Le fait que le Président Macky Sall ait choisi un message d’adresse à la nation pour s’exprimer sur sa décision de renoncer à sa promesse suite à l’avis du conseil constitutionnel montre à suffisance que le Président lui-même mesure le niveau d’importance que les Sénégalais accordent à cette question.
Cependant on aurait préféré que le président choisisse ce moment si solennel pour restaurer les valeurs que nous partageons tous : Le Ngor, le Deggu le Sam Kadou. Contre toute attente, le président a préféré rater une occasion historique pour entrer définitivement dans le panthéon des hommes d’exception. On n’a pas besoin d’être constitutionnaliste pour comprendre l’article 51 de notre constitution qui stipule clairement que : « Le Président de la république peut, après avoir recueilli l’avis du Président de l’Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel, soumettre tout projet de loi constitutionnelle au référendum ». Le Président a donc bien reçu un avis qui ne le lie pas et ne devrait pas l’empêcher de soumettre son projet de loi dans son intégralité au peuple souverain.
Les choses ne seraient pas aussi graves si le président ne s’était pas entêter à défendre urbi et orbi sa décision de réduire son mandat jusqu’à s’ériger en exemple sur la scène nationale, sous régionale et internationale. Depuis 4 ans le président Macky Sall est cité en exemple par tous les grands de ce monde, il passait ainsi pour une véritable légende vivante aux yeux de l’opinion.
Revenir sur sa décision après s’être engagé de la façon qu’on connaît n’est pas seulement un reniement mais une supercherie politique qui frôle la trahison. C’est ainsi qu’il faut voir les choses.
Mais qu’est ce qui a bien pu peser sur la balance pour que le président attende 4 ans après son élection pour nous servir une pilule de la taille d’une noix de coco?
Pourquoi le président ne s’était pas adressé au Conseil constitutionnel dès le début de son magistère si suivre l’avis ou la décision (excuser la confusion) des 5 sages était son seul moyen d’évacuer la question?
Pourquoi à chaque fois que le Président a été interpellé sur la question il a été catégorique et intransigeant sur sa décision de réduire son mandat contre le vent de ses propres partisans et la marée des médias nationaux et internationaux ?
Pourquoi le Président a fait de la question de la réduction de son mandat un moyen de lifting diplomatique dans les salons les plus feutrés de l’ONU, de la Maison Blanche, de l’Élysée pour après revenir nous servir un message qui fera du Sénégal la risée du monde entier?
Je pouvais continuer à me poser mille et une questions pour essayer de comprendre le Président, pour tenter de lui donner le bénéfice du doute, pour le créditer d’une bonne foi mais l’exercice est fastidieux parce que miné de contradictions.
J’ai entendu un intervenant dans une émission de radio Sénégalaise dire, à juste raison, que charité bien ordonnée commence par soi et que si le Président n’était pas prêt à réduire son propre mandat de 7 à 5 ans il ne devrait pas s’évertuer à réduire un prochain mandat qu’il n’est pas sûr de briguer.
Elhadji Ibrahima Thiaw