En perspective du référendum constitutionnel du 20 mars 2016, il est plus qu’opportun, en ma qualité de ministre de l’Economie, des finances et du plan, que je présente la grille de lecture économique adéquate sur le texte qui sera soumis au vote.
C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de diffuser plusieurs tribunes intitulées «Chronique d’un référendum pour l’émergence», tout au long de cette semaine qui nous mènera au dimanche 20 mars 2016. Elle analyse des faits et une trajectoire économiques, attestés par des documents officiels de référence tels que les lois de finances, les documents de politique économique et les rapports d’institutions financières internationales.
Cette tribune fournira à l’opinion publique les éléments objectifs de l’action économique de Son Excellence le Président Macky Sall qui justifient la tenue de ce référendum et la nécessité d’une victoire du «oui», afin qu’il puisse parachever sa grande ambition pour le Sénégal. C’est la justification de la reprise du fameux slogan qui a fait le succès du Président Barack Obama «yes we can».
Parce qu’il y a cru, il est devenu le 1er Président noir des Etats-Unis d’Amérique. Parce qu’il y croit et y travaille, le Président Macky Sall nous mènera à l’émergence.
Consolidation des institutions pour l’émergence
L’émergence transcende les régimes politiques et les générations de citoyens, c’est la raison pour laquelle l’horizon fixé au Pse est l’année 2035. Il faut rappeler que cette politique économique de référence initiée par le Président Macky Sall, qui en a fixé les orientations stratégiques majeures, s’est enrichie de l’apport de l’ensemble des couches économiques, sociales et politiques de notre pays.
Ce consensus autour de l’enjeu essentiel de l’heure qui est la mobilisation du potentiel et du «génie créateur» de la Nation, afin de mener le Sénégal à l’émergence, a été couronné de succès au Groupe consultatif du Sénégal avec les bailleurs de fonds à Paris le 24 février 2014. C’est pourquoi il nous faut des institutions solides qui transcendent les régimes et les générations.
C’est toute la philosophie du Pse. Cette grande réforme, la dernière des réformes, nous permettra de stabiliser nos institutions pour l’horizon temporel du Plan Sénégal émergent. En agissant ainsi, Macky Sall en homme d’Etat ne pense pas aux prochaines élections, mais aux prochaines générations.
Stabilité institutionnelle, trajectoire des pays émergents exemplaires
Une longue stabilité institutionnelle est le dénominateur commun de tous les pays émergents, qu’ils soient des dictatures ou des démocraties. Dans tous les pays émergents, de Singapour à l’Ile Maurice en passant par l’Inde ou la Corée, nous constatons un consensus politique fort sur les institutions. L’histoire de ces pays montre que la croissance a des affinités aussi bien avec les dictatures que les démocraties.
Le premier pré-requis de l’émergence est cette stabilité institutionnelle qui a permis à Singapour de quitter le tiersmonde pour le premier monde. Cette stabilité institutionnelle a permis à l’Inde de maintenir le cap sur l’émergence, malgré les alternances démocratiques. Cette stabilité institutionnelle a permis à la Chine de passer du péril jaune, à la deuxième économie du monde.
Quel lien entre la stabilité institutionnelle, le référendum et l’émergence
Dans son discours au Groupe consultatif pour le Sénégal, le Président Macky Sall avait déclaré : «Le Sénégal émergent sera la valeur ajoutée du label de notre démocratie. Notre pays est déjà une grande démocratie. Mon ambition est d’en faire une grande démocratie économique.»
Le texte qui sera soumis au référendum de ce dimanche 20 mars 2016 comporte 15 points. Parmi ceux-ci, 9 points ont un lien direct avec la nécessité de stabilisation et de consolidation de nos institutions démocratiques. Il s’agit des points suivants :
Point 1: la modernisation du rôle des partis politiques dans le système démocratique
Point 2 : la participation des candidats indépendants à tous les types d’élection
Point 6 : la restauration du quinquennat pour le mandat présidentiel
Point 7 : le renforcement des droits de l’opposition et de son chef
Point 10 : la soumission au Conseil constitutionnel des lois organiques pour contrôle de constitutionnalité avant leur promulgation
Point 11 : l’augmentation du nombre des membres du Conseil constitutionnel de 5 à 7
Point 12 : la proposition par le président de l’Assemblée nationale de 2 des 7 membres du Conseil constitutionnel
Point 13 : l’élargissement des compétences du Conseil constitutionnel pour donner des avis et connaître des exceptions d’inconstitutionnalité soulevées devant la Cour d’appel
Point 15 : l’intangibilité des dispositions relatives au mode d’élection, à la durée et au nombre de mandats consécutifs du président de la République
Stabilité institutionnelle pour la croissance et l’investissement
Le Président Macky Sall, avec cette grande réforme, offre au Sénégal une stabilité institutionnelle renforcée. Au-delà de cette stabilité institutionnelle, le Président Macky Sall sacralise l’Etat de droit qui est un autre pré-requis de l’émergence. L’émergence est consubstantielle à la sécurité juridique et judiciaire et à l’indépendance de la justice.
Peut-on parler de sécurité juridique et judiciaire ou d’indépendance de la justice dans un pays où le Président est au-dessus des lois ? Un pays où le Président est au-dessus des lois n’attire que des aventuriers, alors qu’un pays où il y a le règne impersonnel de la loi attire les investisseurs.
La décision du président de la République de se soumettre à l’avis du Conseil constitutionnel a été favorablement accueillie par les milieux économiques et financiers régionaux et internationaux. Pour employer un langage boursier, depuis, notre cote ne cesse de grimper auprès des investisseurs, suivant ainsi la trajectoire de notre croissance économique. Le Sénégal a enregistré un taux de croissance de 6,5% en 2015. Ce taux est la meilleure performance économique de notre pays enregistrée ces 12 dernières années.
La stabilité institutionnelle que nous avons depuis quatre ans dans notre gouvernance économique a créé les conditions favorables à notre croissance. «Un bon croquis vaut mieux qu’un long discours», disait Napoléon. En économie, les chiffres valent mieux qu’un long discours. On dit communément que la politique est une aristocratie d’orateurs. Comme nous sommes en économie, laissons parler les chiffres. Ces chiffres militent en faveur du Oui. Un Oui naturel parce qu’étant un Oui de bon sens.
Le développement est la mobilisation des énergies individuelles vers un projet collectif. «Oui» le 20 mars pour que le Président puisse mobiliser toutes les énergies individuelles vers l’émergence qui est notre nouvelle terre promise, après qu’on a atteint celle de la démocratie. La démocratie est le moyen, mais l’émergence doit être la finalité. L’émergence, notre plus grand projet collectif depuis des décennies, vaut bien un Oui.
Pour l’émergence économique, votons Oui. Pour l’émergence Yes oui can.
Amadou BA
MEF