C’est à se demander si le Sénégal encore une opposition ! C’est à se demander si en dehors du pouvoir il y a des Sénégalais dignes d’être entendus ou vus à la télévision ! Le Camp du pourvoir a littéralement noyé la visibilité médiatique de toute forme d’altérité par le pouvoir exorbitant de l’argent. C’est à se demander si les Sénégalais n’ont pas changé de Dieu : des imams convoyés dans des 4×4 et conviés à des partages indécents d’une gâteau illicite ! Á l’image des Grecs qui avaient créé une divinité appelée Fortune (divinité qui présidait au partage des richesses), les Sénégalais ont un nouveau Dieu : Argent ! Argent (dont les apôtres sont l’indignité, la trahison et le mensonge) a réussi à convertir des millions de Sénégalais à une nouvelle religion qui s’appelle Hypocrisie. Qui pouvait imaginer que l’argent pouvait pervertir si rapidement et si profondément les ressorts les plus puissants de notre société ?
Mon Dieu qu’avons-nous fait pour vivre dans une société aussi corrompue !
L’âme de patriotes de ce pays est étouffée par une révolte qui ne trouve aucune issue pour s’exprimer : ils sont bouchés tous les espaces sans vergogne. Ils ont été d’une déloyauté que même Satan le lapidé trouverait répugnante. Ils ont corrompu les régulateurs sociaux exactement comme Satan le fait lorsqu’il veut tenter les hommes de Dieu. Satan n’est jamais apparu sous le visage de la laideur, de la méchanceté et du mal, il est toujours drapé du manteau de la sincérité. Il prend le visage d’un ange quand il veut perdre les hommes de Dieu. Quand Satan veut tenter les saints il prie en leur compagnie et les exhorte parfois à adorer leur seigneur. Ce n’est que lorsqu’il réussit à les infiltrer qu’il peut flatter leur ego et les éloigner de leur seigneur. Satan est ingénieux et les voies abruptes de sa perfidie sont d’une délicatesse difficile à dépister.
Tel Satan, ils ont fait le tour du pays pour escroquer les Sénégalais : ils ont juré que rien dans les réformes ne pouvait ouvrir la porte à des dérives antireligieuses. Pourtant l’histoire de l’homosexualité même montre qu’elle s’est toujours introduite petit-à-petit par les portes dérobées jusqu’à squatter la place qu’elle occupe présentement dans les sociétés occidentales. C’est par des glissements sémantiques et par des contorsions conceptuelles que l’homosexualité a réussi subrepticement son ancrage dans les consciences. Les Sénégalais savent-ils que l’homosexualité avait été rangée par l’organisation mondiale de la santé (OMS) parmi les maladies mentales ? Savant-ils que la France avait ratifié cette convention et qu’elle ne l’a abolie qu’en 1993 ? Nos compatriotes savent-ils les voies sinueuses par lesquelles ce péril est passé de vice à vertu ?
Ils avaient dit qu’ils voulaient en finir avec le gain facile : aujourd’hui ils distribuent des milliards pour infléchir le vote des citoyens. Quelle est la pertinence de la CREI, de l’OFNAC et de tous les autres machins juridiques si les autorités corrompent avec des voitures de luxe et de l’argent en direct dans les télévisons. L’arrogance dans la pratique de la corruption n’a jamais été aussi ostensible dans notre pays ! Quelle image le chef renvoie-t-il à sa jeunesse s’il se permet de décréter en direct à la télévision une hausse d’indemnités de chefs de quartier dans le seul but de faire passer ses réformes ? Où sont tous ces marabouts dont le leitmotiv dans les cérémonies religieuses était « Yaxx nagnou Djikko yi » ? Comment un imam peut-il se baisser le Jeudi soir ramasser l’argent sale issue d’une rencontre avec le chef et faire un sermon sur la vertu et la dignité le vendredi ? J’ai honte ! J’ai la honte ! La honte et moi ne font plus qu’une seule et même chose. J’ai mal pour mon pays ! J’ai mal pour ma jeunesse toujours sacrifiée.
L’argent qui coule à flot dans les rues et dans les médias est un scandale sans précédant: le peuple est abruti et dépossédé de sa dignité. La voie de l’opposition au OUI est presque inaudible à cause des grosses sommes d’argent distribuées dans la presse. Tant de violence pour un référendum est un symptôme d’un travestissement du sens et de la portée d’un référendum. Je suis à la fois triste et révolté par le degré de déloyauté des tenants du pouvoir : ils ne reculent devant rien, ils sont prêts au pire pour imposer leur pouvoir et leur vision. L’omniprésence des publi-reportages dans la presse m’intrigue immensément: Hitler agissait exactement de la même façon même s’il n’avait pas les moyens technologiques modernes. J’ai vraiment peur pour mon pays. On corrompt les chefs religieux par de voiture alors qu’en 2012 on leur retirait des voitures que Wade leur avait données; on achète une grande partie de la presse après l’avoir asséchée sous le feu du fisc; on achète la voie de nos élèves et de nos parents au moment où on dit ne pas avoir l’argent pour payer les professeurs.
Á tous ces chefs religieux et autres chefs coutumiers nous suggérons de méditer cette sagesse : « N’incriminez pas le troupeau, incriminez plutôt le berger ».
Alassane K. KITANE, professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès
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