« Il semble que soient injustes et l’individu qui transgresse la loi et celui qui se montre cupide et inéquitable. » Aristote, L’éthique à Nicomaque.
Tout commence le soir de la passation de pouvoir entre l’ancien président maître Abdoulaye Wade et son Excellence Macky Sall. Au banquet présidentiel, les opposants les plus virulents au régime libéral jubilent et instrumentalisent l’arrestation de Karim Wade pour se venger de son père, qui a osé écarter du pouvoir et mener la vie dure aux souteneurs de la première alternance démocratique du Sénégal. Ils occupèrent les médias afin de diaboliser le fils et de le faire passer pour un grand voleur et un détourneur de deniers publics.
Le bal débute par le fieffé menteur du PIT qui déclare que Karim Wade et les dignitaires ont plaqué plus de 4000 milliards de nos francs dans les banques de l’Hexagone et dans des coffres blindées. L’accusation est très grave. Dans un pays si pauvre, des citoyens eurent l’outrecuidance de nous délester de nos maigres ressources pour constituer une redoutable arme d’opposition contre le nouveau régime , élu démocratique à un taux historique de 65%. C’est inacceptable. Le mal est fait.
Tous les chiens de garde de Macky Sall se mettent au boulot pour salir la réputation des dirigeants du PDS. Auparavant, Souleymane Jules Diop, Abdou Latif Coulibaly, Abdou Aziz Diop, Mody Niang avaient produit plusieurs contributions dans la presse en ligne pour dénoncer les agissements des Wade face au bien public sans fournir des preuves irréfutables. Les corps de contrôle de l’Etat du Sénégal n’ont jamais épinglé Karim Wade pour corruption, détournement et malversation financière. De deux choses l’une, soit les pourfendeurs du régime libéral étaient perspicaces ou avaient une volonté manifeste de nuire, soit les fonctionnaires de l’Etat chargés du contrôle de nos ressources ont fermé les yeux sur des détournements de deniers publics pour faire plaisir à l’ancien président maître Abdoulaye Wade. Si tel est le cas, ils déshonorent l’administration et méritent de ce fait une radiation de la fonction publique.
Une fois la manipulation mise en œuvre , son Excellence Macky Sall remet sur la sellette la cour de répression de l’enrichissement illicite ( Crei ). Des hommes de main furent choisis pour conduire cette mascarade juridico-politique. Lors d’une conférence publique, le procureur spécial de la République Alioune Ndaw et son substitut Antoine Diome nous livrent les moyens utilisés par les dirigeants libéraux pour voler l’argent du contribuable sénégalais. Ils nous parlent même d’une ingénierie financière de la fraude mise en œuvre par les co–accusés pour placer l’argent public dans les paradis fiscaux. Les deux magistrats ont orchestré cette mise en scène en vue de charmer voire convaincre les plus réticents dans l’opinion publique sénégalaise et les naïfs. Ils furent nombreux à tomber dans le piège et appelèrent à une justice rapide et exemplaire à l’encontre de ces voyous à col blanc. Son excellence Macky Sall a réussi son pari de communication en misant sur ces deux magistrats pour mener à bien ce sale boulot de vengeance. Ils citèrent une dizaine de membres du PDS dont Karim Wade soupçonnés d’enrichissement illicite.
Ces dirigeants du régime libéral se sont enrichis illicitement sur le dos des sénégalais alors qu’ils occupaient des postes publics. Ils ne se sont pas contentés de leurs revenus légaux, mais se sont montrés d’une extrême cupidité en détournant les rares ressources du Sénégal dont l’essentiel proviennent de l’aide au développement en soutien aux politiques publiques. Tel est le terrible réquisitoire de nos deux magistrats du parquet soumis aux ordres et au diktat du ministre de la justice.
Parmi les personnes citées pour le délit d’enrichissement illicite, seul Karim Wade est arrêté et jugé par la Crei. Des commissions rogatoires furent envoyés dans beaucoup de paradis fiscaux sans résultats probants. Monsieur Alboury Ndaw n’a pas réussi malgré les moyens mis à sa disposition par l’Etat du Sénégal à fournir la moindre preuve de la culpabilité de monsieur Karim Wade. Afin de ne pas rentrer bredouille de sa longue mission aux frais du contribuable sénégalais, Alboury Ndaw se contenta de documents manipulés par des faussaires dans l’unique but de soutirer de l’argent à l’Etat. On connait la suite ignoble de ce mensonge.
Le parquet spécial et les avocats de l’Etat du Sénégal ont affirmé devant la nation entière détenir les preuves irréfutables de la culpabilité du prévenu Karim Wade. Le substitut du procureur de la République Antoine Diome déclare que : « En terme d’éléments de preuve, nous avons même l’embarras du choix ». Il ne s’arrête pas en si bon chemin pour enfoncer le prévenu Karim Wade : « Le problème n’est pas de voir le nom de Karim Wade dans les sociétés incriminées parce que ce sont des actes notariés faux ». Le substitut du procureur vient de fournir à son corps défendant la preuve de l’acharnement du régime de Macky Sall à l’encontre de Karim Wade.
En droit, l’écrit constitue une preuve. Dans le cas de Karim Wade, les sociétés qui lui sont attribuées, appartiennent dans la législation sénégalaise à monsieur Khalil Bourgui. Des actes notariés certifient que les sociétés mises dans le patrimoine de Karim Wade, sont la propriété de Bourgui. Si, comme le déclare le substitut du procureur de la République que les actes notariés fournis par les prévenus sont faux, une justice équitable devait procéder à l’arrestation des notaires qui ont fait ces actes. Que nenni. Ils sont libres de toute poursuite. Le corps des notaires avait l’obligation morale de refuser que le régime de Macky Sall ne salisse sa réputation et remette en cause le droit de la propriété. Une justice digne de ce nom ne peut pas poursuivre le bénéficiaire d’un acte délictueux et laisser en liberté les auteurs de faux en écriture sur des actes officiels. En réalité, seul Karim Meissa Wade intéressait le pouvoir. Les autorités avaient l’intention manifeste dès le début du procès de le faire condamner par une justice inféodée.
A cet effet, le substitut du procureur de la République Antoine Diome affirme que :
« Rien que les biens déclarés au nom de Karim Wade sont largement suffisants pour le déclarer coupable du délit d’enrichissement illicite. Il n’y a absolument pas de possibilité que Karim Wade échappe à une condamnation ».
La messe est dite. Le parquet spécial au près de la Crei donne le ton et montre clairement la volonté des autorités de punir le prévenu Karim Wade. Les magistrats du parquet sont dans leur rôle de suivre à tue-tête les désirs du ministre de la justice qui est leur autorité hiérarchique. Dans un tel système, beaucoup de magistrats du parquet décident de surseoir à leur indépendance pour des privilèges et une avancée rapide de leur carrière dans la magistrature. Toutefois, ils doivent fournir des gages de leur soumission aveugle et mesquine aux directives du pouvoir exécutif. C’est à ce niveau qu’il convient de procéder à des reformes consolidantes de l’Etat de droit et de la démocratie en détachant les magistrats du parquet de la tutelle du ministère de la justice.
A suivre de près le raisonnement de monsieur Antoine Diome, substitut du procureur de la République , on peut affirmer que la quasi-totalité des politiciens sénégalais tombent sous le coup de la loi sur l’enrichissement illicite. Pourquoi donc s’en prendre seulement à monsieur Karim Wade et laisser libres les autres politiciens de tous bords de l’indépendance à nos jours et y compris l’actuel président de la République son Excellence Macky Sall, qui est subitement devenu milliardaire en huit ans de participation au régime libéral de maître Wade.
Dites moi messieurs les accusateurs où se trouve une justice équitable dans l’arrestation de monsieur Karim Wade ? Si l’on poursuit cette chasse aux sorcières, aucune personnalité politique, judiciaire voire religieuse ne peut légalement justifier son patrimoine. L’enrichissement illicite est un cancer qui gangrène le corps social de la nation sénégalaise. Tous ceux qui se sont enrichis illicitement , ont partagé leur butin avec leurs familles ou avec leurs guides coutumiers ou religieux. Tant que la société sénégalaise tolère et courage la cupidité, le fléau de l’enrichissement illicite a encore de beaux jours devant lui. Quant à ceux qui accusent monsieur Karim Wade de félonie, qu’ils aient le courage de jurer sur l’honneur qu’ils sont propres et n’ont jamais reçu de l’argent ou de donations illégalement.
L’injustice du régime de Macky Sall se manifeste de manière sournoise sur le fait que les autres membres du PDS (Madicke Niang, Samuel Sarr, Ousmane Ngom, Farba Senghor, Abdoulaye Balde ect….) cités par le parquet de la Cour de répression de l’enrichissement illicite ne sont pas inquiétés. Monsieur Karim Meissa Wade est le véritable agneau du sacrifice de la politique de rupture annoncée par les autorités. Monsieur Karim Meissa Wade est victime de procédés staliniens où l’accusé est condamné avant même la tenue de son procès. Nous avons assisté impuissants à une comédie de justice.
La Crei dans son délibéré rejette les dons reçus par le prévenu Karim Meissa Wade aux motifs que les dons ne peuvent constituer une pièce justificative d’un enrichissement et tombent sous le coup de la loi relative à l’enrichissement illicite. C’est une loi scélérate. Dites nous messieurs les juges de la Crei , en l’occurrence son président monsieur Henri Grégoire Diop, si durant votre longue carrière, vous n’avez jamais reçu de dons en nature ou pécuniaires de la part d’une quelconque autorité de la République du Sénégal ? Votre conscience vous servira de baromètre pour pouvoir juger d’un tel délit. L’actuel président la République du Sénégal, son Excellence Macky Sall a admis que l’essentiel de sa fortune estimée à plusieurs milliards de francs CFA provient de dons ou de libéralités de l’ancien président maître Abdoulaye Wade. Aux termes de la loi relative à l’enrichissement illicite, monsieur Macky Sall se retrouve dans la même situation que le condamné monsieur Karim Wade. Les juges et le parquet spécial au près de la Crei sont inéquitables. Monsieur Karim Meissa Wade ne mérite pas seul d’être privé de liberté alors que des milliers de citoyens ayant commis la même infraction au regard des dispositions de la Crei se pavanent dans nos villes, les foyers religieux et au cœur même du palais présidentiel. Si cette loi scélérate était appliquée dans toute sa rigueur, il ne resterait que peu de politiciens en liberté.
Je suis contre une telle loi qui n’est réservée qu’à un seul dignitaire de l’ancien régime libéral. Je suis contre la réactivation de la Crei puisqu’il existe dans l’arsenal juridique du Sénégal des juridictions ordinaires qui peuvent connaître des cas de corruption et de malversations financières. Je suis pour la reddition des comptes Cependant , une fois que la Crei est reconnue par la Conseil constitutionnel comme étant légale et en conformité avec les lois en vigueur, je plaide pour qu’elle ne soit pas réformée comme les autorités veulent maintenant le faire pour se conformer aux normes internationales. Elles viennent de découvrir que cette juridiction violait manifestement les règles d’un procès juste et équitable après avoir condamné monsieur Karim Meissa Wade. Je plaide pour que cette cour soit maintenue en ses dispositions actuelles afin de pouvoir juger de toutes les autorités en commençant par le président Macky Sall à la fin de son mandat. Ce dernier, eu égard au son patrimoine, est un client sérieux de la Crei.
Les juges de la Crei ont condamné monsieur Karim Meissa Wade à une peine de prison de 6 ans et une amende de 117 milliards de francs CFA. Le président Macky Sall , dans le dessein de recouvrir les milliards dérobés par Karim Wade, nomme monsieur Antoine Diome , substitut du procureur spécial près de la Crei au poste d’agent judiciaire de l’Etat pour terminer le sale boulot. Quel pacte lie le magistrat Antoine Diome au président Macky Sall ? Il fera jour et l’histoire nous édifiera sur les liens entre les deux hommes. Est-ce qu’il n’existe pas un homme compétent au Sénégal pour occuper le poste d’agent judiciaire de l’Etat à la place du magistrat Antoine Diome ? Un Etat ayant le sens de la responsabilité et de l’égalité des citoyens devant la loi, ne saurait commettre un tel manquement à ses devoirs en nommant un fonctionnaire Antoine Diome un acteur clé dans l’affaire Karim Wade, agent judiciaire de l’Etat. Le même Antoine Diome vient de prouver dans une conférence tenue à Paris qu’il est à la solde du président Macky Sall. A quelques jours d’un référendum crucial pour le régime de Macky Sall, Antoine Diome et quelques avocats de l’Etat du Sénégal annoncent à l’opinion publique sénégalaise qu’ils ont mis la main sur 17 milliards de francs CFA appartenant à monsieur Karim Wade. Le mensonge est grotesque. Pourquoi ces messieurs ne répertorient pas en bonne et due forme les biens saisis, leurs noms, leur nature juridique. S’il s’agit de biens immobiliers, pourquoi ils ne mentionnent pas l’acte d’enregistrement des baux au nom de Karim Wade, leur superficie, l’adresse de l’immeuble à Paris, le nombre de chambres par appartement, son standing, son prix par m2, sa conformité aux normes urbanistiques et énergétiques, l’acte notarié mentionnant leur saisie et sa mise en vente publique. Le Sénégal n’est pas la France. En Europe, les biens immobiliers ne sont saisis que selon une procédure bien réglementée par les lois et les règlements en vigueur. La loi exige l’affichage public du bien saisi et la date de sa vente publique. Les citoyens sénégalais ont le droit de savoir dans quelles conditions ces biens immobiliers supposés appartenir à monsieur Karim Wade ont été saisis. Ils doivent prouver leur honnêteté en rendant publics tous les documents relatifs aux biens immobiliers saisis à Paris. A défaut, on doit s’interroger sur la qualité, la probité morale de nos responsables. Il appartient aussi aux corps de contrôle de la République de procéder à des vérifications sur les agissements de l’agent judiciaire et des avocats de l’Etat. Ils dépensent l’argent du contribuable sénégalais. S’ils ne préservent pas les intérêts du Sénégal, ils doivent être relevés de leurs fonctions et sanctionnés.
Nous avons affaire à un président par défaut son Excellence Macky Sall, méchant et rancunier. Tout le monde peut poursuivre et condamner monsieur Karim Meissa Wade, sauf le président Macky Sall, qui traîne par devers lui les mêmes accusations portées par les juges de la Crei et de son parquet spécial sur Karim Wade. J’ai honte de nos dirigeants et je ressens un énorme dégoût à leur égard . Soyez justes dans vos jugements. Nul homme ne portera le fardeau d’un autre homme.
massambandiaye2012@gmail.com
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