Après plusieurs lectures de la proposition d’Idrissa SECK de créer un Conseil Suprême de la République, je suis arrivé à la conclusion selon laquelle on peut certes disserter sur l’intitulé ou l’appellation «Conseil Suprême de la République » et des points accessoires, mais que sur le fond, Idrissa SECK a fait au Président Macky SALL une très bonne proposition.
Pour ma part, je ne vais pas revenir sur le contexte international qui impose à notre pays d’avoir une vision claire sur ses « intérêts vitaux » pour les défendre sans état d’âme. Mais juste relever la pertinence de l’idée. Il est vrai que pour les « puritains », le terme «Conseil Suprême de la République » peut gêner. Et je crois que la plupart des membres de la mouvance présidentielle qui ont rejeté l’idée se sont juste arrêtés à la lecture du titre sans lire la proposition dans son entièreté.
Car si on lit l’intégralité du document, on pourra tout reprocher à Idrissa SECK, sauf d’avoir fait une proposition pertinente. En effet, il n’y a pas plus pertinente idée que de faire une proposition dont l’objectif est d’identifier les intérêts vitaux du Sénégal en vue de déployer des stratégies et des moyens pour les défendre.
Quand Idrissa SECK nous dit que les Etats Unis disposent « dans un seul document d’une liste de ses intérêts nationaux identifiés, hiérarchisés et rangés dans trois catégories (intérêts vitaux, intérêts extrêmement importants et intérêts importants) », on comprend dès lors pourquoi les Américains ne font rien au hasard ; et qu’ils sont prêts à mener des guerres à des dizaines de milliers de kilomètres de chez eux pour défendre ces intérêts-là. Le Sénégal doit avoir cette vision claire et nette de ses intérêts pour prendre les mesures qu’il faut en vue de les défendre à tout prix, quoi qu’il en coûte.
Une proposition républicaine
La suggestion d’Idrissa SECK peut nous amener à nous poser la question de savoir, quels sont aujourd’hui les intérêts vitaux du Sénégal ? Personnellement, je ne sais pas. Mais j’ai une idée de ce que cela pourrait être. Par exemple, la paix en Casamance en identifiant clairement les soutiens du mouvement indépendantiste et les mettre hors état de nuisance ; ça pourrait être la stabilité du voisinage en prenant des mesures préventives; ça pourrait être les télécoms et le secteur numérique en général en évitant le bradage de ce secteur vital ; ça pourrait être le secteur des énergies en préservant les intérêts du pays face aux multinationales qui rodent à Dakar avec la découverte du pétrole et du gaz ; ça pourrait être la maîtrise des technologies en se donnant les moyens humains et financiers pour y arriver…
On a beau critiqué Idrissa SECK, mais il faut lui reconnaître une chose : d’avoir proposé une vision claire dont le Président de la République a besoin pour mieux gouverner. Ceux qui disent qu’Idrissa SECK veut juste prendre la Présidence de cet organe et contrôler l’action du Président de la République font preuve de mauvaise foi. En effet dans la partie mission du document, il est clairement dit que c’est « un guide d’action ». Donc, il ne fait que conseiller et ne prendra aucune action, car l’action relève du Président de la République qui est seul détenteur de la souveraineté populaire.
Nous sommes convaincus que si les Présidents Abdou DIOUF, Abdoulaye WADE; les Premiers ministres Habib THIAM, Mame Madior BOYE, Abdoul MBAYE, nos généraux et nos universitaires produisent un document sur les intérêts du Sénégal à défendre, tout le monde en tirera profit, en commençant par le Président de la République en fonction. C’est tout ce qu’Idrissa SECK propose. Une proposition républicaine.
Le président SALL doit écouter Idrissa SECK
C’est aussi absurde de dire, comme l’a laissé entendre l’ancienne Premier ministre Aminata TOURE, que seuls les pays en crise, ou qui sortent de crise se sont dotés de tels instruments. Les pays en crise et post crise ont d’autres urgences pour ne pas dire d’autres chats à fouetter que de réfléchir sur ces questions qui supposent d’avoir une très bonne stabilité. Leurs préoccupations est plutôt de savoir comment retrouver la stabilité et comment organiser les élections.
A mon avis, si le chef de l’Etat arrive à avoir un tel instrument à son service, sa mission ne pourra qu’être couronnée de succès. Et c’est ce qu’a compris le président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle, Moustapha DIAKHATE qui n’a pas rejeté l’idée, mais a juste déploré la proposition faite par Idrissa SECK par voie de presse.
De cette sortie de Moustapha DIAKHATE qui est connu pour ne jamais rater Idrissa SECK, il faut déduire qu’il a compris qu’au-delà de l’appellation, la proposition du président du Conseil Départemental de Thiès n’est pas bête. Et si j’étais le président Macky Sall, j’allais inviter Idrissa SECK pour qu’il m’en dise davantage sur ce Conseil, et non discuter sur des questions électorales et de retrouvailles de la famille libérale. Pour moi, c’est ça le vrai dialogue, le dialogue pour l’intérêt national et non partisan.
François MENDY
SG Rewmi Paris
Chargé des Elections Rewmi France