Riche de sa superficie, de son poids démographique et de sa position géographique, Ndiaganiao me donne l’image d’un champ riche laissé en perpétuelle jachère. Ses opportunités inexplorées et ses potentialités inexploitées renvoient bien le spectre d’une population laissée à elle-même depuis des décennies. Cette population enthousiaste, opiniâtre et entreprenante s’active dans des secteurs comme l’agriculture, l’élevage, le maraîchage, etc. A l’évidence, à la richesse dont recèle ce territoire il faut opposer la faiblesse des politiques étatiques. Le contraste est net entre l’énergie et la synergie qui couvent dans ses entrailles et l’insuffisance des moyens d’accompagnement.
Pour être concret, il faut souligner que plusieurs maux gangrènent le devenir des populations de Ndiaganiao parmi lesquels il faut souligner son enclavement injustifié. En effet, c’est un véritable calvaire qu’elles vivent sur la seule piste qui mène à ce beau village. Cette petite piste demande beaucoup d’habilité aux conducteurs et aux passagers de l’endurance. Pour les premiers, il faut éviter les excavations de toutes sortes, contourner les nids de poule et savoir lorgner dans un épais brouillard de poussière. Pour les seconds, les ballotements et les secousses combinés à la poussière latéritique sont leur lot quotidien.
Ndiaganiao mérite mieux que cela pour booster tous ses efforts de développement. En plus, c’est l’horizon de toute la population qui se trouve restreint avec cette piste qui ne l’ouvre que dans une seule direction. D’un côté pour aller à Thiès par exemple, il faut faire un grand tour en passant par Mbour et Sindia alors qu’il serait possible de rallier Thiès en quelques minutes grâce à une voie plus courte et directe passant par Tasset. D’un autre côté, pour rallier Fissel ou Khombole, c’est un vrai parcours du combattant. Le rêve de tout citoyen de Ndiaganiao c’est d’avoir des voies de communication qui relient la localité à ses voisins. Force est de constater que ce rêve se transforme chaque jour en cauchemar vu le nombre d’années qui s’égrènent sans que les routes Ndiaganiao-Khombole, Ndiaganiao-Thiès ou Ndiaganiao-Fissel puissent être réalisées.
Il y a beaucoup à dire à ce sujet, cependant le mal le plus criard à Ndiaganiao c’est le manque d’électricité pour plus de trente villages. Situation inacceptable, le programme d’électrification rurale traverse depuis une dizaine d’années Ndiaganiao pour aller servir d’autres localités. Cet état de fait influe beaucoup sur la croissance économique de la zone avec un impact sur les activités de conservation et de transformation des produits. Le plus crucial, ce sont les répercussions que cela peut avoir sur les résultats des milliers d’élèves qui fréquentent les établissements d’enseignement de cette localité.
Le déficit des politiques publiques apparaît également dans l’absence d’accompagnement des agriculteurs, des éleveurs et du maraîchage qui constituent un vivier pour l’emploi et l’autosuffisance alimentaire. Le secteur de l’éducation aussi a besoin d’un accompagnement beaucoup plus réactif au regard des résultats enregistrés chaque année.
Le malheur de ce terroir que nous chérissons est inexplicable au regard de tout ce qu’il compte comme ressources humaines. Des cadres dans toutes les sphères de l’administration et des hommes politiques de haut rang qui, avant même les indépendances, ont servi la République avec dignité et abnégation. Il est temps que tous les fils de Ndiaganiao se retrouvent autour de leur «destin commun» pour donner à cette commune une image à la hauteur de sa renommée. Il est aussi temps que l’Etat mobilise davantage d’attention et de ressources pour cette localité. Pour finir, il faut souligner que le régime actuel doit beaucoup à cette zone dans la mesure où elle a plébiscité le Président Macky Sall en 2012. Depuis lors, toutes les élections qui ont suivi ont vu le camp présidentiel gagner par des scores fleuves. Il est temps qu’elle sente vraiment plus l’implication de l’Etat dans sa montée vers l’émergence.
Mobilisons-nous pour un Ndiaganiao émergent.
Maurice Diomaye TINE