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Un Pavé Dans La Mare

Un Pavé Dans La Mare

Il y a juste une douzaine de jours depuis que l’ancien premier ministre Abdoul Mbaye, défiant tous les préjugés inhibiteurs, s’est jeté dans le « marigot » politique, occasionnant ainsi une éclaboussure sans précédent. Cette durée, c’est le délai d’observation nécessaire pour mesurer l’onde de choc avec la réaction des concernés. Et de réaction, il n’en a pas manqué et surtout, de celles qui ont plutôt suscité de la perplexité, tant leurs motivations sont suspectes.

Cette sortie de Abdoul Mbaye n’est rien d’autre qu’une nouvelle offre politique. D’aucuns disent que c’est un parti de trop.  Cette rhétorique fondée sur une pléthore de partis parasites au Sénégal,  qui devrait pousser à restreindre toute initiative allant dans le sens d’une innovation politique n’est d’aucune utilité ici, parce que les 252 partis existants ne sont pas les facteurs polluants du paysage politique; c’est inexact. Il n’y a que quelques figures de proue du « catch politique » très médiatisé et moins de 10 partis exagérément actifs qui nous incommodent à longueur d’année. Personne ne peut te citer de tête 20 noms de ces partis inactifs. Quant à la critique à l’encontre des compétences managériales avérées de Abdoul Mbaye en faisant le distinguo entre une compagnie privée et l’Etat, elle est simplement saugrenue. Il y a des valeurs et qualités dont on a besoin partout pour faire des résultats et des impérities qui en tout lieu vicient le travail. Comment peut-on sur cette base refuser à quelqu’un le droit de diriger un Etat et l’accepter pour un politicien qui n’a jamais administré quoi que ce soit de sa vie?

Point d’ambiguïté ni amalgame. En réalité, quand Abdoul se présente à la tête d’un parti qu’il accepte de diriger, il ne fait là qu’une promesse d’honnêteté au peuple Sénégalais et prendre date par rapport au calendrier républicain. Pour évaluer cette promesse il faut juste tenir compte de l’histoire de cet homme. Et l’on sait qu’Il a en sa faveur pour sous-tendre cette prétention les valeurs suivantes :

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–    une éducation reconnue bonne, qui renvoie presque unanimement les gens aux références éthiques légendaires de son père,

–    une compétence jumelée à la rigueur et la probité, prouvée le long de son riche parcours professionnel,

–    un sens patriotique, démontré par le choix qui est sien de toujours primer son pays, le Sénégal, de toutes les opportunités qui s’offrent à lui.

De l’importunité des propos cyniques ou injurieux

Si aujourd’hui Abdoul peut faire cette promesse, c’est qu’il a pu en soixante trois ans de vie se bâtir  un leadership incontestable, une valeur sûre dont les sénégalais seraient preneurs en ces temps cruciaux que l’on vit. Si durant ces soixante trois ans il y avait eu quelque chose dans sa personnalité, de nature à saper cette œuvre en construction, jamais ses rivaux et adversaires, choses inhérentes à toute vie humaine, ne lui auraient permis de le parfaire et le maintenir ainsi sans se heurter à leurs dénonciations objectives et destructives. Alors l’acharnement et les tentatives d’intoxication qui s’élèvent aujourd’hui et sont généreusement médiatisés ne peuvent judicieusement prospérer. Il est clair qu’Ils n’ont d’autres motivations que celle d’anéantir le projet nouveau de Abdoul Mbaye, l’ACT naissant, leur véritable cible et non sa personne et sa vie privée qui n’en sont malheureusement que les voies d’accès.

Un projet est pertinent quand il vient à son heure.

La raison principale entre autres, pour laquelle la sortie de Abdoul Mbaye est aussi retentissante et passionnante est le timing. Le fait que des citoyens compétents et patriotes de la société civile entrent dans la sphère politique et briguent le suffrage universel est une innovation au Sénégal, apparue au début du millénaire. En tant que telle, il est fondé de fait sur un besoin structurel.

Qui dit besoin structurel sait que cela suppose un processus autonome et l´exigence en outre, d’un chaînon manquant, d’une définition claire des caractéristiques de la bonne solution et d’un consensus sur le fait qu’il doit y avoir une meilleure solution.

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Ce consensus cité en dernier lieu est crucial en ce qu’il est l’indicateur du degré de réceptivité, lequel non pris en compte, risque de compromettre le processus.

Et parce que les sénégalais auraient ressenti depuis près de deux décennies, la nécessité de changement et l’expriment depuis, leur degré de réceptivité a nécessairement évolué avec le temps et les circonstances.

Malgré deux « alternances »,  point de changement significatif et pire pas de solution aux problèmes, ceci ne peut pas avoir laissé les populations indifférentes. Le peuple a évolué et son besoin n’est plus seulement ressenti, il est passé à présent au stade où il est bien compris. L’on sait désormais que les politiciens professionnels sont part du problème et non de la solution, vu leurs méthodes identiques de faire, reconduites à chaque fois que l’on remplace un politicien par un politicien adverse. Une fois ceci compris, s’entendre sur le fait qu’une meilleure solution peut venir d’ailleurs que du coté de ces politiciens est quasi simultané. Ce sont là les nouveaux phénomènes venus parfaire le processus et élever le degré de réceptivité au niveau où les changements désirés trouvent peu à peu les supports nécessaires pour s’implémenter. L’essentiel de ce qui est compris aujourd’hui par tous, est qu’un politicien professionnel a une soif d’enrichissement insatiable dont la preuve n’est plus à démontrer et laquelle est incompatible avec l’avènement d’une solution dont il n’a point le souci. C’est dans cette niche que vient taper opportunément Abdoul Mbaye: dessiller les yeux des électeurs et de toute la société civile abstentionniste qui contribue ainsi à maintenir  impunément les déprédateurs dans leur rôle.

Une initiative à l’encontre des paradoxes de la société

Il y a un paradoxe dans la persistance des politiciens à reconduire les mêmes erreurs. Comment  peut-on se faire élire sur une promesse de rupture, aller persécuter ses prédécesseurs jusqu’à embastiller le fils du président sur accusation d’enrichissement illicite et croire que l’on peut reconduire impunément à son profit les mêmes tares du régime châtié. Cela semble insensé que de se saborder ainsi après avoir soi-même élevé les paradigmes de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la citoyenneté active. Les paradigmes changés, rien ne peut  demeurer pareil, il convient logiquement pour tous les acteurs de la vie civile et politique d’intégrer ce facteur.  Pour comprendre comment les politiques se fourvoient dans ce paradoxe, il est nécessaire de recourir à une connaissance: celle de l’autorité tyrannique de nos habitudes à déterminer nos actions en toute contradiction avec notre bon sens.

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C’est le cas dans l’acte de voter qui finit par entrer dans les habitudes de l’électeur, pas facile de s’en débarrasser. L’électeur a beau dénoncer objectivement des années durant, le comportement opportuniste, malhonnête et pernicieux du politicien, cela n’empêche qu’au moment des élections, si rien d’efficace n’est parvenu à l’amener à agir selon son bon sens et non son habitude, il votera pour le politicien, le préférant à tout autre homme de la société civile objectivement réputé plus apte à apporter des solutions. Les habitudes ont ce pouvoir de nous maintenir malgré nous dans une situation pour le moins non-désirée, jusqu’à ce que l’on comprenne qu’il nous faut nous en affranchir et que l’on commence à agir en conséquence.

La nouvelle offre de Abdoul Mbaye est celle de l’espoir. L’espoir que le peuple prenne conscience qu’en choisissant un membre honnête et compétent de la société civile pour diriger le pays,  il ne perd rien sinon que les mauvaises habitudes et les mauvais comportements qui gangrènent la société. Un espoir à arroser et non à brûler, parce que les générations d’aujourd’hui et de demain ont besoin d’espoir et de modèles dignes de ce nom.

 

Ibe Niang Ardo

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