Mes biens chers compatriotes
S’il ne vous restait plus que la ressource de quitter le tohu-bohu et de venir vivre chez nous à Nafiland, le Sénégal de l’au delà, vous seriez bien émerveillé de constater que tous les décrets, lois, et résolutions pivotent autour du mot discipliner.
Ici ‘‘Discipliner’’ est le maitre-mot, le mot-ordre, le mot-glaive, le mot-sécurité, le mot-paix, le mot-bonheur, le mot-sésame, le mot- union. ‘‘Discipliner’’ y règne dans toutes ses définitions dont celle que j’aime la plus et qui tire sa substance du latin diciplinare (Enseigner, Former) Pour ensemble être soumis à une règle aux fins de vivre ensemble agréablement dans le respect mutuel.
A Nafiland, il n’ya pas de chauffard. Les conducteurs de véhicules savent ce que vaut la vie humaine. La priorité est absolument donnée aux piétons dans les passages cloutés où il n’ya pas de sémaphore mais aussi où il y’a des feux de signalisation.
La vente ambulante est prohibée. Il n’ya pas de soi-disant marchands ambulants sédentaires qui occupent la chaussée sans payer aucun taxe ou qui vendent des troupeaux en les guidant dans les rues, pour en faire finalement un enclos permanent, avec l’argument qu’ils ne trouvent pas de travail et qui plus encore, perturbent l’ordre et la discipline sacrée.
A Nafiland aucun commerce n’ose rallonger son étalage pour confisquer le chemin des piétons en les obligeant de marcher entre les voitures. Toutes les boutiques d’alimentation et quelques autres commerces ferment à vingt deux heures, moment où la sirène sonne et que les radios et télévisions annoncent concomitamment comme au temps colonial : Auditeurs et téléspectateurs veuillez diminuer le volume sonore de vos récepteurs afin de ne pas gêner le repos de vos laborieux voisins.
A partir de Vingt deux heures, il n’ya plus aucun semblant de vagabondage ou d’attroupement dans la rue publique du Sénégal de l’au delà. Il n’ya pas un seul nafilandais qui ne soit pas agent-voyer pour la raison que les nafilandais sont habitués au silence, à la réflexion, à la propreté, au repos nocturne et au travail matinal. Ainsi de jour et de nuit les patrouilles de la police nationale et celles des municipalités sillonnent les rues. Nul ne peut nuitamment ou en plein jour occuper la voie publique pour faire du folklore perturbant jusqu’au matin car à Nafiland, « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres». Téléphonez le numéro cent vingt deux gratuitement pour que la patrouille s’arrête à vos pieds et maîtrise le débordement en ramenant l’ordre immédiatement!
A Nafiland, le Sénégal de l’au-delà, nul ne réparer sa voiture en pleine rue ; sans que son véhicule ne soit mis en fourrière ipso facto. Tout y est discipliné de sorte que les treize millions et demi de sénégalais se bousculent pour y émigrer et se demandent où se situe Nafiland ? Nafiland c’est simplement l’Eden, le Walhalla ou les Champs-Elysées, comme il vous plaira de choisir. Mais aussi c’est simplement le Sénégal de l’au-delà, qui a émergé avec un peuple qui s’est domestiqué par lui-même en acceptant d’accueillir de salvateurs décrets, lois, et résolutions forts et où je vous convie de parvenir pour changer de vie.
Patriotiquement vôtre
Papa Amadou Ndiaye
leconsulteursa@yahoo.fr