage politique sénégalais, n’est pas l’apanage d’un personnage politique en particulier. Il est inhérent au système politique et est le corollaire de nos rapports courbes avec la classe politique. Ces derniers ne sont pas définis par des codes de compétence et de confiance, mais fixés d’avance dans l’agenda des hommes et des femmes à couronner ou à casser. S’il faut dénoncer la transhumance encouragée et promue par Macky Sall et ses acolytes, il faut aussi invalider les vicieuses liaisons destinées à gêner l’édile jusqu’à le raccorder au diable.
Belote et rebelote, la même situation connue en 2012 se reproduit. Macky Sall est désigné homme à abattre, et l’essentiel est de tirer sur lui. Peu importe celui qui dégaine. Pourvu qu’il décharge ses munitions sur lui, il se distingue des intéressés et des infidèles. Ainsi, se déploie la tyrannie d’une logique binaire qui n’autorise pas la nuance et nous fait encore tourner en bourrique. Par le jeu des rapprochements ponctuels et par ses effets d’entrainement, ceux qui, comme Ousmane Sonko de Pastef-Les-Patriotes, pétris de conviction et de sincérité, risquent alors d’être engloutis par la simplification tout azimut des enjeux.
En 2011, Macky Sall était de ceux qui dénonçaient la posture du Conseil constitutionnel. En ce temps, quiconque l’aurait critiqué se serait fait passer pour un apostat. Et pourtant! Aujourd’hui, il est auteur et promoteur du fouillis juridico-politique. Les reproches dont il fait l’objet aujourd’hui, allant de son implication dans la campagne de dénigrement du journal « Il est midi » jusqu’au traitement réservé à Mamadou Dia, étaient déjà connus puis couverts. Il fallait surtout ne pas s’y attarder de peur que ça serve à Abdoulaye Wade, l’ennemi désigné au temps.
Par souci de préservation ou par objectif commun de déstabilisation, les farouches adversaires d’hier se liguent pour faire mal, sans aucun plan alternatif concerté, aucun engagement nouveau. Pas étonnant que les tenants du pouvoir se lancent dans de petits calculs, ne visant qu’à feinter les trappes dressées sur leur passage. Chacun se bombe le torse, tout le monde s’emporte, mais rien ne bouge. Dès lors, il faut s’en prendre et au pouvoir possédant et à l’opposition actionnaire, accuser sans complaisance ce système dichotomique, fait de bravades et de petites combines. C’est aussi ça la participation citoyenne, être équidistant envers tous les acteurs politiques pour mieux les tenir en respect.
Birame Waltako Ndiaye
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