La république du Sénégal et la république de Gambie sont deux républiques dessinées, l’un dans l’autre, par le Congrès de Berlin il y a de cela plus de cent ans ! Deux républiques pour un même peuple aux relations tricotées serrées. Deux nations sœurs siamoises qui se séparent progressivement et dérivent, chacune vers une direction inconnue qui les éloigne l’une de l’autre, comme deux continents qui dérivent en force vers des horizons incertains. Deux nations liées par les langues, les religions, les croyances, les valeurs, les habitudes, les habitus, les normes et les symboles qui les réunissent mais qui se défont avec le temps, petit à petit, en particulier depuis que le Sénégal a cru bon de croire qu’il pouvait aller faire le bonheur des Gambiens à la place des Gambiens en 1980 et 1981. Échec lamentable d’une aventure militaro-politique répétée qui n’a pas su tisser solides les liens du «mariage forcé» que le savantissime président, Léopold Sedar Senghor et, plus tard, son successeur au trône, le technocrate administrateur président Abdou Abdou-Diouf-Julukaranaïni-Le-Conquérant, ont tissé – chacun de mains de maitres – la toile de l’invasion répétée de la Gambie par l’armée sénégalaise et, plus tard, une Confédération moribonde que Yayah Jammeh a brutalement étouffé dans l’œuf lorsqu’il a pris le pouvoir, par un coup d’État militaire radical, le soir du 22 juillet 1994.