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La Canne à Sucre, Un Levier D’émergence Et Un Pilier De La Sécurité Alimentaire Au Sénégal

La Canne à Sucre, Un Levier D’émergence Et Un  Pilier De La Sécurité Alimentaire Au Sénégal

Au Sénégal, on n’est pas assez conscient du caractère essentiel du sucre dans notre alimentation. Peut être pour cette raison n’accorde-t-on pas toujours à la CSS l’importance qu’elle mérite alors qu’elle fournit plus de 75% de notre consommation de ce produit. Aucune spéculation agricole majeure ne peut se prévaloir de ce taux d’autosuffisance à ce jour au Sénégal.

Le sucre est une denrée de première nécessité au Sénégal et ailleurs et aucun pouvoir ne résisterait à une révolte populaire en cas de pénurie persistante de ce produit. De simples rumeurs de manque de sucre sont de nature à créer la panique dans tous les pays dont le Sénégal.

Plus de 75% du sucre consommés chez nous sont produits à Richard Toll, commune située dans le département de Dagana, région de Saint Louis. La canne à sucre, matière première du sucre raffiné à Richard Toll, est cultivée dans des espaces attribués à la CSS au moment de sa création les années 70. La transformation des tiges de canne en sucre raffiné est faite sur place, dans une usine moderne avec des ingénieurs sénégalais essentiellement formés à l’ESP.

La canne à sucre est une plante vivace, sa racine est un rhizome d’où partent des parties aériennes qui sont les cannes propres  dites, leurs dimensions pouvant atteindre et dépasser 4 mètres de haut. En coupant les parties aériennes, on ne détruit pas la plante car d’autres tiges vont se reformer.

La canne à sucre est une graminée dont l’aspect général rappelle celui du maïs ou du bambou.

Les tiges sont droites, de section très légèrement ovale et interrompues par des nœuds. La couleur de la plante varie du jaune au violet et sa grosseur de 20 à 50 mm de diamètre. Les feuilles, comme celles des graminées, sont constituées d’une gaine suivie d’un limbe à nervures parallèles.

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C’est par la bouture que les plantations industrielles sont effectuées. Il s’agit d’une multiplication asexuée, consistant à couper les tiges de canne en tronçons plus ou moins long avec au moins 2 nœuds intacts que l’on enterre dans des sillons, de façon manuelle ou automatique.

Arrivée à maturité, pour l’extraction du sucre, la canne est coupée à la machette par des ouvriers ou par des engins à fonctionnement automatique. Les tiges de canne sont alors immédiatement acheminées à l’usine par camions, wagons ou charrettes. Tout retard dans le transport et le traitement des tiges de canne peut entrainer des pertes importantes de sucre au moment de l’extraction et de la cristallisation.

La réception se fait directement à la bascule de l’usine. Elle est payée au poids et selon sa richesse en saccharose.

Une sucrerie de canne fonctionne généralement de façon continue. Elle s’arrête environ pendant 36 heures pour le nettoyage et les menus réparations (dimanche compris).

A Richard Toll, la culture de la canne à sucre se fait sur des terres hostiles car sableuses et salées. Grâce au professionnalisme et à l’ingéniosité des ingénieurs et techniciens de la CSS, au porte du désert, des champs de cannes s’étendant sur 9 000 hectares, donnent des rendements exceptionnellement élevés (134,5 tonnes/hectare). Ces rendements sont meilleurs que ceux de beaucoup d’autres pays africains ou d’ailleurs, mieux pourvus en terres et en eau pour la culture de la canne à sucre.

Dans l’optique de produire plus de 150 000 tonnes de sucre raffiné pour couvrir la totalité de la consommation de sucre au Sénégal en 2017, la CSS a mis en exploitation toutes les terres exploitables mises à sa disposition par l’Etat mais aussi modernisé son usine de production de sucre raffiné. Avec l’augmentation prévisible de la population sénégalaise, notre pays pourrait être confronté dans un avenir proche à un déficit de sucre. La CSS n’ayant pas de réserve foncière, sa production sucrière va certainement stagner si les autorités étatiques et les collectivités locales ne comblent pas à temps son déficit foncier. C’est le moment de réfléchir sur notre autosuffisance en sucre à l’horizon 2035. Sur la base de cette vision prospective, la CSS a déjà pris ses dispositions en augmentant sa capacité d’extraction et de raffinage de sucre. Avec des Ingénieurs et des techniciens très compétents, la CSS est en train de mettre en place de nouvelles installations aux normes, capables de fournir du sucre raffiné aux consommateurs, sur une longue période si son déficit foncier, son unique facteur limitant actuel, est comblé.

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C’est à l’Etat et aux collectivités locales d’accompagner la CSS, premier employeur privé du Sénégal, pour lui permettre d’atteindre et de maintenir notre autosuffisance alimentaire en sucre, denrée de première nécessité. Au regard des disponibilités foncières dans la zone, attribuer de nouvelles terres à la CSS est possible et souhaitable. Les performances de la sucrerie ont déjà montré que la canne à sucre est un des meilleurs moyens de valorisation des terres sableuses et salées de Richard Toll et de Mbane, situées à la porte du désert, avec une nappe phréatique peut profonde et une pluviométrie courte et irrégulière.

Premier complexe agro-alimentaire du Sénégal et leader ouest africain dans sa spécialité, la CSS emploie déjà plus de 6 000 personnes et verse dans les caisses du trésor public des milliards de Francs CFA. La canne à sucre, matière première de la sucrerie de Richard Toll, est donc, non seulement un pilier de la sécurité alimentaire au Sénégal, mais elle est aussi un des leviers les plus puissants pour l’émergence du Sénégal.

Au moment où on vise à juste titre l’autosuffisance en riz en 2017 avec des investissements colossaux, il est bon de rappeler que le Sénégal est déjà autosuffisant en sucre à plus de 75%. Attribuer de nouvelles terres à la CSS pour lui permettre d’accroitre sa production de sucre raffiné en fonction du croît démographique, est une nécessité évidente dans le cadre et dans le contexte du PSE.

Pr Demba SOW

Professeur de Génie des Procédés à l’ESP

 

Pr Demba SOW
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