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Gaindé Ndiaye à Ndakarou Ndiaye !

Je me rappelle plus, l’année, mais ce jour-là, nous revenions de la plage de hann. Les Dakarois ne savent pas ce qu’ils ont perdu avec cette belle plage de sable blanc et fin, qui abritait des boutiques de plages, des bars-restaurants, dont le plus célèbre, était la guinguette. Il y avait toujours une kyrielle de bateaux de plaisances de toutes les couleurs et de tous les noms imaginables, amarrés sur la côte. Au loin, on apercevait les grands bateaux, dont le paquebot « « Ancerville », tout de blanc, peint, qui attendait d’entrer dans le port. C’était, justement, quand ce bateau–là, arrivait, qu’on allait à Hann, pour l’apercevoir. Il y avait toute une curiosité autour de ce bateau, parce qu’à cette époque, les jeunes qui allaient à Touggal, et qui n’avaient pas les moyens, le prenaient clandestinement. L’Ancerville était un paquebot qui faisait la ligne entre Dakar et Marseille. On disait même, qu’il avait emmené nos grands-pères et pères à la Mecque.

A la plage de Hann, il y avait aussi, les plongeurs qui cherchaient des moules et autres espèces de coquillages comestibles. Je crois que, ce sont ces pêcheurs qui ont donné le terme de ‘’ Nourou Bouthie’’ qui est utilisé à d’autres fins, par les petits et grands lascars de cette époque perdue. Ils plongeaient pendant des minutes, pour remonter, les mains pleines de ces beaux coquillages. Il y avait aussi, les chercheurs d’oursins. Les oursins, ce sont ces petits crustacés noirs, aux piquants acérés. Si, par mégarde, tu marchais sur un oursin, tu en avais pour des mois, à enlever les piquants. Les pêcheurs débarquaient à la plage leurs produits. On les aidait à sortir leurs pirogues. En retour, ils nous donnaient des espèces de poissons que je vois, maintenant dans les plats de thiéboudieune, ou que l’on vous sert le soir, comme le loth ou bounefokine, l’anguille ou talaar. L’eau de la mer était tellement propre, claire, qu’on n’avait aucune crainte de faire bouillir nos cadeaux dans des pots de tomates vides pour en faire de bonnes soupes de poissons.

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Donc, ce jour-là, on revenait de la plage de Hann. Il faut dire qu’on avait un peu tardé, le soleil avait commencé à se coucher, et on avait décidé de prendre un car rapide, juste vers la cité des Eaux. Il faut dire que cet endroit où se trouvent la brioche dorée et des tas de boutiques, ne ressemble pas du tout alors, à ce qu’il était. De Hann, à cet endroit, passé, le parc, il y avait qu’une forêt d’arbres à droite, de l’autre côté, les montagnes, comme, on appelait à l’époque, là, où se trouve la Sodida, Excaf et ces immeubles. La zone de captage, qui était un énorme trou où s’engouffraient toutes les eaux de ruissellement qui dévalaient de castors, grand-yoff et des Sicap pendant l’hivernage. Les Maristes, c’était une succession de dunes et de marigots à perte de vue. Cet endroit était craint de tout le monde. C’était une forêt en pleine ville.

Nous étions donc, là, à attendre un car rapide, quand, un véhicule chargé à ras–bord, passa en trombe. Les gens criaient  » Gaindé ga ngokk’’ ! ‘’ Daw lenn’’ !

Il fut suivi par un autre véhicule. Puis par des fuyards, qui couraient sérieusement, sans regarder en arrière. Ce sont eux, qui nous amenèrent la bonne information. Un lion s’était échappé du parc de hann. Au même moment, arriva un car rapide qui devait aller vers Pikine, la direction opposée à celle que devions aller. Peu, importe. Le chauffeur qui n’était au courant de rien, et qui se garait, vit une meute braillarde et affolée prendre d’assaut son véhicule. Dès qu’il eut l’information, il démarra sur les chapeaux de roues. Les gens étaient entassées les uns sur les autres. Il ne s’arrêta qu’à Grand-yoff, où régnait un affolement général.

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Je ne me souviens plus, comment, on est rentré. Mais, le bruit avait fait le tour de Dakar, et nos parents, inquiets de ne pas nous voir jusqu’à pareille heure, nous attendaient devant les maisons. Quelques gifles, des coups de pieds, et surtout, les portes fermées à triple tours.

Cette nuit-là, des chats furent confondus à des lions. Et puisqu’à cette époque-là, les radios fermaient à minuit, on ne put avoir aucune information. Les gens ne dormirent que d’un œil. Une simple course-poursuite de chats semait la panique.

Le matin, beaucoup d’élèves ne partirent pas à l’école, ou ceux qui y allèrent furent aspergés de ‘’safara’’. L’affaire était dans toutes les conversations. Quelles étaient les nouvelles ? Le lion a été vu à tel endroit. D’autres disaient qu’il a tué un bébé. Qu’on l’avait vu vers Pikine. Chacun y allait de son commentaire. Une vraie psychose s’était installée dans Dakar.

Y en a même qui organisèrent des prières. Surement que quelques fidèles ont passé la prière du Fadiar à la mosquée, en attendant des aubes plus claires.

Ce n’est que le lendemain, que le journal ‘’Le Soleil’’ montra les photos du lion abattu par les gendarmes.

 

Alioune NDAO

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