Dire qu’il y a des solutions concrètes pour sortir le pays du gouffre, c’est tromper son monde en lui promettant l’avènement d’un miracle. C’est d’abord un engagement clair et fort d’hommes et de femmes, puis des pratiques exemplaires et renouvelées dans la conduite de la chose publique. C’est ensuite des ajustements permanents, de la concertation constante et beaucoup de sensibilisation. Seule la Grande Légitimité est à même de permettre à l’élu de tenir le gouvernail des deux mains avec soutien et sérénité : le pouvoir institutionnalisé et l’autorité morale.
L’efficacité ou l’apport des dirigeants n’ont rien à voir avec leur niveau intellectuel. Il est question d’engagement des hommes et des femmes censés animer les institutions. Vous remarquerez que la justification ultime des écarts de conduite et des troubles sociaux renvoie toujours aux mauvais comportements des dirigeants. Quand les étudiants, les enseignants, les magistrats sont en grève, l’argument en toile de fond est: puisque les gouvernants se permettent un certain niveau de vie, puisqu’ils gaspillent à tour de bras, nous sommes aussi en droit de…
La conduite de l’élu inspire les forces vives de la nation et donne du crédit à ses actes de puissance publique. Quand Sidy Lamine Niasse a violé la loi en faisant de la propagande le jour du scrutin, l’autorité publique ne pouvait légitiment sévir parce qu’elle était elle-même fautive. La RTS (télévision publique) lui a servi de mégaphone, à elle seule, pendant toute la campagne référendaire. Emprisonner Karim Wade pour enrichissement illicite alors qu’autour du chef de la magistrature gravitent des gens du même acabit disqualifie durablement l’autorité judiciaire et la confiance des justiciables.
Quand un leader (opposition et pouvoir) se dit déterminé à assainir les finances publiques tout en stockant ou compte se servir des fonds politiques exorbitants comme une corbeille de lingots accessible et utilisable à souhait, je me dirai toujours: voilà un imposteur. Laissez-le passer, il va au marché des apparences. Laissez-le passer, il va à la boutique. Il s’installe, profite indécemment des honneurs et des privilèges et finit par s’affaiblir, concession après concession, pour conforter et conserver son pouvoir. Il ne lui reste alors que du pouvoir. En définitive, il perd toute autorité morale et finit par se perdre dans des manigances de bas étages.
Ndiaga Sylla, expert en questions électorales, disait récemment que : « Ici, tout est jeu de pouvoir. Même la société civile s’enlise dans les luttes de positionnement. Une presse, nostalgique de l’absolutisme, bâillonne elle-même le peuple pour garder la rançon. Donc celui qui tient le pouvoir a toutes les raisons pour manœuvrer et en user pour le conserver ». Bien au contraire, celui qui tient le pouvoir peut compter sur la confiance du peuple pour contenir l’assaut pervers des hommes de cour et de discours. Mais, faudrait-il qu’il garde le cap sur la gestion exemplaire, transparente et rigoureuse des deniers publics.
Birame Waltako Ndiaye
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