Chers frères et sœurs, nous sommes témoins de l’histoire. Devant un fait qui laissera ses empruntes indélébiles dans notre histoire politique. Aujourd’hui, chacun doit prendre ses responsabilités devant notre cher Sénégal. Jadis, le Sénégal était présenté comme modèle de l’harmonie sociale et le bien vivre ensemble. Malgré, les différences culturelles et les tendances idéologiques ; les interactions sociales donnaient toujours leur apport significatif dans un Sénégal hétérogène. Même si, l’histoire politique nous rappelle des positions citoyennes que certains chefs religieux avaient prises lors que Senghor voulait dicter son modèle de gouvernance.
Malgré, moult dérives d’acculturation et des politiques d’assimilation dans le système de la gouvernance, au détriment de nos valeurs sociétales. Les sénégalais restent toujours ancrés dans leur valeurs religieuses. La colonisation a diabolisé notre estime de soi, nos savoir- faire et nos savoir-compétitifs. Aujourd’hui, nous ne devons pas perdre de vue que les mêmes appareils de gouvernance que les colons utilisaient sur nos ancêtres sont toujours les outils de nos gouvernants actuels. Les colons sont partis mais leur système est toujours là. «Les hommes passent, les institutions demeurent » Une phrase qui mérite une analyse approfondie. Ne faut pas perdre de vu aussi que la politique de l’assimilation coloniale utilisait des outils pour faire durer leur domination. L’École était le premier segment d’assimilation, puis, le système de la gouvernance, par son modèle démocratique et républicain.
Nous savons que le Sénégal est passé par la traitre négrière, puis l’islamisation que la majorité des sénégalais l’ont choisi comme religion. Et, par la suite, ce cher Sénégal est pris en otage par la colonisation que ses séquelles sont toujours là. Une colonisation à vocation assimilatrice, qui ne laisse aucune place à nos valeurs religieuses dans son système de gouvernance. Une rupture totale entre notre SOI et son environnement. Une république qui se réfère toujours à Jules Ferri, Pompidou, Faidherbe…. J’ai honte à entendre des Professeurs de haut niveau se réfèrent tout le temps, sans relativiser sur ce que fait la France. Comme si on est dans un département de l’Outre-mer. Un intellectuel devrait prendre un postulat d’honnêteté, de liberté dans ses argumentations scientifiques, hélas.
J’avais bien voulu voir après moult révisions de la constitution de 1963 et de 2001 une sortie de la colonisation et l’esclavage. Les sénégalais devaient au moins se poser la question de savoir sur quels modèles et lois nous nous référons ?
Est ce que ces lois là, sont faites par nous et pour nous ? Ou bien sont des systèmes qui ont été transposés, imposés, par d’autres ? Comment peut-on comprendre, faire voter le peuple une constitution que sa majorité ne sait même pas lire, ni comprendre son essence, ni sa quintessence! Une constitution écrite toujours par une langue que le segment significatif de la nation ne le comprend pas.
Je pense qu’aujourd’hui, le référendum devrait axer essentiellement sur la remise en cause de notre système de gouvernance, la question de la séparation des pouvoirs, nos modèles économiques, éducatifs et les rapports aux pouvoirs institutionnels.
L’urgence aujourd’hui est d’établir des mécanismes de connexion pour redynamiser nos forces, nos valeurs ainsi que des balises de développement local.
L’urgence aujourd’hui est de bâtir un Sénégal hétérogène, qui fera appel à toutes compétences.
L’urgence aujourd’hui est d’éradiquer la politique d’exclusion et d’assimilation
L’urgence aujourd’hui est de bannir la pensée unique calquée sur le suivisme total de l’occident
L’urgence aujourd’hui est d’œuvrer pour qu’on garde notre souveraineté
En définitif, si voter NON ne triomphera pas le jour du 20 mars, il faudrait qu’on accepte une nouvelle forme de forcing qui laissera nos valeurs religieuses en marge de nos systèmes de gouvernance.
Dr Mouhamadou Fadil KANE
Enseignant -Chercheur en sciences de l’éducation,
Spécialiste en éducation précoce et formation des adultes.
Membre du conseil du programme EPPE
Université de Montréal