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‘‘pour Un Boycott Massif  du Référendum Prévu Le 20 Mars 2016’’

‘‘pour Un Boycott Massif  du Référendum Prévu Le 20 Mars 2016’’

Le président MackySall a convoqué le corps électoral pour l’adoption ou non, par référendum, de son projet de révision constitutionnelle, le 20 mars 2016. En réalité, il s’agira d’un plébiscite inédit : ‘‘POUR’’ou ‘‘POUR’’ le président Macky Sall, le ‘‘NON’’ autant que le ‘‘OUI’’ devant bénéficier au seul initiateur du référendum ; alors que, à son grand intérêt, son projet de révision de la Constitution a été délesté de sa quintessence par le Conseil Constitutionnel. De sorte que ce référendum sera sans objet, même s’il va coûter au contribuable la bagatelle de plus de trois milliards de francs.

Sans objet est aussi l’appel au dialogue du chef de l’Etat, consécutif à son « dédit historique » ;le « dédit de sa vie », en quelque sorte, mais un « dédit historique »politiquement « négocié » de manière malhabile, voire en amateur.

Il est certes inutile de revenir, ici, sur le débat relatif à la réduction ou non du mandat en cours du président de la République. Mais il conviendrait peut-être de rappeler que la durée du mandat présidentiel n’est pas une valeur en soi. Et pour cause, chez nous, nous nous battons pour la ramener de sept à cinq ans ; et ce, pour un mandat renouvelable une seule fois de manière consécutive, alors que sous d’autres cieux, il est tout simplement unique, non-renouvelable immédiatement, et d’une durée pouvant aller, plus ou moins, de cinq à sept ans.

Cependant, une constante veut que le mandat présidentiel, comme tout autre mandat, appartienne au mandant, en l’occurrence le Peuple, mais guère au mandataire.

Cela, le président Macky Sall le sait. Tout comme le savait le candidat à l’élection présidentielle, Macky Sall, y compris lorsqu’il prenait la lourde responsabilité historique de promettre au Peuple la réduction de « son » mandat de sept à cinq ans s’il était élu président de la République.

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La victoire à tout prix ! Voilà donc la logique qui a dû conduire le candidat Macky Sall dans la voie sans issue de ce qui lui colle désormais à la peau comme un « dédit historique » de sa part.

Il s’y ajoute, manifestement, que l’orgueil, doublé de l’illusion de toute-puissance, a amené le président MackySall à s’obstiner, et à se fondre, pour s’y confondre littéralement, dans sa supposée volonté – mainte fois réitérée publiquement, et de manière inconsidérée – de réduire « son » mandat de deux ans.

C’est aussi, certainement, ce péché mignon, l’orgueil, qui avait dû suggérer aux membres de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI) de ne pas donner au chef de l’Etat l’opportunité, d’abord de s’approprier la proposition de réforme de la Constitution élaborée par leurs soins, ensuite éventuellement de la présenter au public comme la sienne propre, après l’avoir convertie en un projet de révision de la Constitution.

Il est d’ailleurs à déplorer que la proposition de réforme constitutionnelle de la CNRI soit arrimée, dans son esprit et sa lettre, au redoutable et sempiternel ultra-centralisme jacobin. Et ce, au mépris de l’urgente nécessité de résolution définitive de la Question nationale, que pose, en toute légitimité, depuis 1982, le problème éminemment politique et institutionnel qu’est le « Problème casamançais ». N’est-ce pas faire insulte à l’intelligence ?

Que vaut, après plus de trente-trois ans de guerre en Casamance, une proposition ou un projet de révision de la Constitution qui ne prenne pas en compte le « Problème casamançais » ?

En tout état de cause, l’histoire, par un soir de février 2016, nous apprend ce que tout le monde savait déjà, nous autres en tous les cas, à savoir que le président Macky Sall n’est aucunement disposé à écourter « son » mandat de deux ans. Car, faut-il encore le rappeler, « vouloir c’est faire et faire c’est vouloir ». Or, fondamentalement, le président Macky Sall ne veut pas réduire « son » mandat de quelque durée que ce soit ; donc il ne le fera pas pour cette seule raison. Qu’à cela ne tienne, qui peut sérieusement lui dénier ce droit ?

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Au demeurant, la « politique par l’absurde » voudrait (i) que le président MackySall, par respect pour la parole donnée, démissionne au terme de cinq années passées au pouvoir, pour aussitôt solliciter un autre mandat. Mais tout le monde sait qu’il ne s’y résoudra pas. (ii) Ou bien qu’il soit contraint d’abdiquer, à la faveur de la victoire du ‘‘NON’’ à l’issue du référendum. Un pas que le président Macky Sall ne franchirait nullement, de toute évidence, sous aucun prétexte.

L’un dans l’autre, et nous voilà donc repartis avec le président MackySall pour deux autres années, au moins.

Peut-être la Constitution aura-t-elle été révisée entre-temps, puis adoptée comme telle par le Peuple, selon le vœu même du chef de l’Etat. Elle n’en resterait pas moins – du moins si le projet de révision constitutionnelle du président MackySall était adopté en l’état – une Constitution non-historique, non-révolutionnaire, pour n’être point, hélas, ni une Constitution consubstantielle aux réalités historiques, territoriales, socioéconomiques, culturelles et politiques du Sénégal, ni une Constitution nouvelle résolument et courageusement dédiée à la résolution définitive du conflit tri-décennal en Casamance.

Pour cela, solennellement, nous appelons les Electrices et les Electeurs sénégalais au BOYCOTT pur et simple du référendum prévu le 20 mars 2016.

Nous demandons tout particulièrement aux Electrices et aux Electeurs casamançais de bien vouloir sanctionner, de par leur éloquente et massive ABSTENTION lors de ce référendum, cette absurdité qui veut que le « Problème casamançais » soit considéré, au Sénégal, comme une quantité négligeable parmi les nombreux autres problèmes sénégalais.

Oui !nous voulons que cette posture soit plus que jamais celle de tous les Casamançais, voire de tous les Sénégalais, épris de justice et de paix. Et nous voulons qu’elle le demeure aussi longtemps que l’on ne daignera pas, au Sénégal, faire de la résolution définitive du conflit en Casamance un motif de révision de la Constitution, expressément inscrit en tant que tel dans tout projet ou proposition de révision de la Constitution.

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Dakar, le 26 février 2016.

Jean-Marie François BIAGUI

Ancien Secrétaire Général du Mouvement

des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC),

Président du Mouvement pour le Fédéralisme

et la Démocratie Constitutionnels (MFDC-fédéraliste)

Jean-Marie BIAGUI

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