Je me demande sur quelles forces économiques et sociales ce mouvement » Non aux APE » compte t il , pour faire efficacement pression sur les Députés? Les entrepreneurs sénégalais concernés voient dans les APE » un moindre mal » ( CNP) , tandis que les autres dans la CNES font de l’ accès aux projets du PSE leur priorité et sont aphones sur les APE, alors que l’ UNACOIS, qui perçoit les » menaces » sur leurs entreprises que constituent les APE, demandent à l’Etat, non pas de ne pas les faire ratifier par l’assemblée nationale, mais de les » soutenir et de les accompagner » pour pouvoir résister aux conséquences des APE.
Sur qui compte donc le mouvement » Non aux APE » pour faire aboutir cette lutte? Sur les Centrales syndicales? Autour de quoi peuvent elles être mobilisées ? Pour Défendre le pouvoir d’achat des sénégalais? La baisse des droits de douanes due à l’adoption des APE, répond à cette préoccupation. Pour défendre l’emploi dans les entreprises des sous secteurs menacées? Les sous secteur du raffinage, des BTP et des Télécom sont certes menaces, mais le souci des travailleurs dans ces sous secteurs n’est pas suffisamment orienté vers les conséquences des APE sur leurs emplois, mais sur le respect par le Patronat des accords de stabilité qu’ils viennent de signer dans le secteur des hydrocarbures, sur la stratégie d’externalisation a la SONATEL, et aux créances non recouvrées dans les BTP qui étouffent leurs activités.
Quand au monde rural, malgré l’engagement du CNCR dans la lutte des forces vives dans la CEDEAO contre les APE, nos ruraux n’expriment que leurs soucis d’accès à temps aux semences et aux facteurs de productions dont ceux qui seront importés bénéficieront de la baisse des droits de douanes, tandis que d’autres, dans la filière arachidiere sont particulièrement intéressés par la reprise par l’Etat de la SUNEOR.
Sur quelles forces décisives s’appuyer donc pour empêcher les Députés de ratifier les APE? Sur les partis politiques qui en ont, et sur l’opinion publique de Dakar. Les partis politiques qui sont contre les APE, pour des raisons de souveraineté nationale, et non pour défendre l’entreprise nationale à la place des entrepreneurs, devraient prendre, avec leurs Députés en tête, la sensibilisation de l’opinion de Dakar en vue de préparer un grand rassemblement pacifique devant l’Assemblée nationale, le jour de la session prévue pour sa ratification. Ce travail nécessaire des partis et de leurs Députés ne devrait pas être parasite par des actes gratuits et spectaculaires de groupuscules, plus soucieux d’avoir » bonne conscience » ou de faire « du m’ a tu vu », pour créer un climat délétère, comme le font les » casseurs encagoulés » dans les manifestations de masse en Europe, afin de torpiller tout mouvement de masse significatif.
Dans cette lutte contre les APE, il serait illusoire de croire qu’il peut exister de » sauveur suprême » imbu d’un anti impérialisme de combat, en mesure de sauver le peuple sénégalais a la place de son implication massive dans ce combat. Les effets dissuasifs de leurs « actions spectaculaires » , ou de leurs « opérations coup de poing » éloignent les grandes masses de la mobilisation pacifique nécessaire à l’aboutissement de la lutte. C’est donc aux Partis politiques concernés et leurs Députés de se concerter à cet effet. Cette concertation nécessaire est le véritable baromètre de leur engagement dans la lutte contre les APE, et non leurs déclarations individuelles aussi radicales qu’elles soient, ou leurs actions isolées , aussi spectaculaires qu’elles soient. Il s’agit de l’avenir de notre peuple et de ceux de notre sous région, dans sa longue quête de souveraineté et d’unité sous régionale et régionale. Les Partis qui rejettent les APE et leurs Députés sont interpellés.
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