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A Propos De L’école De La République: Une Lecture Biaisée Du Journaliste Abdoulaye Thiam De Sud Quotidien

A Propos De L’école De La République: Une Lecture Biaisée Du Journaliste Abdoulaye Thiam De Sud Quotidien

Il est vrai que l’école de la République traverse une grave crise. Cette situation ne date pas d’aujourd’hui.

En vérité, l’école républicaine a été déstructurée par le régime socialiste de Abdou Diouf en voulant instaurer le système de double flux. Cette politique visant à inscrire le plus de sénégalais à l’école de la République a produit d’énormes dégâts dans le processus d’apprentissage des élèves. Beaucoup d’entre eux sont sortis de l’école sans acquérir les bases mêmes de la lecture. C’est cette même école qui a donné corps au système des enseignants vacataires. Le régime socialiste de Diouf a commis l’irréparable en augmentant de manière significative le nombre d’élèves dans l’enseignement primaire tout en omettant de mettre l’accent sur la réalisation de nouvelles classes. Ce défaut d’infrastructures scolaires a plombé tout le système éducatif sénégalais. Tous les problèmes de l’enseignement public sont issus directement de la politique mise en œuvre par le gouvernement socialiste sous l’égide des institutions du Breton Woods.

Vouloir remonter la pente relève d’un véritable parcours du combattant. Le recours à l’enseignement privé par beaucoup de parents sénégalais est le résultat de la faillite du système public d’offrir une éducation de qualité à tous ses fils et filles. L’école publique dispensait un enseignement de qualité avant que les politiques d’ajustement structurel ne s’abattent sur le Sénégal avec son lot cortège de désolations et de privations. Réussir à l’époque était dans l’ordre normal des choses. La plupart des élèves qui sortaient de l’enseignement avaient toujours la possibilité de trouver un travail pour subvenir à leurs besoins.

Avec un retard criard dans la réalisation d’infrastructures, une léthargie s’est installée de manière définitive au sein de l’école de la République. Malgré les nombreuses réalisations du régime de maître Abdoulaye Wade en matière d’infrastructures scolaires , l’école sénégalaise n’a pas encore rattrapé son retard dû en partie par l’augmentation des élèves en âge de scolarisation et les grèves répétitives des enseignants.

La révolte des syndicats enseignants est dûe en partie par une faible rémunération et un déséquilibre injustifié basé uniquement sur un calcul politicien de la grille salariale dans la fonction publique. L’ancien président maître Wade a joué à ce jeu en augmentant parfois de façon déraisonnable voire mesquine le traitement de certains fonctionnaires au détriment d’autres secteurs de l’administration alors qu’ils ont souvent le même statut dans la fonction publique. Le gouvernement doit revenir sur ces acquis illégitimes et rétablir l’équilibre du traitement des fonctionnaires. Il est injuste et inconcevable que certains agents de l’Etat gagnent parfois cinq fois plus que d’autres fonctionnaires. Le gouvernement doit aussi revenir illico presto sur des indemnités exorbitantes qui dépassent même le salaire brut.

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L’Etat du Sénégal doit revoir sa politique de rémunération en ouvrant de larges concertations avec tous les syndicats de la fonction publique afin d’établir au prorata des moyens et des priorités de la nation une grille salariale juste et équitable. C’est une politique réaliste et faisable. Il revient aux autorités en commençant par le président Macky Sall de refuser les coupes budgétaires imposées par les bailleurs de fonds. Une fois qu’un large consensus a été accepté par toutes les parties , l’accord doit être rendu public afin que tous les citoyens soient informés des droits des fonctionnaires et in fine de pouvoir prendre position sur d’éventuelles revendications. Nous estimons que seule une politique de distribution juste des ressources publiques permet d’apaiser les tensions sociales et d’endiguer ce cycle de grèves qui plombent l’économie sénégalaise. La politique politicienne des autorités n’a pas sa place dans la fonction publique.

L’émergence passe inéluctablement par une école publique performante. Vouloir démocratiser l’école de la République constitue une chance inouïe pour beaucoup d’enfants sénégalais. Toutefois, il faut se donner les moyens de réussir ce pari en mobilisant toutes les ressources dont dispose la nation. Pour arriver à ses fins afin d’asseoir une gestion efficiente des deniers publics, l’Etat doit revoir ses priorités en cessant d’édifier des infrastructures de prestige comme l’arène nationale, l’autoroute Ila Touba pour donner plus de moyens par exemple au système éducatif en créant plus d’implantations scolaires sur l’ensemble du territoire national et en organisant une formation de qualité voire une remise à niveau des enseignants.

L’école est un instrument de socialisation. Elle remplit deux rôles. Son premier rôle est d’unifier la société autour de valeurs générales comme le respect de la patrie, la discipline etc. A ce niveau, l’école a encore beaucoup de travail à accomplir pour permettre aux jeunes sénégalais d’aimer profondément la patrie, de respecter le bien public. Son deuxième rôle est de préparer les élèves et étudiants aux différents emplois. L’école de la République a failli dans cette mission. Elle ne produit que des diplômés non qualifiés aux métiers d’une société moderne et prospère.

L’Etat du Sénégal doit faire un diagnostic sans complaisance des maux du système éducatif afin de proposer une nouvelle école ayant pour vocation de préparer aux différents emplois, porteurs de croissance et de développement économique et social .

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Cependant, malgré ses nombreuses défaillances , l’école sénégalaise a su toujours produire des hommes de qualité. Ils sont partout dans les administrations, du secteur de la santé, des forces de l’ordre, de la justice, en passant par l’enseignement même qui est aujourd’hui tant décrié. Nos modèles à offrir aux enfants du pays de la Teranga doivent être pris dans ces nombreux secteurs où brillent de dignes fils du pays et qui pour l’essentiel leurs parents ne sont pas riches et n’ont jamais fréquenté l’école de la République.

Il est peut être valorisant et tentant pour votre part de citer en exemple le président Macky Sall comme un produit de l’école de la République. Mais là où je n’arrive pas à vous suivre c’est lorsque vous affirmez de manière péremptoire que : « l’école de la République lui a permis de gravir les échelons pour atteindre les sommets ». En effet, l’école sénégalaise a toujours eu malgré les crises répétitives le génie de produire de nombreux talents. Ils sont des milliers qui chaque jour participent activement dans leurs secteurs respectifs au développement économique et social du pays. Ils sont pour l’essentiel des citoyens qui ne militent dans aucune des chapelles politiques. Ils ne doivent rien à personne. Ils gardent leur indépendance et leur liberté. Ils sont disséminés un peu partout dans l’administration publique et aussi dans le secteur privé. Ce sont ces personnalités là qu’il faut donner en exemple ou en modèle aux élèves et étudiants sénégalais. La position qu’ils occupent dans la stratification sociale et économique, ils ne la doivent à personne. Ces citoyens anonymes sont plus méritants que les politiciens qui sont devenus ministres par effraction. La plupart de nos politiciens ne doivent leur statut et leur rang dans la République qu’au bon vouloir du prince. Ils doivent montrer patte blanche, se soumettre et parfois même avaler des couleuvres pour ne pas fâcher voire déplaire au chef de l’Etat.

L’école de la République n’a pas permis à monsieur Macky Sall d’atteindre les sommets pour devenir président. Pour vous monsieur Abdoulaye Thiam, atteindre les sommets se résume t’il seulement à occuper la fonction la plus élevée dans la vie d’une nation moderne ? Je ne le pense pas. Les fonctionnaires qui à un moment de leur parcours professionnel, se retrouvent à la tête d’importantes directions publiques, ont plus de qualité, de savoir faire, de compétence que n’importe quel ministre. Macky Sall est devenu président de la République par un concours de circonstances exceptionnelles. S’il n’avait pas fait la connaissance de maître Abdoulaye Wade un libéral après avoir rompu avec la gauche marxiste, Macky Sall ingénieur de formation, aurait sans doute le même profil que la plupart de nos fonctionnaires. Beaucoup d’analystes ou de journalistes tombent dans ce piège de facilité pour nous rappeler que Macky est par excellence un pur produit de l’école de la République. Ce dernier n’a pas plus de mérite que les autres sénégalais pour occuper ces différentes stations au sein de l’Etat. Maître Abdoulaye Wade l’avait choisi en fonction de critères personnels. Il avait besoin d’un collaborateur qui ne lui fasse pas ombre, bref un soumis pour exécuter parfois des actes indignes.

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Être politicien au Sénégal, c’est accepter souvent de faire preuve de lâcheté, de soumission abjecte, de flagornerie, de mettre en veilleuse son esprit critique, sa liberté, son honneur pour de basses intérêts mondains afin de rentrer dans les grâces du chef de l’Etat. Macky Sall n’est pas sorti de ce lot de politiciens. Nous avons sans doute tort de penser que nos politiciens doivent servir de modèle à la jeunesse sénégalaise. Ils sont le plus souvent capables du pire pour accéder au sommet, de participer au banquet des grands. S’il faut chercher des modèles de réussite sociale à une jeunesse désœuvrée, il est impératif de mettre en exergue les valeurs d’altruisme, d’intégrité morale, de patriotisme, de courage, qui sont en porte à faux avec celles de la grande majorité de nos politiciens professionnels.

 

Massamba NDIAYE

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Massamba NDIAYE

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