MBacké souffre. Mbacké se meurt. A la longue il devient redondant de souligner l’asphyxie qui symbolise la vie de la population de Mbacké. Même s’il est d’usage, pour les hommes politiques sénégalais de commencer leur campagne électorale dans cette commune, il n’en demeure pas moins que les promesses n’ont jamais vu le jour. En guise de preuve, depuis le forage inauguré par Abdou Diouf aucun autre projet n’a été concrétisé. Lister les maux de Mbacké revient à en choisir quelques uns, tellement la liste est longue.
Dans le secteur de l’éducation, tous les élèves de Touba et de Kael font leurs études à Mbacké. Et pourtant, la ville ne possède qu’un lycée digne de ce nom. Pour pallier ce gap, des collèges avec des abris provisoires ont été transformés en lycées rendant le quotidien des potaches difficiles. Pire encore, Mbacké est le seul chef de lieu de département du Sénégal qui n’a pas une Case des Tout-Petits. Au passage, il faut peut être en pleurer ou en rire, aucune banque n’a une agence dans cette commune, exception faite des mutuels.
Evoquer les promesses non tenues à Mbacké, c’est aussi jeter un regard dans le secteur de la santé. Sous prétexte que Mbacké est proche de Touba, la commune ne dispose pas encore d’un hôpital digne de son rang. Le désert médical qui sévit dans la ville se résume ainsi: un seul dentiste, un pédiatre. Les rares centres de santé secondaires qui y sont implantés se signalent pas la vétusté des locaux et le manque criard des éléments nécessaires pour la prise en charge des malades. Parler, aux malades, des politiques publiques comme le CMU revient à leur raconter des chimères. On les évoque, personne ne les as vus.
Quant à la culture et le sport, l’équipe municipale en place n’a jusqu’ à présent pas octroyé des subventions aux différentes associations sportives et culturelles. Les jeunes de la commune se débrouillent comme ils peuvent ne disposant pas d’endroits pour leur épanouissement. Cette situation risque de perdurer en ce sens que la culture et le sport ne font pas parties des priorités de l’actuelle équipe municipale. D’ailleurs, dans le plan stratégique de la mairie, il n’est nullement mentionné des projets pour inscrire Mbacké dans la carte villes qui répondent aux exigences de leur temps.
Et pourtant, Mbacké pouvait être une commune phare dans la nouvelle décentralisation. Nombreux sont les députés qui habitent dans le département et qui pourraient représenter honorablement la localité à l’Assemblée nationale. Là se trouve le problème. Ici aussi peuvent surgir les solutions. La population devrait être plus regardante sur les personnes à qui elle confie son pouvoir. Il s’y ajoute aussi qu’elle ne sait pas encore mesurer les enjeux liés aux élections locales. En guise d’illustration, l’actuel maire a beau être un bienfaiteur, évoluant dans le social, il n’a jamais pensé diriger la commune encore moins proposer une feuille de route capable de faire sortir Mbacké de la liste des villes fantômes.
Je profite de cette tribune pour lancer un appel aux jeunes de ne pas laisser le devenir de cette commune entre les mains des rapaces. Sinon Mbacké restera encore le cimetière des promesses.
Moustapha Socé BA
soceba99@gmail.com